En effet comme vous pouvez le constater, l’affaire Harissou, au regard des chefs d’inculpation, relève exclusivement du rapport de force politique.
Comment peut-on ainsi accuser une personne – notaire de son état- de détention illégale d’armes alors qu’aucune perquisition n’a été effectuée ni à son étude ni à son domicile ni à un quelconque endroit supposé lui appartenir ?
Rappelons que Me Harissou est en détention depuis le 27 aout soit près de deux (02) mois de garde à vue. Depuis cette détention illégale un (01) mois dans les locaux des services de la DGRE, direction générale de la recherche extérieure), dix ( 10) jours dans les cellules du SED (secrétariat d’État à la défense)…et maintenant à la prison principale de Yaoundé, Me Harissou n’a fait l’objet jusqu’ici d’aucun interrogatoire ni de la moindre confrontation avec son co-accusé.
S’agissant de complicité d’assassinat, on peut se demander de quel assassinat il s’agit aucune précision n’ayant été apportée par la juge militaire. “Hostilité contre la patrie et révolution” voici des notions qui en disent long quant aux dérives autocratiques du pouvoir en place et qui ne sont pas sans nous rappeler les régimes dictatoriaux d’antan.
Le dossier de Me Harissou ne relève donc pas du droit. D’autant que ses droits les plus élémentaires sont bafoués depuis deux mois ne serait ce que par le respect de la garde à vue qui n’aurait pas du dépasser les les 48h reconductibles une fois. Pour sortir Me Harissou de ce guêpier, seules les pressions politiques et une mobilisation sans faille contre l’arbitraire du pouvoir seront de nature à aider à sa libération.
Pour ce faire, étant entendu que la société civile est quasi inexistante au Cameroun, nous aurons besoin des avocats capables de médiatiser cette affaire en montrant les outrances d’un pouvoir décadent. C’est cette campagne médiatique extérieure avec des acteurs de premier plan, tant politiques, intellectuels et autres qui pourra faire reculer le régime et sortir Harissou de ce bourbier. Car la garde à vue ayant été prononcée pour 6 mois elle sera à chaque fois reconduite afin d’éviter tout procès public.
Mobilisons-nous pour faire triompher le Droit sur un arbitraire moyenâgeux!
Quatre chefs d’accusation ont été retenus par le Tribunal Militaire de Yaoundé contre Messieurs Harissou et Sidiki:
– « outrage au président de la République (Paul Biya) »,
– « hostilité contre la patrie et révolution »,
– « complicité d’assassinat », et
– «port et détention illégale d’armes de guerre ».
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Par Eitel Elessa Mbassi, Le Jour
Sûreté de l’Etat. Le notaire sera poursuivi devant le Tribunal militaire de Yaoundé entre autres pour «outrage au président de la République».
Une information judiciaire a été ouverte hier, 21 octobre 2014 contre Abdoulaye Harissou et son coaccusé Aboubakar Siddiki. Deux magistrats militaires du Tribunal militaire de Yaoundé et un greffier se sont déportés vers 9h à la prison principale de Yaoundé où sont détenus le notaire et l’homme politique pour leur servir l’acte d’accusation. Un espace situé non loin de la mosquée de ce pénitencier ou ce qui en tient lieu a été transformé en cabinet d’instruction judiciaire pendant une vingtaine de minutes. Le temps de la notification des mis en cause en présence de leur avocat respectif, dont Me Jacques Mbuny et Me Sébastien Song.
Accompagnée du lieutenant Colonel Asse, commissaire du gouvernement (Procureur de la République) près le Tribunal militaire de Yaoundé, le chef d’escadron Aline Mbia Ondoua, juge dans cette juridiction, désignée pour mener l’instruction de l’affaire, a procédé à l’inculpation des accusés. Quatre chefs d’accusation ont été retenus contre ces derniers. Il s’agit de : « outrage au président de la République (Paul Biya) », « hostilité contre la patrie et révolution », « complicité d’assassinat », et « port et détention illégales d’armes de guerre ».
Il est notamment reproché à Me Harissou d’avoir «adressé des lettres à deux journalistes dans lesquelles il traite le chef de l’Etat d’incapable physique et politique ». L’accusation cite le nom d’un confrère employé dans un journal local qui a pignon sur rue et d’un enseignant de l’Esstic, qui, par le passé a exercé comme journaliste. Joint au téléphone, le premier cité dit n’avoir jamais été en contact avec Me Harissou, ni avoir reçu un tel courrier de la part du notaire. Quant au second, il avoue connaitre le notaire. « C’est un ami », se contente-t-il de dire. Le prof ne souhaite pas poursuivre la discussion par téléphone et propose un échange par mail ou une rencontre sur « rendez-vous » avec le reporter du Jour.
Soulèvement du peuple
D’ores et déjà, Me Harissou nie cette accusation qui lui est imputée et qui implique des hommes de médias. Encore moins celle selon laquelle il a demandé un « recrutement de factions rebelles au Tchad, en République centrafricaine et au Soudan pour déstabiliser les frontières avec le Cameroun et les institutions camerounaises ». Me Harissou doit également répondre d’une prétendue implication dans les attaques qu’il y a eu lieu à l’Est du Cameroun. Aussi, il devra se justifier sur « des discours qu’il aurait rédigés et dans lesquels il appelle au soulèvement du peuple », tel que présenté par l’accusation. Tout comme il devra se défendre sur la «tentative de modification des lois de la République par la violence » qui lui est attribuée. Me Harissou qui, dans la foulée de son inculpation a été placé en détention provisoire de six mois, sera convoqué dans les jours à venir devant le juge d’instruction Aline Ondoua Mbia pour s’expliquer sur chacun de ces griefs.
Mercredi, 15 octobre dernier, tel que le prévoit la loi, le ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o a délivré un «ordre d’informer » contre Harissou et Siddiki. Le document a été transmis au commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire. Celui-ci a préparé un réquisitoire introductif d’instance dans lequel les charges retenues contre Harissou et Siddiki ont été consignées. Ledit réquisitoire introductif d’instance a été soumis au président du Tribunal militaire de Yaoundé sur la base duquel il a désigné le juge d’instruction Aline Mbia Ondoua pour conduire l’information judiciaire.
Me Harissou est interpellé le 26 août dernier à Maroua dans les services du gouverneur. Ce jour-là, il est transféré à Yaoundé et conduit à la direction générale de la recherche extérieure (Dgre) où il passe un mois. Le 26 septembre Me Harissou et son coaccusé sont transférés au Sed. Après une semaine passée dans cette prison secondaire, ils sont transférés cette fois à la prison principale de Yaoundé.
Eitel Elessa Mbassi, Quotidien Le Jour