Lors de sa récente conférence de presse à Yaoundé, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement s’est employé à démontrer que l’avocate franco-camerounaise méritait le sort qui lui a été réservé, en ne choisissant que les faits qui arrangent le pouvoir en place. Pourtant, à l’issue de cette conférence de presse, bien de points d’interrogations restent sans réponse.
Comme il fallait s’y attendre, il n’était pas question pour le gouvernement camerounais de laisser sans réponse les dénonciations de la presse française et de certains médias camerounais depuis la condamnation de l’avocate franco-camerounaise Me Lydienne Eyoum à 25 ans de prison pour malversations financières. Et comme d’habitude, le bébé a été refilé au ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary. Au cours de la conférence de presse du 3 octobre dernier, le porte-parole est revenu sur l’affaire Me Lydienne Eyoum, histoire de démontrer que sa condamnation s’explique bel et bien.
Mais le speech de M.Tchiroma est rempli de non-dits et de contre-vérités qui cachent mal l’embarras du pouvoir camerounais. C’est dire si le porte-parole du gouvernement s’est livré à un exercice assez périlleux. Le ministre déclare de prime abord qu’« après avoir contesté cette saisie qu’elle jugeait exorbitante, la SGBC finit par proposer un règlement à l’amiable, qui se solde par un protocole d’accord avec le Ministère de l’Économie et des Finances, pour le paiement à la liquidation de l’ex-ONCPB de la somme de 3 milliards 637 millions 972 mille 800 francs CFA ».
Protocole d’accord illusoire ?
Ce que le porte-parole du Gouvernement ignore est qu’il n’y a jamais eu de protocole d’accord entre le ministère des Finances et la Sgbc, comme l’ont fait remarqués le Secrétaire général du ministère des finances de l’époque feu Henri Engoulou et le directeur des affaires juridiques du Minfi, Ngwem Honoré, dans des correspondances adressées à la banque courant 2004. De plus, si le litige a été réglé en avril 2001 comme l’a souligné le gouvernement camerounais récemment, au nom de quoi l’avocate de l’Etat qu’était Me Eyoum a été mandatée par son client en décembre 2004 pour recouvrer le reliquat de l’argent détenu par la Sgbc? Paradoxal n’est-ce pas, monsieur le porte-parole du gouvernement ? C’est justement cette absence de protocole qui a justifié la seconde saisie des avoirs de la Sgbc en juillet 2004.
Au cours de cette conférence de presse, Tchiroma a omis de relever que Me Lydienne Eyoum n’a pas été associée à cet arrangement à l’amiable et qu’un avocat non constitué (Me Emmanuel Mbiam, pour ne pas le citer) proche du ministre des Finances de l’époque Edouard Akame Mfoumou, a touché des commissions s’élevant à des centaines de millions de F Cfa alors que, d’après Me Yondo Black, conseil de Me Eyoum : « il n’a posé aucun acte de palais dans cette affaire». Le ministre poursuit : «Me YEN EYOUM va d’abord verser l’intégralité des fonds du virement en provenance de la BEAC au titre de la seconde saisie-attribution, à savoir la somme de 2 milliards 155 millions 971 mille 808 francs CFA, dans son compte personnel N°01 001 206 676 900, ouvert dans les livres de la Standard Chartered Bank ».
Par la suite, l’accusée va procéder à un second virement représentant la moitié de la somme initialement reçue, vers le compte d’une certaine société OFALY SARL, B.P. 2820 Douala, dans laquelle elle avait droit de signature ; ce, en même temps qu’elle vire l’autre moitié au Trésor Public ». Calculette en main et sur la base des propos de M. Tchiroma, cela fait en somme 3 virements.
Détention préventive
Le ministre, sans doute dans une volonté de semer la confusion dans les esprits des Camerounais, s’abstient de leur dire combien Me Lydienne Eyoum a viré aussi bien au Trésor public que dans le compte de la société Ofaly. Mais il semble formel de ce que la totalité de la somme objet de la seconde saisie-attribution de juillet 2004 a été viré dans le compte personnel de l’avocate franco-camerounaise. Ce qui est sûr cependant est que Me Eyoum est accusé d’avoir détourné non pas 2 milliards 155 millions 971 mille 808 francs CFA mais 1 077 millions de F Cfa, soit la somme qu’il lui est reproché d’avoir gardé par devers elle après avoir reversé ce qui était dû à l’Etat.
Ce que Issa Tchiroma a omis de relever (et qui a d’ailleurs été reconnu par la Cour d’Appel du Littoral le 24 mars 2008) est que cet argent conservé par Me Eyoum représente non pas l’argent public, mais les dépends qui lui ont été conférés par une décision de justice rendue par le juge du contentieux du tribunal de première instance de Douala-Bonanjo le 21 décembre 2004. Une décision que le ministre a lui-même mentionné dans sa déclaration.
Le porte-parole du gouvernement est également revenu sur la détention arbitraire de Me Lydienne Eyoum. D’après lui, elle a respecté les délais prévus par le code de procédure pénale contrairement aux écrits des confrères français : «l’ordonnance de renvoi du Juge d’Instruction est donc intervenue dans les 18 mois prévus par le Code de Procédure Pénale».
