Endettement :Le syndrome grec guette-il le Cameroun ?
L’analyse de l’économiste Eugène Nyambal, ancien cadre du Fonds monétaire international (Fmi).
Face à la baisse des recettes provoquée par la chute des prix du pétrole et à la guerre imposée par Boko Haram, le Cameroun a choisi une fuite en avant en décidant de s’endetter pour un montant de 1700 milliards (soit 50% de son budget qui représente 3746,6 milliards FCFA) pour financer les projets d’infrastructure en cours d’exécution. Ceci contraste avec les autres pays (Nigeria, Guinée Equatoriale, etc.) qui ont mis en place un programme de réduction des dépenses publiques.
Ce sont les générations futures qui devront payer la facture. Je suis sûr que dans un patriotisme de pacotille, cette majorité lâche, aujourd’hui inaudible et prompte à s’approprier des problèmes du monde entier, retrouvera de la voix pour accuser les créanciers de tous les maux (Banque mondiale, Fmi, Chine, banques occidentales) lorsque le Cameroun devra rembourser la dette.
Dans un pays meurtri par 20 ans de Politique d’Ajustement Structurel (1986-2006), « l’ensauvagement de l’endettement » ne provoque aucun débat au sein de la classe politique et de la société civile. Au vu drame Grec et de notre propre expérience, je ne sais pas qui a fait croire au chef de l’État que le Cameroun peut « s’endetter tout en préservant sa souveraineté économique et politique ».
Rien n’interdit à notre pays de s’endetter pour faire face à ses besoins. Il aurait fallu au préalable demander à chaque ministère de proposer un plan d’économies drastique, faire un plan d’urgence pour l’exécution du budget d’investissement en cours (dont la sous consommation est chronique), voir les nouveaux projets que l’on peut repousser compte tenu de la baisse des recettes et du coût de la guerre, mieux préparer les projets du plan d’urgence pour s’assurer qu’ils génèrent un impact suffisant pour permettre de rembourser la dette et d’accélérer la croissance et sur cette base, préparer un programme d’endettement mieux ciblé et plus rigoureux.
En réponse à l’endettement croissant de l’Afrique (marchés financiers, Chine et autres bilatéraux), la Banque mondiale et le FMI viennent de lancer un cri d’alarme sur les risques d’une prochaine crise de la dette. Le Cameroun se rapproche inéluctablement de cette zone dangereuse qui pourrait nous ramener dans les PAS et enlever aux prochains gouvernements la marge de manœuvre pour transformer notre pays de manière radicale et promouvoir la croissance et le plein emploi. Nous ne devons pas perdre de vue que le Cameroun est mal inséré dans le commerce mondial, il ne produit pas grand chose et il doit améliorer la qualité de la dépense publique pour qu’il y ait plus d’impact sur les conditions de vie de la population.
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cette irrésistible tentation d’accuser uniquement la France et le FMI
Qui sont ces “chefs d’état” illégitimes d’Afrique centrale (à l”exception notable de celui de la république centrafricaine), si ce ne sont précisément de simples “créatures” de la France???…
Les panafricanistes seraient plus inspirés à observer cette photo prise au terme du sommet extraordinaire de Yaoundé vendredi 23 décembre 2016. Après avoir bien identifié les deux personnalités caucasiennes aux deux extrémités, peut-être cesseront-ils d’instruire le procès qui fleurit dans les médiaux africains, après l’adoption du nouveau plan d’ajustement structurel de la zone CEMAC – même si il serait effectivement temps de faire flotter une vraie monnaie sous-régionale.
C’est avec étonnement que l’on peut dans le même temps constater la relative bonne santé des économies des pays d’Afrique de l’Ouest, soumises pourtant aux mêmes mécanismes monétaires avec la France que les pays de la zone Cemac.
Alors de grâce posons-nous enfin de bonnes questions en Afrique centrale, notamment celle d’une compétitivité économique qui ne semble pas ou plus s’accommoder avec une inertie politique et gouvernementale chronique dans nos pays. Quand partout ailleurs sur le continent et notamment dans notre voisinage immédiat l’alternance démocratique imprime un réel dynamisme dans la gouvernance économique.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Pour le cinéaste Jean-Pierre Bekolo, «Le FMI et la France veulent anéantir encore davantage les peuples africains sous le regard silencieux de tout le monde occidental complice»
“Chers Mme Lagarde et M. Sapin
Maintenant que votre institution le FMI et votre pays, la France viennent de signer avec des dirigeants de la CEMAC dont certains ont perdu les élections dans leur pays; des dirigeants qui ne seraient donc pas légitimes pour nous représenter, nous les peuples de cette Afrique Centrale à qui vous prêterez de l’argent pour faire face à une crise économique dont ces mêmes dirigeants sont en partie responsable; l’un d’eux était encore poursuivi par vos tribunaux il y a quelques semaines encore pour biens mal acquis, il serait décents Mme Lagarde et M. Sapin, que vous appreniez à avoir un peu de considération pour les peuples africains à qui vos institutions ont accordé très peu de valeur jusqu’ici.
L’une lors du premier ajustement structurel – PAS 1.0 – L’autre dans ces rapports dits de la franceafrique qui perdurent quel que soit le régime et dont la perversité et les effets négatifs sur nos peuples de cette Afrique centrale si riche mais si pauvre, qui reste à la traine du continent à cause de votre pays, la France.
La décence aurait été d’abord de trouver une manière de communiquer directement avec les peuples d’Afrique centrale (partis d’opposition, société civile etc.) tout au long de cette négociation et non de se réfugier derrière la langue de bois de ces régimes dits Républicains qui estiment qu’ils n’ont aucun devoir d’information et encore moins de compte à rendre à leurs peuples. Parce que ce sont les peuples d’Afrique Centrale qui vont payer ce montant d’une dette dont on ignore tout; le montant, les conditions etc. Des peuples qui ne sont jamais consultés, des peuples qui ont déjà tout sacrifié et à qui on demandera encore des sacrifices, les peuples d’Afrique Centrale auraient dû être cosignataires de cet accord.
Vous comprenez malheureusement Mme Lagarde et M. Sapin que nous ne pouvons qu’être en droit de penser sans exagération que votre démarche lors de ce que nous pouvons appeler le PAS2.0 malgré les belles phrases soit d’ordre à anéantir encore davantage les peuples africains sous le regard silencieux de tout le monde occidental complice… au nom du capitalisme.”
Jean-Pierre Bekolo, cinéaste