L’ancien président américain Barack Obama prononcera le discours annuel de la Fondation Mandela en Afrique du Sud le 17 juillet, année du centième anniversaire de la naissance du premier chef d’État noir sud-africain. Selon son proche conseiller et ancien rédacteur de discours Benjamin J. Rhodes, l’ancien président considère cet événement comme le discours le plus important qu’il ait prononcé depuis son départ de la Maison-Blanche.
Un discours attendu tant sur le plan symbolique que politique
Le choix de Mandela et de l’Afrique du Sud est chargé de symbolisme pour Barack Obama à un moment où son successeur, le président Trump, démantèle son héritage politique, dénigre brutalement les pays africains et se plaint des lois qui protégeraient les immigrés issus de ces États. « Cela lui donne l’opportunité de soulever un message de tolérance, d’inclusion et de démocratie à un moment où il y a évidemment des défis qui se posent à l’héritage de Mandela dans le monde », a déclaré Benjamin J. Rhodes, ancien rédacteur de discours pour Barack Obama au New York Times en avril dernier.
Selon l’ancien bras droit du premier président noir des États-Unis, « Mandela a enduré des temps beaucoup plus sombres que tout ce que nous endurons aujourd’hui. »
« Cette année, on a hâte de recevoir le président Obama pour le discours annuel de la Fondation » à Johannesburg, a déclaré Sello Hatang, président de la Fondation Mandela chargée de garder vivant l’héritage du Prix Nobel de la paix. « Qui de mieux pour représenter l’héritage de Madiba [le nom de clan de Nelson Mandela] que celui qui, à nos yeux, s’est vu passer le témoin en devenant président de son pays ? » a-t-il ajouté. Chaque année, la Fondation Mandela confie à un invité de prestige le soin de prononcer un discours à l’occasion de l’anniversaire de Nelson Mandela, né le 18 juillet 1918 et décédé le 5 décembre 2013.
Parmi les précédents intervenants figurent l’ancien président américain Bill Clinton, l’ex-secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et le milliardaire et philanthrope américain Bill Gates. Après vingt-sept ans dans les geôles du régime raciste blanc, Nelson Mandela, icône mondiale de la lutte contre l’apartheid, était devenu le premier président noir démocratiquement élu de l’Afrique du Sud en 1994, poste qu’il a conservé jusqu’en 1999.
L’héritage de Mandela pour mieux comprendre les menaces qui pèsent sur les démocraties
Au-delà de la portée symbolique du discours que va tenir Barack Obama, l’ancien dirigeant veut surtout aider les générations futures africaines à mieux comprendre la nature des menaces qui pèsent sur les sociétés dites démocratiques aujourd’hui. Ces dangers ont été identifiés dans une étude intitulée « State capture » par l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique, basé à Johannesburg. De quoi s’agit-il ? C’est un ensemble d’études pays par pays – partant de l’Afrique du Sud, le Kenya, le Zimbabwe ou encore Madagascar, mais touchant aussi les pays européens et les États-Unis – qui met en exergue les risques que connaissent sur le plan démocratique ces différents États. Le détournement de fonds publics à des fins privées, mais aussi l’exploitation des peurs et des ressentiments qui conduisent de plus en plus d’États à faire le choix de politiques populistes.
Pour Obama, Nelson Mandela, icône de la lutte pour la libération et premier président de l’Afrique du Sud post-apartheid, représentait l’une de ses grandes références morales, avec l’ancien président des États-Unis Abraham Lincoln et le défenseur américain des droits civiques Martin Luther King. « Je fais partie des millions de personnes qui ont été inspirées par la vie de Nelson Mandela », avait alors confié Barack Obama. « Ma toute première démarche politique, la première chose que j’ai faite qui touchait à la politique, fut une manifestation contre l’apartheid. J’ai étudié ses paroles et ses écrits », avait-il dit.
À la mort de Nelson Mandela, Barack Obama s’était rendu en Afrique du Sud pour une cérémonie d’hommage au père de la « Nation arc-en-ciel » et apôtre de la réconciliation. « Il est difficile de faire l’éloge d’un homme… encore plus difficile de faire celle d’un géant de l’Histoire, qui a conduit une nation vers la justice », avait déclaré le président américain d’alors acclamé par la foule. Les deux hommes s’étaient rencontrés une fois, en 2005, à Washington.
Selon le New York Times, Barack Obama séjournera pendant cinq jours à Johannesburg en juillet pour des réunions et la formation de 200 jeunes en matière de leadership. Le programme Afrique de la Fondation Obama est une initiative d’une année qui vise à former des personnes pour des rôles dans le gouvernement, la société civile et le secteur privé. Ce qu’ils devraient apprendre de Mandela selon Barack Obama ? Ils doivent être prêts à soutenir les démocraties au milieu des troubles croissants créés par les migrations incontrôlées, les épidémies, la famine, les défaillances de l’État et les changements climatiques.
Par Le Point Afrique