Franchement, la justice au Cameroun est complètement à la rue. Veut-on nous faire croire qu’extraire un condamné afin qu’il puisse comparaître à un procès en appel relève désormais d’un parcours du combattant ? C’est ce qu’a vécu Aboubakar Siddiki ce jeudi 21 juin 2018 à la Cour d’appel du Centre statuant en matière militaire.
Condamné à 25 ans de prison ferme fin octobre 2017 par le Tribunal militaire de Yaoundé pour « hostilité contre la patrie » entre autres, Aboubakary Sidiki, président du parti d’opposition Mouvement patriotique du salut camerounais (Mpsc), n’a pas pu être extrait pour prendre part à l’audience à la Cour d’appel du Centre à Yaoundé. Pourtant, un mandat d’extraction a été émis par le parquet militaire de Yaoundé. Pourquoi Abou Siddiki n’a-t-il pas pu comparaître ?
La réponse à cette question se trouve dans la nature des poursuites contre lui. Homme d’affaire et homme politique, Aboubacary Sidiki, après avoir subi toute sorte de maltraitances dans les locaux de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre), les services secrets camerounais, a été accusé, ensemble avec le notaire Me Harrissou Abdoulaye, d’avoir recruté des rebelles au Tchad, en RCA et au Soudan en vue de déstabiliser le Cameroun ».
Une farce de mauvais goût concoctée dans les laboratoires de la Dgre qui visait en réalité Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre et célèbre prisonnier politique camerounais. L’objectif de ce grossier montage était de faire passer Marafa pour un chef rebelle et aussi de fragiliser ce jeune homme politique qui commençait à émerger dans le Diamaré, largement acquis à la cause du pouvoir en place.
Lors de son procès au tribunal militaire, le parquet militaire n’a pas pu apporter la moindre preuve de ses accusations. Mais Aboubakar Sidiki a écopé d’une lourde peine de prison. Osons croire que le 19 octobre prochain, il pourra comparaître. Aboubakar Siddiki est un prisonnier politique défendu par le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P), une ONG basée à Paris en France.
Par Michel Biem Tong, Web journaliste