Afrique: Construire une culture de la médiation dans les États autoritaires
Dans les régimes autoritaires, la liberté d’expression politique est une zone trouble, en particulier si la concurrence politique aboutit à des résultats que les tyrans jugent inacceptables.
Le CL2P comprend que, à mesure que cette polarisation négative s’accroît, le respect de la liberté diminue. Ce qui crée inévitablement une culture trop toxique pour être tolérée, car ce type de culture ne sert qu’à fracturer davantage une société déjà déchirée.
Il existe également une tentation de détruire la liberté parce que la liberté peut, en fait, engendrer la division. Le débat peut et pourrait davantage diviser les citoyens en camps opposés : soit politiques, soit ethniques, et même religieux. Mais la suppression de cette même liberté étoufferait l’expérience démocratique. Cela constituerait un effort insoutenable et destructeur pour promouvoir l’ordre et le consensus ; surtout lorsque le consensus est à la fois impossible (car souvent indésirable) parce qu’ ethnique ou théocratique. Pour combattre cela, il faut élargir la participation publique avec plus de voix dans le débat public. Le pluralisme républicain et les institutions de médiation, comme le CL2P, aident précisément à empêcher que la division ne dégénère en violence et en chaos.
Parce que dans les pays fracturés, les organisations de défense des droits de l’homme telles que le CL2P ont grand besoin de prévenir la violence meurtrière par le dialogue, la civilité, et les pratiques de démocratie participative et directe par le biais d’un pouvoir décentralisé, avec des assemblées populaires et des conseils locaux. Cela vise à appréhender et tenir compte de toute notre véritable diversité, et de la placer au cœur de la gouvernance et du contrat social démocratique.
Ainsi, le CL2P depuis la modification de ses statuts en 2015 couvre en fait tous les pays du continent africain et au-delà, sur les questions de l’emprisonnement politique, de la détention arbitraire et des disparitions forcées. Le Cameroun, qui était et reste notre matrice de départ, laissera progressivement la place à d’autres pays, à l’issue de la décrispation du climat politique, de l’apaisement social, et de la détente entre les leaders d’opinions que nous souhaitons pour notre pays.
Le CL2P, par le biais de son président, Joël Didier Engo, comprend que cette lutte ne porte pas uniquement sur lui, mais sur notre avenir collectif. Il ne s’interdit donc pas d’intervenir et de faire la lumière sur les problèmes internes au Cameroun, en particulier sur les droits de l’Homme. Cependant, le CL2P ne veut plus subir la moindre influence du blitz permanent entretenu par les agents de propagande des deux principaux camps politiques qui s’affrontent depuis la dernière élection présidentielle contestée du 7 octobre 2018.
C’est le choix de la neutralité et donc de l’objectivité sur les positions politiques défendues par les différentes parties en compétition au Cameroun – tout en restant inflexibles face aux violations des droits de l’Homme.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
Building a Culture of Mediation in Authoritarian States
In authoritarian regimes, free political expression is a fraught area especially if political competition leads to outcomes tyrants find to be unacceptable. The CL2P understands that as this negative polarization increases, respect for liberty decreases creating a culture too toxic to tolerate because that kind of culture serves only to further fracture an already fractious society.
There is also a temptation to destroy liberty because liberty can, in fact, breed division. It presents an argument, and the argument can and will divide ordinary people into opposing political, ethnic and even religious camps. But the suppression of that same liberty would smother the democratic experiment. It would present an unsustainable and destructive effort to artificially promote order and consensus when consensus is both impossible (and often undesirable).
The proper way to counter impossible consensus is a republican pluralism that not only protects citizens against any forms of tyranny be it, majoritarian, ethnic, theocratic, is to expand public participation by bringing more people and more voices into the public square. Republican pluralism and institutions of mediation, like the CL2P, help to prevent division to degenerate into violence and chaos.
Precisely, in fractured countries, there are a great need of human right organizations such as the CL2P to prevent deadly violence through dialogue, civility and practices of direct democracy through decentralized power to people assembly and local councils to capture our real diversity and put it at the heart of governance and the democratic social contract.
Thus, the CL2P since the modification of its statutes in 2015, in fact covers all countries of the African continent and beyond on the issues of political imprisonment, arbitrary detention and enforced disappearances. Cameroon, which was indeed our starting matrix and remains, will gradually give space to other countries over the appeasement and relaxation of the political debate that we wish for our country.
The CL2P, through its president, Joel Didier Engo, understands that this fight is not only about him but our collective future. Hence, he does not forbid itself to intervene and shed light on the internal problems in Cameroon, particularly human rights. The CL2P, however, does not longer want to suffer the slightest influence from a constant blitz of propaganda agents of the two main political camps that clash since the last disputed presidential election of October 7, 2018.
This is the choice of neutrality and therefore objectivity on the political positions defended by the various parties competing in Cameroon – while remaining inflexible with respect to human rights violations.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P