Un député suisse a interpellé le Conseil d’État de son pays sur le sujet jeudi. Sylvain Thévoz estime que les différents séjours du chef de l’État camerounais en Suisse portent ombrage à la ville de Genève, qu’il considère comme la capitale des droits humains.
A travers une “question écrite urgente” adressée au Conseil d’État, Sylvain Thévoz met en perspective, un certain nombre de faits pour attirer l’attention des autorités suisses sur le caractère “nocif” des multiples séjours du président camerounais sur le sol genevois. Il y dénonce le coût élevé que paie le contribuable camerounais à chacun de ces séjours, soit « 40 000 dollars (près de 22 millions de Francs CFA) pour une nuitée à l’intercontinental. Un montant qui n’inclue pas les frais d’avion.
Les dépenses du président Paul Biya lors de nombreux « voyages privés » à Genève ont fait l’objet de plusieurs scandales dont le plus retentissant a été suscité par une enquête de l’organisation OCCRP. Selon les données publiées en février 2018, le chef de l’État Camerounais, toujours accompagné de son épouse et d’une délégation forte d’une cinquantaine de personnes, a déjà passé plus de 1645 jours hors de son pays pour un montant de 65 millions de dollars (35 031 458 800 francs CFA).
Pour Sylvain Thévoz, le mal ne saurait être vu sous le seul prisme des pertes financières pour l’État du Cameroun. “S’il est établi que l’amour du président Paul Biya coûte cher, très cher au Cameroun, combien coûte t-il à Genève ?” demande t-il dans une lettre adressée au conseil d’État, évoquant l’impact sur l’image de la ville de Genève. “Comme député je suis mal à l’aise et de nombreux habitants le sont aussi depuis que Genève abrite des dictateurs en villégiature qui se sont enrichis en violant des principes dont Genève est le symbole et assure la défense dans le monde” a t-il confié samedi soir dans un entretien avec Journalducameroun.com.
“Nous nous sentons salis par cette présence qui nuit à l’image de la ville. Nous avons suivi attentivement les manifestations de citoyens camerounais ici à Genève dénonçant la présence de Biya sur le dos de son peuple et nous appuyons ces revendications légitimes” mentionne-t-il dans sa lettre avant d’appeler le Conseil d’état a répondre à ses préoccupations dans un délai de trois semaines (13 décembre). Faute de quoi, il pourrait fort bien accompagner les prochaines initiatives de manifestation des Camerounais de Suisse.