Six jours après que cette « chose » épouvantable se soit produite à l’hôpital Laquintinie de Douala, on attend que justice soit rendue à Monique et à ses bébés. Six jours qu’on attend en vain que quelqu’un reconnaisse sa responsabilité. Six jours qu’on attend la décision de l’autorité qui a le pouvoir de nommer ou de démettre le ministre de la Santé publique ainsi que les directeurs des hôpitaux concernés. Six jours qu’on attend que le garant de la sécurité des Camerounais se prononce, envoie un signal, donne tort à ceux qui ont désespéré de nos gouvernants.
Au delà des responsabilités individuelles, on attend en vain qu’en bon père de famille, le chef élu du pays compatisse, apaise, agisse. Qu’il signe un décret, que tout le monde applaudirait, pour instaurer la gratuité de la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement. Peut-être même pourrait-on le généraliser à tous les soins gynéco-obstétrique. Ce serait une goutte d’eau dans l’océan de réformes dont l’urgence est signalée mais un bon début quand même. Ce pays a les moyens de financer une telle mesure. Quelqu’un peut-il rappeler le président à ses devoirs?
Il est vrai qu’à l’heure de la société du spectacle, il faut prendre garde à confondre vitesse et précipitation, modération et indécision. Dans certaines circonstances, il est judicieux de prendre son temps pour décider. Mais, mes amis, lorsqu’une telle horreur entache à ce point l’image de tout un pays, il est urgent d’agir ! Après le décès du docteur Ngo Kana et de Monique Koumaté, que faut-il de plus pour arrêter cet interminable scandale que sont devenus nos hôpitaux mouroirs ? Que faut-il de plus quand il est établi que cet hôpital financé avec l’argent public a fermé ses portes à une femme enceinte en détresse alors que, même sous les bombardements de Bachar Al Assad, les soignants des hôpitaux syriens se dévouent à leur noble métier?
Quelqu’un peut-il dire au président notre exaspération ? A-t-il conscience que pendant qu’il prend son temps, d’autres drames se nouent ? Sait-il que les plus modérés de ses concitoyens perdent patience ? Et qu’en s’abstenant d’une réaction qui soit à la hauteur du retentissement planétaire de cette affaire, il donnerait raison à ceux qui font de lui le principal responsable de l’impunité, de la médiocrité et de l’irresponsabilité? Quelqu’un peut-il lui dire que ce pays aspire tout simplement à être gouverné ?
Par Georges Dougueli, Journaliste