Yaoundé Le 25 septembre 2017
Comme il l’avait promis en demandant le renvoi lors de la dernière audience du 15 septembre 2017, le Commissaire du Gouvernement, après avoir déroulé son accusation, va révéler sa nouvelle stratégie axée sur deux (02) éléments de preuves, à savoir:
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Une note du jugement du Tribunal Militaire de Garoua, dans laquelle le maire de Lagdo M. Mama Abakai est revenu sur les circonstances de son kidnapping mi-mars 2014 et les exigences formulées par les ravisseurs qui, selon lui, avaient demandé la libération de Aboubakar Sidiki leur chef supposé, en plus d’une somme d’argent.
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Et le procès verbal d’enquêtes préliminaires du service central des recherches judiciaires de la Gendarmerie nationale, auquel il aurait annexé les transcriptions des communications, les listings d’appels etc…qui avaient déjà été rejetés par le même Tribunal militaire de Yaoundé dans le cadre de la même affaire au cours de son audience du 19 février 2017 présidé par le juge IROUME
Les avocats des accusés dans leur ensemble ont soulevé avec force l’irrecevabilité de ces éléments une fois de plus en soulignant notamment leur illégalité.
Pour l”extrait du jugement de Garoua, ils se sont appuyés sur les articles 335 et 336 du code de procédure pénale camerounais qui énumèrent les conditions de forme auxquelles obéit un témoignage qui «doit être fait par une personne qui a assisté, vu, ou entendu»…et qui précisent que «le témoignage indirect écrit ne peut être accepté que si le témoin est décédé ou est dans l’impossibilité matérielle de déposer». Or ce n’est pas le cas de M. Mama Abakai dont le témoignage a été déclaré irrecevable par le même Tribunal militaire à la dernière audience du 15 septembre 2017. Et comme a notamment soutenu un avocat, le Tribunal a sorti le témoin de l’accusation par la porte et le Commissaire du Gouvernement l’a désespérément ramené par la fenêtre. Ce qui est simplement inadmissible.
Le juge a suspendu la séance vers 17h00 et momentanément arrêté les débats. L’audience a repris À 18H15 mn.
Mais au lieu de prononcer une décision sur l’irrecevabilité des éléments sus-indiqués soulevés par les avocats qui ont rappelé que c’est le juge lui-même qui les avait précédemment abandonnés. Ils ont également rappelé pourquoi ils ont été rejetés, puis évoqué les articles du code de procédure pénale camerounais qui n’avaient pas été respectés, et qui avaient amené le juge IROUME à les rejeter. D’autre part, comme l’a si bien souligné Maître MBUNY Jacques, le Commissaire du gouvernement a lui-même entériné le rejet des autres éléments (ordinateurs, téléphones, puces…) qui sont les contenants de ces transcriptions. Aussi comment peut-il demander de retenir leurs contenus? En effet c’est au vu du non respect des dispositions du Code Procédure Pénale qu’ils ont précisément été rejetés.
Les avocats ont dans le même ordre d’idées exigé que le procès verbal des enquêtes préliminaires soit également déclaré irrecevable, parce que c’est le copier-coller des Procès verbaux de la Direction Générale des Renseignements Extérieurs (DGRE) qui n’est pas habilitée à procéder à des enquêtes préliminaires de nature judiciaire, n’étant pas une instance d’officiers de police judiciaire (OPJ). Pour eux, il ne reste plus rien dans ce dossier judiciaire. Par conséquent il faudrait arrêter cet interminable procès et libérer enfin les accusés.
Les avocats de M. Aboubakary SIDDIKI ont par la même occasion pu expliquer et insister sur le fait que ce n’est pas de leur client qu’il s’agit en réalité dans ce procès, mais du général rebelle centrafricain Aboubakar SIDIKI – sans Y et avec un seul D. Celui cité abondamment dans les attaques en République Centrafricaine (RCA) continue pourtant à écumer les zones limitrophes du Cameroun à l’Est du pays notamment. Ils ont donné comme preuve un lien d’un site internet qui fait état d’une attaque récente qu’il a perpétrée le 23 septembre 2017, c’est-à-dire à peine deux (02 jours) avant cette audience.
La sorcellerie judiciaire continue donc de plus bel. C’est pourquoi il faut redoubler de vigilance dans l’éventualité d’autres grossières manipulations. La mobilisation doit être de tous les instants pour éviter précisément toute surprise désagréable face à accusation jamais à court d’imagination.
Fin d’audience: 19h00
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)