Le président Paul Biya qui n’était plus sorti du Cameroun depuis les violents incidents de Genève, début juillet 2019, a quitté Yaoundé mardi (08.10.2019) sur invitation du président français Emmanuel Macron.
Une visite, en marge de la conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, au cours de laquelle les deux chefs d’Etats ont prévu évoquer la mise en œuvre des conclusions du grand dialogue national au Cameroun.
Au même moment, le pouvoir de Yaoundé propose par la voix de l’un de ses cadres, un plan Marshall pour la reconstruction des régions anglophones.
Le directeur des organes de communication du parti au pouvoir, le RDPC, également directeur général du palais des congrès de Yaoundé où s’est tenu le dialogue national, demande directement l’aide financière de la communauté internationale.
“La communauté internationale devra aussi, si elle aime le Cameroun, accompagner le Cameroun dans la reconstruction, imaginer, pourquoi pas, un plan Marshall pour les deux régions du Cameroun, et l’ensemble des régions du Cameroun qui elles aussi aspirent au bien-être. Le bien-être, c’est en fin de compte ce dont le peuple a le plus besoin.”, a déclaré Christophe Mien Zok.
En parlant de la communauté internationale, le cadre du RDPC pense d’abord à l’Union européenne, premier partenaire de coopération du Cameroun. Christophe Mien Zok affiche pour cela un mea culpa rare pour le pouvoir politique au Camerounn.
“Nous nous sommes fait du mal. La reconstruction ne se fera pas s’il n’y a pas d’abord réconciliation. C’est nous-mêmes qui avons détruit ce que nous avons si difficilement construit, avec nos maigres ressources. Ce n’est pas des gens qui sont venus de l’extérieur qui ont brûlé les hôpitaux, qui ont saccagé des écoles, qui ont vandalisé des routes. C’est nous-mêmes. Eh bien, nous-mêmes, nous devons faire les sacrifices pour reconstruire.”, insiste-t-il.
L’appel à un Plan Marshall sera-t-il alors entendu ?
Quatre jours avant la convocation du dialogue national, l’ONU a octroyé un fond de dix milliards de dollars pour un soutien au pouvoir de Yaoundé.
Du côté de l’Union européenne, on confie qu’il y a deux ans, le soutien financier s’établissait à 32 milliards de francs CFA pour la lutte contre Boko Haram au Cameroun.
Et pour le géo-stratège Ntunda Ebode, il est évident que tout ne pourra pas facilement se mettre en place, à cause notamment de l’insécurité :
“Ceux qui luttent pour un certain nombre de droits qui leur étaient intimement liés depuis le passage des Britanniques peuvent déposer les armes. Mais on ne doit pas oublier qu’aujourd’hui, ce n’est plus seulement une affaire de sécessionnistes. Il y a des bandits, il y a des mercenaires, il y a des gens qui se sont impliqués pour se faire de l’argent. Mais c’est la communauté internationale qui a décidé de cette reconstruction.”, estime Ntunda Ebode.