SITUATION DE CRISE DANS LES RÉGIONS DU NORD-OUEST ET DU SUD-OUEST
CONFÉRENCE DE PRESSE
PROPOS LIMINAIRE DE S.E.M. ISSA TCHIROMA BAKARY
MINISTRE DE LA COMMUNICATION
Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à cette rencontre à laquelle je vous ai conviés, pour faire le point sur la situation de crise qui continue de prévaloir dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
À la veille de ce 1er octobre, date anniversaire de la réunification de notre pays, le mouvement sécessionniste qui persiste dans son option de radicalisation, de violence et d’intimidation des populations, s’est donné pour programme d’instaurer un climat de rébellion contre les Institutions de la République, de fomenter des troubles sociaux, de commettre des assassinats ciblés, de perpétrer des attentats contre les forces de maintien de l’ordre et de créer des situations de provocation débouchant sur la répression.
Sous le prétexte de manifestations et de revendications prétendument pacifiques, les instigateurs de ce climat d’insécurité projettent d’utiliser de jeunes gens stimulés, fanatisés, passionnés et chauffés à blanc, comme chair à canon, face aux forces de sécurité.
Par un tel stratagème d’un cynisme à nul autre pareil, ils espèrent provoquer l’émotion des populations et s’attirer les faveurs de la communauté internationale dans ce combat illégitime qu’ils mènent contre la paix et l’unité nationale.
Ainsi, entendent-ils donner corps à leur funeste prémonition d’un génocide anglophone, dont les autorités seraient à la fois acteurs et responsables.
L’on entend dire que ce 1er octobre 2017 a été retenu comme jour de la proclamation de l’indépendance d’une certaine Ambazonie, née – mais seulement dans l’imagination de ses auteurs – sur les cendres des Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, pourtant parties intégrantes du territoire national.
À cette occasion, les édifices abritant les services publics seraient pris d’assaut par des hordes de manifestants, les autorités publiques mises à l’arrêt, les élus et les chefs traditionnels réfractaires aux thèses sécessionnistes destitués, les drapeaux de la République descendus et remplacés par des fanions sécessionnistes.
Tous ces appels à la sédition et à la mise à mort de jeunes innocents sont, comme vous le savez, lancés depuis l’étranger où vivent à l’abri de tout besoin et en parfaite sécurité, ces imprécateurs à la fois lâches et fantasques.
Comme ils le font depuis le début de cette crise, en terrorisant des familles entières et d’honnêtes commerçants à qui ils promettent mort et destruction de biens si jamais elles osaient braver leurs différents mots d’ordre de grève d’écoles, de villes mortes et autres formes de désobéissance civile, ceux-là qui ne rêvent que d’un Cameroun désuni et mis à sac, prennent la précaution de s’auto-garantir le bénéfice d’une vie sereine, paisible et douillette.
Mais le problème pour ces marginaux de mauvais aloi, c’est qu’en agissant de la sorte, ils achèvent de ruiner le résiduel de crédibilité qui aurait pu leur rester.
En proférant de la sorte leurs chimères et fantasmes, ils renseignent à suffisance sur leur irresponsabilité et leur déficit de grandeur.
Mais en faisant ce choix de la division et de la terreur, les sécessionnistes doivent être sûrs d’une chose : jamais un seul Camerounais digne de ce nom – qu’il soit anglophone ou francophone, qu’il soit chrétien, musulman, animiste et même athée, qu’il soit du Nord, du Sud, de l’Est et l’Ouest – jamais un seul Camerounais, dis-je, ne se laissera berner par l’illusion d’une telle utopie.
Chacun de nous, Camerounais à part entière, défendra jusqu’à son dernier souffle cet héritage inaliénable que nous ont légué les pères fondateurs de la Nation, et qu’ils ont bâti au prix de leur sang.
Car le Cameroun est une nation forte. Le Cameroun est un pays respectable et respecté. Il est géré avec fermeté, discernement et responsabilité par un homme de sagesse, en la personne du Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, Chef de l’État et Chef des Armées.
