Amnesty international a dénoncé, mardi 11 février, dans un communiqué une campagne de « répression » des autorités marocaines contre des voix critiques, avec une « vague d’arrestations et des poursuites arbitraires ».
L’organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits humains a répertorié depuis novembre 2019 au moins dix personnes arrêtées et condamnées à des « peines sévères » pour avoir critiqué sur les réseaux sociaux le roi Mohammed VI, des institutions de l’État ou des fonctionnaires.
Quatre d’entre elles ont été condamnées pour « offense au roi », la monarchie étant considérée comme « l’une des trois “lignes rouges” de la liberté d’expression au Maroc », rappelle Amnesty. Selon la Constitution du royaume, la personne du monarque est « inviolable ».
L’ONG rappelle ainsi les cas des youtubeurs « Moul Hanout » et « Moul Kaskita » condamnés à trois et quatre ans de prison pour avoir critiqué le roi ou des institutions de l’Etat.
Les condamnations d’un lycéen à trois ans de prison, d’un jeune rappeur à quatre ans ou encore les poursuites engagées contre le journaliste Omar Radi pour avoir critiqué un juge sont aussi listées par Amnesty.
« Libérez-les tous »
Les autorités marocaines « devraient abandonner les charges et libérer toutes les personnes poursuivies et condamnées pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression », a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, citée dans le communiqué.
Elles devraient aussi « cesser d’utiliser les dispositions archaïques du Code pénal pour criminaliser la liberté d’expression », a-t-elle ajouté.
Début février, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait elle aussi fait état d’une « campagne de répression » contre des internautes « qui n’ont fait qu’exprimer pacifiquement des opinions critiques ».
Une campagne baptisée #freekoulchi (« libérez-les tous ») a récemment été lancée sur les réseaux sociaux pour dénoncer les sanctions judiciaires contre des voix critiques des autorités.
Questionné à ce sujet, le porte-parole du gouvernement, Hassan Abyaba, avait affirmé en janvier que « la situation des droits humains ne connaît aucune régression au Maroc », appelant « à distinguer ceux qui s’expriment librement de ceux qui commettent des délits réprimés par la loi ».
Le Monde avec AFP