Présidentielle au Gabon: la communauté internationale demande la transparence
assiste là à une explosion de violence et de colère de la part d’un peuple dont les droits ont été bafoués dans le cadre de ces élections, confie le député à RFI. Ce scrutin n’est ni sincère ni juste d’une certain façon. Il n’est pas sincère parce que les opposants ont transmis un certain nombre de pièces et l’on sait qu’il y a eu de graves tripatouillages dans l’organisation de cette élection... C’est ça que conteste aujourd’hui le peuple gabonais, du moins une partie ».
Les États-Unis et l’Europe demande plus de transparence
Les Etats-Unis ont de leur côté demandé au gouvernement gabonais de publier les résultats de chaque bureau de vote, rapporte notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet. « Cela aidera le peuple gabonais, de même que la communauté internationale, à avoir confiance dans le fait que le décompte des votes annoncé est bien juste », a affirmé le porte-parole du département d’Etat, John Kirby.
« Les élections doivent refléter la volonté du peuple de manière crédible », a-t-il poursuivi, en exprimant la vive préoccupation de Washington devant la tournure des événements après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. John Kirby a exhorté ceux qui contestent ces résultats à le faire « de façon pacifique » et en respectant le système légal. « Le Gabon se trouve à un moment critique. Il est temps pour tous les responsables politiques d’agir de façon à ce que ceux qui vivent au Gabon soient protégés », a-t-il déclaré. Sur son site, le département d’Etat qualifie ses relations avec le Gabon d’excellentes.
Ces demandes avaient été précédées par la mission d’observation de l’Union européenne, avant même l’annonce de ces résultats officiels. « Mais ce n’est pas la tradition dans le pays », explique le président de la Cenap, la commission électorale. Selon lui, la publication bureau de vote par bureau de vote est irréalisable.
Bruxelles avait déjà affirmé ce lundi que le processus électoral manquait de transparence. Elle précise mercredi soir que ces 60 observateurs n’ont pas pu assister à la séance finale des travaux de la Commission électorale.
[En direct] Gabon: le QG de Jean Ping pris d’assaut, deux personnes sont mortes
Par RFI Publié le 01-09-2016
Quelques heures après l’annonce de la réélection d’Ali Bongo à la tête du Gabon, le quartier général de son principal opposant Jean Ping a été pris d’assaut par les forces de sécurité, dans la nuit du mercredi 31 août au jeudi 1er septembre. Cette attaque aurait fait deux morts et plusieurs blessés selon Jean Ping qui n’est pas sur les lieux.
Cet article est régulièrement mis à jour.
L’attaque contre le QG de Jean Ping, situé près de l’échangeur Charbonnages s’est déroulée à la fois dans les airs par hélicoptère et au sol avec des bérets verts, la garde républicaine.
Ecoutez Jean Ping, joint par téléphone dans la nuit 01-09-2016 – Par France 24
« Aux environs d’une heure du matin le QG a été bombardé par hélicoptère et cerné au sol par des troupes de la Garde présidentielle, de la police et des mercenaires. Nous enregistrons deux morts et plusieurs blessés… », a expliqué Jean Ping, joint au téléphone par RFI cette nuit. « Ce scénario se répète depuis cinquante ans. La même chose. L’opposition gagne toujours les élections, mais n’accède jamais au pouvoir par les mêmes procédés, les mêmes procédés qui sont utilisés par un clan depuis cinquante ans et qui confisque le pouvoir. Vous savez que le pouvoir au Gabon, depuis cinquante ans, est entre les mains d’une famille et d’un clan. Et c’est un remake permanent ».
Informé de cet assaut, le candidat de l’opposition, qui assurait se cacher quelque part en lieu sûr, déclarait un peu plus tôt cette nuit : « C’est de la folie. Une folie meurtrière venue de quelqu’un qui veut s’accrocher au pouvoir par tous les moyens ». Il parlait bien sûr du président Ali Bongo réélu à la tête du pays.
De son côté, le porte-parole du gouvernement gabonais assurait cette nuit que l’assaut du QG de Jean Ping visait « des criminels » qui ont incendié l’Assemblée nationale. « Des personnes armées qui ont incendié le siège de l’Assemblée nationale se sont repliées au QG de Jean Ping en même temps que des centaines de pilleurs et de casseurs (…) Il ne s’agit pas de manifestants politiques mais de criminels », a déclaré à l’AFP Alain-Claude Bilie-By-Nze, porte-parole du gouvernement.
Deux morts et des blessés
Selon Jean Ping, l’assaut contre son QG cette nuit aurait fait deux morts et il y aurait plusieurs blessés. C’est un premier bilan établi de «source sûre» selon le candidat malheureux à l’élection présidentielle.