En l’espèce et face à l’option terroriste que viennent de prendre les acteurs de la sécession au Cameroun, le Gouvernement a pris la parfaite mesure de la menace qu’ils veulent faire peser sur son socle unitaire et sur les valeurs fondamentales de la Nation.
Le devoir de l’État est dans ces conditions, d’assurer la sécurité des personnes et des biens, de faire régner l’ordre et la tranquillité publics et de veiller au respect par tous, des lois et de la Constitution de la République.
Nos forces de sécurité, dont il convient de saluer l’efficacité et le professionnalisme, veilleront en tout temps et en tout lieu à préserver l’intégrité physique de nos compatriotes et celle de tous ceux qui vivent sur notre territoire,.
Les Institutions publiques seront en tout lieu et en tout temps protégées, et à aucun moment, ceux qui, au nom de la République, sont chargés d’assurer ces missions régaliennes, ne cèderont à la provocation de quelques égarés, en proie à une manipulation et à une instrumentalisation abjectes.
Le mot d’ordre est donc celui du retour à la sérénité, pour que la République continue sa marche vers l’émergence et la prospérité.
Et pour cela, le consensus est total dans notre pays. Comme un seul homme, leaders politiques de tous bords, chefs traditionnels, membres de la société civile, intellectuels, opérateurs économiques, jeunes ou moins jeunes, se sont levés pour dire « NON À LA SÉCESSION, NON AU TERRORISME, NON À LA VIOLENCE ».
OUI À LA PAIX, OUI À L’UNITÉ NATIONALE, OUI À LA TOLÉRANCE, OUI AU DIALOGUE.
Qu’il soit donc bien clair dans la tête des tenants de la thèse sécessionniste qu’il n’y aura pas de sécession au Cameroun, et que leur agenda de dislocation de notre volonté de vivre unis sera irrémédiablement mis en échec, du simple fait de la communauté nationale et républicaine.
Ce faisant, le Cameroun demeure et demeurera toujours une terre de tolérance et de dialogue. Et tant que ces valeurs seront préservées, tant que les lois et la Constitution de la République seront respectées, il y aura toujours de la place pour le dialogue. Il y aura toujours un espace privilégié pour la construction et la préservation de nos idéaux de paix, d’unité, de solidarité nationale et du vivre-ensemble.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
[spacer style="1"]
Ladies and Gentlemen,
I wish you all a warm welcome to this press conference to which I have invited you to update you on the crisis situation prevailing in the North-West and South-West Regions.
On the eve of October 1, the date marking the anniversary of the reunification of our country, the secessionist movement which persists in its option of radicalization, violence and intimidation of the populations has programmed to create a climate of rebellion against the Institutions of the Republic, to foment social unrest, to commit targeted killings, to attack the Forces of Law and Order and to create provoking situations leading to repression.
Working under the cover of protests and alleged peaceful demonstrations and claims, the instigators of this climate of insecurity plan to make use of some young people who are stimulated, fanatic, passionate and heated, like cannon fodder, against the security forces.
By means of such stratagem of uncommon cynicism, they hope to arouse the emotion of the populations and to attract the favors of the international community in their illegitimate struggle against peace and national unity.
In so doing, they intend to give substance to their fatal premonition of an Anglophone genocide whose authorities would be both actors and responsible.
It has been aired over the past few days that the coming October 1, 2017 would be retained as the day of the proclamation of the independence of a so called Ambazonie, born – but only in the imagination of its authors – on the ashes of the North-west and South-west Regions, yet integral parts of the national territory.
On this occasion, the buildings hosting public services would be attacked by hordes of demonstrators, public authorities sacked, elected officials and dismissed traditional leaders refractory to secessionist theses, the flags of the Republic brought down and replaced by secessionist flags.
All these calls for sedition and killing of innocent young people are, as you know, launched from abroad, where these cowardly and whimsical truants live, where they are free from any want and in perfect security.
As they have been doing since the beginning of this crisis, terrorizing entire families and honest traders to whom they promise death and destruction of property if they ever dared to defy their various calls for school strikes, ghost towns and other forms of civil disobedience, those who only dream of a disunited and sacked Cameroon, take the precaution to guarantee to themselves, the benefit of a serene, peaceful and cozy life.
