Anticipation et théâtre en ruines au pays du Vieux Nègre
Par Pr. Olivier J. Tchouaffe, Membre fondateur de l’ICL2P et Porte-Parole du CL2P
Dans le cinéma d’anticipation cher à notre cinéaste national, Jean-Pierre Bekolo, le projet conscient de l’artiste peut aller au-delà des intentions de l’auteur dans sa volonté d’atteindre la plus grande vérité possible. C’est pourquoi si une œuvre d’art nous dit ce que nous savons déjà, elle ne sert à rien.
En réalité, l’artiste est un médium, un chaman, un intermédiaire entre le monde visible et invisible, ainsi qu’un guérisseur que le savant français, Bernard Stiegler, appelle « Pharmakon » qui signifie aussi bien la maladie que le médicament.
C’est qu’en matière d’art, ce n’est ni l’ego ni la subjectivité de l’auteur qui est le plus intéressant mais la dimension objective qu’il essaye, malgré ses propres limites, d’atteindre. C’est le noyau initial de vision ou d’intuition inscrit au cœur de l’œuvre, et la seule méthode que nous avons trouvée pour essayer de rendre lisibles ses déploiements particuliers, intellectuels ou thérapeutiques, c’est la méthode exégétique.
C’est en ce sens que la figure du vieux nègre de l’écrivain Ferdinand Oyono dans «Le vieux nègre et la médaille » est une figure prophétique. Meka a anticipé l’humiliation du Cameroun et des Camerounais par les proches parents et collaborateurs du dictateur Paul Biya
En effet ces profiteurs de la tyrannie voudraient faire croire à des millions de Camerounais qu’un homme de 89 ans jouirait encore de toutes les capacités intellectuelles et physiques nécessaires pour diriger un pays comme le Cameroun…
Que NON
M. Essomba, consultant récemment limogé de Vision 4 a eu le mérite et surtout le courage d’éclairer ses compatriotes sur cette question de bon sens.
Car Paul Biya n’est pas un surhomme et est désormais trop diminué pour exercer y compris à temps partiel les fonctions aussi exigeantes que celle de Chef de l’État.
Tout le reste participe au fond du contrôle anticonstitutionnel et médiatique du pouvoir suprême par des proches parents et collaborateurs à travers de grotesques et humiliantes mises en scènes qui ne trompent en réalité plus personne.
Dans Le 18 brumaire, Karl Marx écrit que l’histoire se répète, d’abord comme une tragédie, puis comme une farce. Le Vieux nègre de Ferdinand Oyono était une tragédie qui tourne maintenant à une farce de mauvais goût au Cameroun. Cette idée d’imposer un culte d’immortalité obscène au pays est une illusion majeure pour un homme qui n’a aucune chance d’échapper à sa propre horloge biologique.
En effet, le culte de l’immortalité obscène est un fléau et un jugement sur des rois impies et des chefs pécheurs. Il est une tendance vraiment ancienne de la pensée religieuse, remontant jusqu’aux ténèbres de la préhistoire et opposant Moïse au pharaon, mais aucun d’eux n’a jamais atteint la terre promise.
M. Biya ne le fera pas non plus.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, Membre fondateur de l’ICL2P et Porte-Parole du CL2P
Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques ICL2P / CL2P
Video: https://www.youtube.com/watch?
English version
Anticipation and theater in ruins in the land of the Old Negro
By Olivier J. Tchouaffe PhD, Fellow Member of the ICL2P and Spokesman of The CL2P
In the anticipation cinema dear to our national filmmaker, Jean-Pierre Bekolo, the conscious project of the artist can go beyond the intentions of the author in his desire to reach the greatest possible truth. This is why if a work of art tells us what we already know, it is useless. In this sense, the artist is a medium, a shaman, an intermediary between the visible and invisible world, as well as a healer that French scholar, Bernard Stiegler, calls “Pharmakon” which means the disease and the medicine as well.
it is that in art, it is neither the ego nor the subjectivity of the author that is the most interesting but the objective dimension that he tries, despite his own limitations, to reach. It is the initial core of vision or intuition inscribed in the heart of the work, and the only method that I have found to try to make its particular deployments, intellectual or therapeutic, legible, is the method exegetical.
It is in this sense that the figure of the old negro by Ferdinand Oyo is a prophetic figure.
Meka anticipated the humiliation of Cameroon and Cameroonians by the close relatives and collaborators of dictator Paul Biya
Indeed, these profiteers of tyranny would have millions of Cameroonians believe that an 89-year-old man would still enjoy all the intellectual skills and physical abilities necessary to lead a country like Cameroon…
That’s No…
Mr. Essomba had the merit and above all the courage to enlighten his compatriots on this matter of common sense.
Paul Biya is not a superman and is now too diminished to exercise, even on a part-time basis, such demanding functions as that of the Head of State.
Everything else is part of the unconstitutional and media control of the supreme power by close relatives and collaborators through grotesque and humiliating stagings that in reality no longer deceive anyone.
In the Eighteenth Brumaire, Karl Marx writes that history repeats itself, first, as a tragedy and then as a farce. Ferdinand Oyono’s The Old Negro was a tragedy that is now turning into a bad taste of a farce. This idea of forcing a cult of obscene immortality on the country is a major delusion for a man who has no chances to escape his own biological clock.
Indeed, the cult of obscene immortality is a plague and a judgment upon impious kings and sinful chieftains is a truly ancient strain of religious thought, stretching all the way back into the darkness of prehistory and pitting the like of Moses to the pharaoh but neither of them ever made it to the promised land nor Biya would.
Olivier J. Tchouaffe PhD, Fellow Member of the ICL2P and Spokesman of The CL2P
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P