Lors de l’assaut, plusieurs militants et des ténors de l’opposition se terraient dans le bâtiment. Un cadre de la campagne de Jean Ping expliquait cette nuit à RFI que l’attaque aurait commencé aux alentours de minuit (temps universel) et déplorait des victimes.
Contacté par RFI, un membre de la Commission électorale (Cenap) qui se cache à l’intérieur décrit les assaillants : des militaires tirant à l’arme lourde. Il parle de M-16, de Famas. Jointe par téléphone, une militante cachée quelque part dans le QG murmurait que les soldats étaient entrés à l’intérieur du bâtiment et disait avoir vu des victimes avant que la ligne ne coupe.
Cité dans la nuit par l’Agence France-Presse, le candidat de l’opposition évoquait 19 blessés dans l’assaut, « dont certains très graves ».
RFI consacre ce jeudi matin une émission spéciale à situation post-électorale au Gabon. Ce sera de 5h30 à 6h (TU) puis de 6h30 à 7h (TU) sur notre antenne.
(Exclu RFI) Jean Ping: Ali Bongo doit «respecter la volonté du peuple gabonais»
Par Jean-Jacques Louarn Publié le 01-09-2016
Alors que son QG a été pris d’assaut dans la nuit, Jean Ping réfugié en lieu sûr, a été joint tôt ce matin par RFI. Selon le chef de file de l’opposition, deux personnes ont été tuées dans l’assaut et il y aurait à l’intérieur du bâtiment plusieurs personnes blessées. Les affrontements se succèdent depuis l’annonce des résultats hier en fin de journée, à Libreville et à Port-Gentil. Selon les chiffres officiels, le président sortant Ali Bongo a remporté le scrutin avec 49,80% des suffrages juste devant l’ancien ministre, aujourd’hui opposant, Jean Ping qui a obtenu 48,23%.
Le chef de file de l’opposition gabonaise commence par rappeler le fil des événements de la nuit.
Jean Ping : Dans la nuit, vers une heure du matin, des hélicoptères ont bombardé notre Quartier général, suivi d’une attaque au sol. Ils ont pénétré dans les locaux de notre Quartier général, ont tout cassé et ont obligé certains de nos militants à venir casser les voitures dehors… La Garde présidentielle, la police et les mercenaires veulent justifier leur attaque en disant qu’on brûlait des voitures. Puis ils ont pénétré à l’intérieur du Quartier général. Ils ont tout cassé.
RFI : Quel bilan avez-vous de cette attaque ?
Deux morts et plusieurs blessés. Le problème c’est qu’ils n’autorisent pas la Croix-rouge à pénétrer. Nous avons donc deux morts entre les bras et nos blessés qui pourraient encoure mourir.
RFI : Vous n’étiez pas à votre QG cette nuit. Vous êtes dans un lieu sûr ? C’est cela ?
Oui, je ne suis pas à mon QG, je suis dans un lieu que je peux considérer comme sûr. Mais nous avons à l’intérieur du QG plusieurs hautes personnalités qui dorment là parce qu’ils pensaient qu’ils étaient en sécurité.
Que dites-vous à cette heure à Ali Bongo ?
Ali Bongo doit comprendre qu’il ne peut pas éternellement se maintenir au pouvoir par les mêmes procédés : truquer, tuer, voler… Ils sont déjà au pouvoir depuis un demi-siècle ! ça fait cinquante ans que la famille règne. Et lui, il veut continuer comme ça. Ce n’est pas possible ! Il faut qu’il reconnaisse que nous sommes au 21ème siècle et que ça ne peut pas se passer, on ne peut pas entrer dans l’histoire à reculons. Il faut qu’il réalise qu’il doit respecter la volonté des urnes et la volonté du peuple gabonais.
Le Gabon va-t-il vivre des heures plus graves qu’en 2009 ?
Moi, je pense que c’est déjà plus grave qu’en 2009 ! Je pense que c’est déjà plus grave qu’en 2009.
Lancez-vous un appel au calme, Monsieur Ping, à tous ?
Quel appel au calme vous pouvez lancer ? Pour une population qui est déjà encerclée, tuée ? Nous sommes déjà dans la situation où on nous tue !
Que peut faire la Communauté internationale aujourd’hui pour le Gabon ?
Tout ! La Communauté internationale doit nous aider ! Parce que nous attirons l’attention de la Communauté internationale depuis deux ans !
Le Gabon est vraiment à un tournant de son histoire diriez-vous ?
Je crois… Je crois. Parce que – je vous le rappelais tout à l’heure – le pays est dirigé depuis un demi-siècle par une famille. La même famille. Et qui a toujours pensé qu’elle pourrait continuer à diriger le pays pendant encore un demi-siècle. Ce n’est plus possible, Monsieur ! Ce n’est plus possible ! Nous sommes au 21ème siècle ! Ce n’est plus possible…