Meanwhile, the problem for these outsiders is that by so doing, they finish ruining of what is left of the credibility that they might have been still enjoying.
But by making this choice of division and terror, secessionists should be sure of one thing: never will a single Cameroonian worthy of the name – whether Anglophone or Francophone, Christian, Muslim, animist and even atheist, from the North, South, East and West – never a single Cameroonian, I say, be fooled by the illusion of such utopia.
Each of us, full-fledged Cameroonians, will defend until the last breath, this inalienable heritage that the founding fathers of the Nation have bestowed to us and which they have built at the price of their blood.
For Cameroon is a strong nation. Cameroon is a respectable and respected country. It is managed with firmness, discernment and responsibility by a man of wisdom, in the person of the President of the Republic, His Excellency Paul BIYA, Head of State and Commander-in-Chief of the Army.
In this case, and faced with the terrorist option that this secessionist movement has just taken, the Government has fully grasped the threat they want to create on its unitary foundation and the fundamental values on which the national community is based.
The duty of the State is to ensure the security of persons and property, to ensure public order and tranquility, and to ensure that the laws and the Constitution of the Republic are respected by all.
Our security forces, whose efficiency and professionalism and sense of sacrifice must be hailed, will at all times and in all places ensure the physical integrity of our compatriots and of all those who live on our territory.
Public Institutions shall be protected at all times, and at no time shall those who, on behalf of the Republic, are entrusted with the task of carrying out these missions, give way to the provocation of a few who go astray and who are prey to abject manipulation.
The watchword is therefore that of the return to serenity, so that the Republic continues its march towards emergence and prosperity.
And for that, the consensus is total in our country. As a single man, political leaders of all stripes, traditional leaders, members of civil society, intellectuals, economic operators, young and not so young, rise to say “NO TO SECESSION, NO TO TERRORISM, NO TO VIOLENCE”.
YES TO PEACE, YES TO NATIONAL UNITY, YES TO TOLERANCE, YES TO DIALOGUE.
Let it be quite clear in the minds of the advocates of the secessionist thesis that there will be no secession in Cameroon and that their agenda of dislocating our will to live as one will be irremediably checked.
By so doing, Cameroon is and will always remain a land of tolerance and dialogue. And as long as these values are preserved, as long as the laws and the Constitution of the Republic are respected, there will always be room for dialogue. There will always be a privileged space for the construction and preservation of our ideals of peace, unity, national solidarity and living together.
Thank you for your kind attention.
[spacer style="1"]
Cameroun : Crise anglophone : Comment Paul Biya doit échapper à la Cour pénale internationale
Seuls un dialogue franc et sincère avec les militants de la cause anglophone ainsi que de nouveaux accords pour un Etat fédéral épargneront au régime de Paul Biya un procès à la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. Quelques clés que propose hurinews.com pour une sortie de crise.
L’heure est grave. A l’occasion du 56e anniversaire de la Réunification des Cameroun anglophone et francophone le 1er octobre prochain, le mouvement sécessionniste anglophone Southern Cameroon National Council annonce une série de manifestations dès ce samedi 30 septembre 2017 à Bamenda en vue de revendiquer une autonomie totale de la partie anglophone du Cameroun.
Sourd à tout dialogue franc et sincère depuis le début de la crise anglophone en octobre 2016, le régime de Paul Biya semble plutôt attentif au langage du tout répressif : arrestations, tueries, disparitions forcées, procès au tribunal militaire, détention, etc. Depuis quelques jours, l’on observe un fort déploiement des services de sécurité dans les deux régions anglophones du Cameroun.
Le 28 septembre 2017 à Ekona (sud-ouest anglophone), il y a eu affrontement entre les populations et les forces de maintien de l’ordre. Bilan : une femme du troisième âge abattue, des arrestations, intimidations et intrusion des forces de maintien de l’ordre dans les domiciles privés.
