Huit mois après la mort du journaliste Jamal Khashoggi, un rapport de l’ONU publié mercredi 19 juin pointe « des éléments de preuves crédibles » pour incriminer des hauts responsables saoudiens, « y compris [le] prince héritier » Mohamed Ben Salman, dit « MBS ».
En conséquence, la rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires a appelé Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, à ouvrir une « enquête pénale internationale de suivi, sans qu’un Etat n’ait à intervenir ». Elle demande également que des sanctions financières soient prises contre les biens personnels du prince héritier.
Agnès Callamard, la rapporteure qui a dévoilé le rapport, indique que ces nouveaux éléments justifient « une enquête supplémentaire sur la responsabilité individuelle des hauts responsables saoudiens ». Au terme de six mois d’enquête, le rapport indique que « M. Khashoggi a été la victime d’une exécution délibérée, préméditée, d’une exécution extrajudiciaire dont l’Etat d’Arabie saoudite est responsable en regard du droit international lié aux droits de l’homme ».
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L’ONU demande l’ouverture d’une enquête par le FBI
Rapidement pointé du doigt après la disparition du journaliste, Ryad avait dans un premier temps nié le meurtre. Le royaume saoudien avait ensuite avancé plusieurs versions contradictoires, et soutient désormais que M. Khashoggi a été tué lors d’une opération non autorisée par le pouvoir.
La publication du rapport n’a pas modifié sa position. En réagissant sur Twitter mercredi 19 juin, le ministre saoudien des affaires étrangères n’y a vu « rien de neuf ». Le rapport contient « des contradiction évidentes et des allégations infondées, ce qui jette le doute sur sa crédibilité », a-t-il ajouté.
Sur Twitter, le ministre turc des affaires étrangères a immédiatement « appuyé avec force les recommendations » du rapport pour « élucider le meurtre de Khashoggi et demander des comptes à ceux qui en sont responsables ».
La rapporteure de l’ONU a mis en garde contre « l’importance disproportionnée accordée à l’identification de l’auteur du crime », soulignant que la justice ne doit pas uniquement établir la responsabilité de l’auteur physique du crime. Agnès Callamard a également demandé au FBI d’ouvrir une enquête sur le journaliste, qui était résident américain.
Exilé aux Etats-Unis, où il écrivait régulièrement pour le Washington Post, le journaliste a été assassiné le 2 octobre dernier au consulat général d’Arabie saoudite à Istanbul. Il était l’une des voix critique majeure sur l’Arabie saoudite, l’un des rares journalistes de la région à oser critiquer le puissant « MBS ».