Amnésie et violences parrainées par l’État à Yaoundé
Un an après la violente répression d’une manifestation pacifique de l’opposition réelle, l’État Camerounais apparaît dans une impasse politique totale, au risque d’implosion.
Nous nous souvenons à quel point il était effrayant d’assister à une attaque coordonnée mobilisant des hommes armés pour menacer directement l’opposition légitime, en prétendant faire respecter la “légalité républicaine” qui aurait été injustement et ouvertement violé par des opposants politiques assimilés à des agents insurrectionnels voire des terroristes. Ainsi, s’est installée une habitude toxique de résoudre les conflits politiques à travers un spectacle de destruction humaine sans scrupules et sans excuses, préparant l’inconscient collectif au règne recherché du chaos, du désordre, de la violence et à une exaltation d’enfreindre la loi et de briser les frontières sociales – avec une ambiance qui mélange à la fois la célébration, la fureur, la justification de la terreur dans l’extase totale.
D’où un gouvernement qui se transforme en une foule saturée d’émotions. La rage et la fureur, l’offense et l’indignation, la peur et la terreur – ce sont là des émotions qui peuvent instinctivement pousser les gens à la violence. Leur intensité sur le moment peut facilement créer une illusion de spontanéité, en particulier lorsque la couverture médiatique ne sonde pas et ne rend pas public le contexte délétère de cette violence d’état.
Dans tout cela, la question qui doit être posée est entre l’autodéfense et la violence d’état; et comment le régime de Biya brouille en permanence les lignes de démarcation à ce sujet.
En effet, le régime de Biya essaye fréquemment de persuader les camerounais ordinaires que leurs opposants politiques véritables sont violents, immoraux, menaçants, cruels et “antipatriotiques”. Par conséquent, la nécessité d’utiliser encore plus de violence pour défendre le pays est ainsi susceptible de trouver plus de résonance dans le pays.
L’histoire se répète ici encore avec les guérillas de la guerre d’indépendance.
Il est cependant étrange que ce qui semble être une évolution notable ces derniers temps soit précisément un véritable renversement des perceptions du pouvoir. Ceux qui incarnaient autrefois le pouvoir (le régime de Biya) se présentent désormais ouvertement comme les victimes de l’histoire, et ce faisant, ils s’approprient aussi le langage du radicalisme, de la résistance et de la position de la minorité. Pourtant demeure l’idée qu’il ne peut y avoir de différence entre les formes éthiques et contraires à l’éthique de d’une soi-disant violence maquillée en autodéfense qui n’est autre que la violence d’état.
Est-il donc vrai qu’il n’y a pas de différences éthiques entre l’autodéfense et la violence d’état au Cameroun ?
Ce qui est clair, c’est que l’histoire se répète à nouveau au Cameroun, qui s’avère un pays où l’État ne semble se souvenir de rien et est englué dans une politique d’immortalité obscène.
Car c’est le même état d’esprit et la même idéologie remontant à la guerre contre les “maquisards” qui sont en réalité passés à la vitesse supérieure, utilisant des mensonges, des distorsions et de faux outrages pour tenter d’occulter le sang des camerounais versé en permanence par le régime de Biya.
Nous ne pouvons et ne devons pas leur permettre de réécrire puis blanchir à nouveau l’histoire!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Amnesia and state sponsored violence in Yaoundé
A year after the violent crackdown on a peaceful demonstration of the opposition, the Central African state appears to be in a total political stalemate, at the risk of implosion.
We remember how scary it was to witness a coordinated attack mobilizing armed men to directly threaten the legitimate opposition and claiming to be enforcing a right to rule that has been unfairly and blatantly violated by their political opponents. Thus, a toxic habit to resolve political conflicts through a spectacle of righteous destruction without apology performing a readiness for chaos, disorder, violence, and an exhilaration from breaking the law and breaking down social boundaries — with a mood that mixes celebration, fury, vindication, and release.
Hence, a government turning into a mob saturated with emotion. Rage and fury, offense and indignation, fear and terror — these are emotions that can move people to violence. Their intensity in the moment can easily create an illusion of spontaneity — especially when news coverage does not probe and publicize the surrounding situation.
In all this, the question that must be asked is between self-defense and state sponsored violence and how the Biya regime is blurring the lines. Indeed, the Biya regime tries to persuade ordinary Cameroonians that their political opponents are violent, immoral, threatening and cruel. Therefore, the need to use even more violence to defend the country is likely to find more resonance in the country.
History repeats itself again here with the guerrillas of the war of independence.
It is strange, however, that what seems to be a notable development in recent times is precisely a true reversal of perceptions of power. Those who once embodied power (the Biya regime) now openly present themselves as the victims of history, and in doing so, they also appropriate the language of radicalism, resistance and the position of the minority. In doing so, the idea that there can be no difference between ethical and unethical forms of so-called self-defensive violence and state violence. Is it true that there are no ethical differences could between self-defense and state violence in Cameroon?
What it is clear is that history is repeating itself again in Cameroon which is a country where the state does not seem to remember anything and it is stucked into a politics of obscene immortality.
The same mindset and ideology going back to the war against the “maquisards” is always in high gear, using lies, distortion and fake outrage in an attempt to remove the blood on the Biya’s regime.
We cannot allow them to whitewash history again!
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P