Concentration des pouvoirs
Depuis ce vendredi 29 septembre 2017, la région du Sud-Ouest anglophone est sous couvre-feu. Dans une lettre adressée le 26 septembre dernier au secrétaire général des Nations Unies, Antonio Gutierrez, Me Akere Muna, avocat d’origine anglophone, craint un génocide des Anglophones en préparation. Rien à faire. Le pouvoir de Yaoundé se radicalise.
Pourtant, un simple respect des lois qu’on s’est faites aurait évité au Cameroun cette crise qui couve depuis une cinquantaine d’année et qui risque de basculer vers une guerre de sécession au cas où les positions se durcissent. Les deux présidents qu’a connu le Cameroun que sont Ahmadou Ahidjo et Paul Biya en sont les principaux responsables.
La volonté quasi-obsessionnelle de concentrer tous les pouvoirs entre les mains d’un chef tout puissant a été plus forte que l’intérêt supérieur de l’Etat et des populations. Amadou Ahidjo a violé la constitution fédérale de 1961 en organisant en mai 1972 un référendum en vue de consacrer un Etat unitaire.
Avec la révision de la Constitution de janvier 1984 orchestrée par Paul Biya, le pays est passé de « République Unie du Cameroun » à « République du Cameroun », c’est-à-dire à l’appellation du l’ex-Cameroun sous-mandat français après l’indépendance du 1er janvier 1960. L’ex-Southern Cameroon se trouvait donc ainsi phagocyté. Les anglophones ont commencé à ressentir un sentiment de marginalisation.
Constitution fédérale
Oui, les camerounais d’expression anglaise sont marginalisés au Cameroun. Tous les postes stratégiques dans la haute administration sont occupés par les francophones. La plupart grands projets de développement sont menés dans la zone francophone, pour ne citer que ces quelques motifs de frustration. Les anglophones ont donc le sentiment d’avoir été floués par un pouvoir majoritairement francophone.
Incommodés par une hypercentralisation du pouvoir qui ne cadre pas avec le « self government » qui caractérise la culture politique anglo-saxone héritée du colon anglais, conscients du fait que les hauts fonctionnaires de Yaoundé veulent s’accaparer toutes les richesses du pays au détriment des régions, les Camerounais d’expression anglaise revendiquent au mieux le retour au fédéralisme, au pire la sécession. Le pouvoir de Yaoundé, pour sauver la face, a intérêt à dialoguer.
Seul le dialogue entre le gouvernement et les militants anglophones (quels qu’ils soient) permettraient de sortir de cette crise. Le dialogue pourrait consister en une autre conférence (similaire à celle de Foumban de février 1961) sous l’égide des Nations Unies qui se conclura cette fois-ci par des accords écrits.
Statut de Rome
De ces accords sera élaborée une nouvelle constitution fédérale qui accordera de larges pouvoirs aux Etats fédérés. Contrairement à la loi fédérale de 1961 taillée à la mesure d’Amadou Ahidjo qui attribuait l’essentiel des pouvoirs au gouvernement fédéral. Dans une résolution prise en 2009, la Commission africaine des droits de l’homme prescrivait déjà au gouvernement camerounais le dialogue avec les mouvements sécessionnistes, à condition que ces derniers se muent en partis politiques.
Mais le régime de Yaoundé ne veut absolument pas s’y faire et semble avoir choisir de « casser de l’Anglophone », comme l’y incite d’ailleurs certains organes de presse qui lui sont proches. Mais qu’on s’en souvienne : la non-ratification du Statut de Rome de 2002 portant création de la Cour pénale internationale ne préserve pas Paul Biya, ses soutiens indéfectibles et « sécurocrates » de poursuites judiciaires devant ladite Cour pour crimes contre l’humanité.
En effet, le paragraphe 3 de l’article 12 du Statut dispose que : « si l’acceptation de la compétence de la Cour par un État qui n’est pas Partie au présent Statut est nécessaire …, cet État peut, par déclaration déposée auprès du Greffier, consentir à ce que la Cour exerce sa compétence à l’égard du crime dont il s’agit ».
Avis donc à ceux qui appellent aux massacres de la minorité anglophone. Le jugement de la CPI pourrait leur être fatal au cas où le pouvoir change de main.
Michel Biem Tong