Pourtant, d’après l’Article 554 du Code procédure pénale camerounais, « Le régime de l’emprisonnement se substitue de plein droit à celui de la détention provisoire dès que la décision de condamnation est devenue irrévocable ». Autrement dit, ce n’est qu’après la prononciation d’une condamnation et non pas après l’ordonnance de renvoi d’un juge que la détention préventive s’éteint. Pourtant, après les 18 mois de détention préventive prévus par la loi, Me Eyoum est resté en prison. Faut juste rappeler à l’attention d’un ministre qui ne l’a visiblement jamais ouvert, que le code de procédure pénale du Cameroun prescrit la libération du prévenu passé ce délai. Mais l’avocate camerounaise est restée en détention préventive. Ça aussi, le Gouvernement camerounais et son porte-parole n’en ont cure.
Source : Michel Biem Tong, Camer.be
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La réponse du groupe de soutien à Me Lydienne Yen Eyoum Loyse
Point de presse de M. Tchimora sur l’affaire de Me Lydienne Yen Eyoum.
Il aurait sans doute préféré la prison à vie mais se félicite de la peine infligée. Il développe en détail les arguments de l’accusation en s’abstenant de faire la moindre référence aux arguments de la défense.
Cela fait de ce monsieur un excellent procureur mais certainement pas un ministre de la communication. Un peu de retenue monsieur !
Qu’un ministre de la communication intervienne de manière aussi virulente, détaillée dans une décision de justice, qu’il tonitrue être indépendante semble paradoxal.
Vous n’avez pas à juger de nouveau !
Voila ci dessous une première réaction de notre groupe, nous reviendrons ultérieurement sur le détail de vos déclarations:
Monsieur Tchiroma, ministre de la communication, porte-parole du gouvernement,
Depuis la condamnation par un jugement inique du TCS le 26 septembre dernier vous n’avez de cesse de vous réjouir d’avoir incité les juges à condamner Me Lydienne Yen Eyoum par vos déclarations dans tous les médias nationaux et internationaux où vous disiez déjà qu’elle est coupable!
C’est vous par cette forte pression qui avez montré la voie à suivre à ce tribunal qui n’a fait que reprendre les divers communiqués gouvernementaux dans sa décision.
De quelle indépendance parlez-vous dans ces conditions?
Vous et vos juges qui ne tenez aucun cas des arguments à décharge qui ont été développés clairement et versées au dossier et versés au débats.
De quelle indépendance parlez-vous, vous qui ne cachez pas votre joie devant l’obéissance dont a fait preuve ce tribunal à l’orientation gouvernementale pour la condamnation de cette avocate qui a brillamment défendu les intérêts de l’État, celui de tous les camerounais pendant que vous et ceux de l’ombre applaudissent ceux qui l’ont spolié, la SGBC et ses complices, vos amis et protégés.
Réjouissez-vous donc de mentir publiquement, de tronquer toujours et toujours la vérité qui vous a pourtant explosé au visage lors de ce procès.
Réjouissez-vous donc de dire aux camerounais qu’ils ont beau crier, hurler, pleurer, perdre la vie, demander des comptes, leur opinion vous importe peu car seule la vérité venant de l’étranger vous fait bondir.
Réjouissez-vous donc, vous qui montrez ainsi aux citoyens camerounais votre mépris.
Et au cas où il vous arrive de lire, lisez donc la vraie version, celle de tous les accusés.
Et puisque vous vous réjouissez de cette “excellente” décision expliquez donc aux camerounais pourquoi le ministère public se pourvoit en cassation contre celle-ci!
Pour la condamnation à mort de l’avocate qui vous dérange?
Voilà la réaction du groupe à ce communiqué qui inonde les médias! Radios, télévisions, presse.
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Petit tour du geôlier en chef Laurent ESSO, en bonne compagnie suisse, au mouroir de Kodengui
Qu’a réellement pu voir Mme la conseillère fédérale en charge du Département de Justice et Police en Suisse, Simonetta Somaruga pendant sa visite guidée et sous bonne escorte de l’univers concentrationnaire de Kodengui? Peut-être nous affirmera-t-elle bientôt de sa confédération helvétique, que les prisons camerounaises sont aussi salubres et luxueuses que l’Hôtel intercontinental de Genève, dans lequel une suite est louée à l’année pour le tyran Paul BIYA et sa cour.
Mme la Vice-présidente Suisse aurait ainsi pu visiter certains camps de concentration Nazis sans y trouver à redire.
“un tour à Kondengui” titre Cameroun Tribune.
Par Lydienne Yen Eyoum
Un petit tour et puis s’en vont, comme toutes les marionnettes!
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On ne vous dit pas que tout a été caché. Belles photos. Mais la réalité quotidienne est tout autre, il n’a pas vu ce que nous publions aujourd’hui, les vrais photos, pas les simulacres, regardez, elles ont été prises au même endroit:
Quand M. Esso a quitté le quartier des femmes, il a traversé la cour centrale, il a du porter son regard vers la droite, vers les balcons, c’est le quartier du Kosovo. Il ne devait y voir personne. La vérité est dans les 2 dernières photos, ils sont tous descendus:
Bravo M. Esso pour cette visite, vous pourrez confirmer que vos prisons sont aux normes internationales, comme l’affirmait votre prédécesseur.
Mme Simonetta Somaruga, avec tout le respect que nous vous devons, ne vous fiez pas aux apparences, vous n’avez rien vu. Quant à apprendre un métier, donnez leur déjà de quoi manger, de l’eau, de l’électricité, des sanitaires … le minimum vital car à Kondengui la vérité est qu’on y meurt.
Mais M. Esso préfère faire la marionnette, un petit tour en effet, il n’en fera pas deux.”
Source: https://www.facebook.com/