Que Paul Biya et Meva’a M’Eboutou expliquent aux camerounais ce qu’est devenu l’avion présidentiel
Et si cette affaire de l’avion présidentiel n’en était qu’une fausse, mieux une armée forgée pour détruire de l’ambitieux et du politiquement gênant ! En effet, il est clair au regard de l’exposé des faits par les différents protagonistes que c’est Paul Biya, président de la République du Cameroun et son oncle, Michel Meva’a M’Eboutou qui doivent des explications au Camerounais sur l’achat foireux de l’avion présidentiel.
D’abord, il convient de souligner que dès 1995, alors que se posait le problème du remplacement du Pélican (l’ancien aéronef présidentiel), le Cameroun était sous programme d’ajustement structurel avec le FMI et une telle dépense ne se justifiait pas. La preuve, après avoir rencontré courant 1998 les ambassadeurs de France et des USA pour l’achat de l’avion directement auprès des firmes Airbus et Boeing, le secrétaire général à la présidence de l’époque, Marafa Hamidou Yaya s’est vu opposer une fin de non recevoir.
La seule possibilité qui s’offrait donc au Cameroun c’était l’acquisition d’un avion par leasing (location-vente). Et c’est GIA international, l’un des loueurs d’avion de la Cameroon Airlines qui a été sollicité pour faciliter la transaction. Mais au cours de la réunion présidée le 17 août 2001 par le Sg/Pr, Marafa Hamidou Yaya, le ministre de l’Economie et des Finances de l’époque, Michel Meva’a M’Eboutou, oncle maternel de Paul Biya, s’y oppose fermement : « pas question que l’avion du chef de l’Etat fasse l’objet d’une hypothèque », objecte l’argentier national. C’est à partir de là que l’échec de l’acquisition de l’avion se noue.
Au cours de la réunion à laquelle prenait également part le Dg de la Cameroon Airlines, Yves Michel Fotso (nommé à ce poste en juin 2000 au moment ou la compagnie était en quasi faillite) et le chef d’état major particulier du chef de l’État, feu Benae Mpecke, il n’était pas question de faire verser 29 millions de dollars (le corps du délit réclamé à Marafa, Fotso et Cie depuis 2012) directement à Boieng par la Société nationale des hydrocarbures (la preuve, son directeur général n’a pas été convié à la réunion du 17 août 2001).
Cette somme, d’après ce qu’il a été convenu au cours de la réunion, devait faire l’objet d’une simple lettre de crédit (SBLC) de GIA à ses banques assortie des justificatifs de l’objet de la transaction.
Mais contre toute attente, Meva’a M’Eboutou instruit le 21 août 2001 le Dg de la SNH, Adolphe Moudiki, d’avancer au Trésor public la somme de 29 millions de dollars pour l’achat de l’avion présidentiel. Ce dernier (appelé de toute urgence alors qu’il se trouvait en congé) s’exécute en faisant virer cette somme des banques françaises de la Snh à la Bank of America dans laquelle le compte de GIA était logé. Qui a ordonné le virement de cette somme à Meva’a M’Eboutou ?
Au cours d’un face-à-face à l’audience du 31 juillet 2012 au tribunal de grande instance du Mfoundi, l’ex-Sg/Pr, Marafa Hamidou Yaya lui a posé la question de savoir si cet ordre était de lui, il a répondu qu’en tant que ministre des Finances, il n’avait pas besoin de quelque ordre que ce soit. Qui a introduit la SNH dans le processus de déblocage des fonds ? Entre la date de la réunion et celle de l’ordre de virement, le chef de l’Etat a reçu en audience le Dg de la SHN afin de le rassurer de ce qu’il devait intervenir dans la transaction. La suite, on la connait déjà.
Et les prisonniers politiques Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et Jean Marie Atangana Mebara dans cette affaire ? Interpol et le FBI ont investigué sur tous les comptes bancaires de GIA international au moment où cette dernière tombait en faillite en 2006. Les enquêtes ont fait état de ce qu’aucune de ces personnes n’a été bénéficiaire de quelque fonds que ce soit de cette société. Par ailleurs, au cours du procès du BBJ-2 en 2012, l’accusation a soutenu que le 12 octobre 2001, 16 millions des 29 millions de dollars destiné à l’achat du BBJ-2 ont fait chemin retour des comptes de GIA aux USA pour celui d’une entité appelé Beith Limited à la Commercial Bank of Cameroun. Beith Limited est une société de leasing d’avion dont Yves Michel Fotso était un ayant-droit économique.
Seulement, comment Bank of América pouvait-elle débloquer une telle somme en octobre 2001 alors que jusqu’en février 2002, elle attendait les justificatifs de la somme ordonné par Meva’a M’Eboutou qu’elle a reçu en août 2001 ?
Pourquoi Paul Biya a refusé le BBJ-2 alors que le 28 octobre 2002, il était déjà prêt à être livré ? Qu’est ce qui justifie ce passage subit du BBJ-2 à Albatros ? La réponse est simple. Alors que jusqu’à fin juin 2003, les transactions financières se poursuivaient entre le Cameroun et Boieng (GIA a été mis à la touche) au sujet du BBJ-2, Paul Biya décide d’abandonner cet aéronef prêt à l’emploi parce qu’il est à son goût trop exigû. Il y a aussi que le Fmi avait flairé un coup tordu que le Cameroun mijotait sur son dos. La menace d’être recalée à la course pour l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE a commencé à planer sur le Cameroun.
C’est ainsi qu’en juillet 2003, le chef de l’Etat instruit le Sg/Pr, Atangana Mebara, d’arrêter le processus d’acquisition du BBJ-2 et de chercher des voies et moyens pour acquérir un avion en location pour 3 ans en attendant que le Cameroun atteigne le point d’achèvement. Par conséquent, une mission comprenant un membre de l’état-major particulier du chef de l’Etat (colonel Mitlassou), un autre de l’Autorité aéronautique et un autre de la Camair séjourne chez Boieng à Seattle aux Usa en août 2003 pour l’acquisition en location simple de l’Albatros, un avion vieux de 17 ans longtemps exploité par les compagnies aériennes nationales brésilienne et malgache. Il convient de rappeler que l’opinion camerounaise et internationale ont été alarmées inutilement sur « les avaries » connues par cet avion lors de son vol inaugural d’avril 2004 de Yaoundé pour Paris.
Au cours de l’audience du 27 août 2014 au TCS, le colonel Charles Nouvelon Ndongue, témoin de l’accusation dans l’affaire du détournement de 5 millions de dollars reprochés à Atangana Mebara, a affirmé sans ambages que l’Albatros n’a jamais connu de problème majeur : « c’était juste un incident mineur qui a été très vite réglé. Puis je suis allé rassurer le chef de l’Etat que tout est rentré dans l’ordre, j’ai même reçu des félicitations de sa part ». Le colonel Ndongue, qui faisait partie de l’équipage de l’aéronef, a même ajouté que : « l’avion a continué de voler après cet incident ».
Qui a donc menti au chef de l’Etat au point de le convaincre d’abandonner l’Albatros parce qu’il était « pourri » ?
A l’aune des faits ci-dessus exposés, que ceux qui se demandent où est passé l’argent et l’avion du président évitent de se tromper de cible et s’adresse au bénéficiaire de l’aéronef pour l’avion et à son oncle Meva’a M’Eboutou pour ce qui est de l’argent.