Surtout n’attendez pas qu’il fasse allégeance à une dictature crapuleuse, juste pour courir après une décoration et des agapes présidentielles.
Ce talentueux jazzman Américano-camerounais a le mérite de soulever – à sa manière à lui
– le problème de l’inégalité et de l’injustice devant la nationalité au Cameroun (la double admise uniquement pour certains et interdite à tous les autres). Cela aurait pu ou dû emporter l’adhésion et le soutien immédiats de tous ses compatriotes, sous des cieux plus démocratiques.
Au Cameroun que non!
La machine à dénigrement et à médisance s’y est immédiatement mise en branle contre lui…Et certains thuriféraires et sympathisants du régime de Yaoundé s’évertuent désormais à le comparer avec son illustre et ô combien respectable aîné Manu Dibango qui n’a pas lui (hélas), souvent su se tenir à très bonne distance artistique de la dictature en place en réalité au Cameroun depuis plus de 50 ans.
Cela n’a évidemment pas écorné son talent artistique, ni d’ailleurs brouillé sa renommée internationale. Et tant mieux!
Qu’en serait-il dans notre monde intégré d’aujourd’hui? Personne ne sait bien-sur avec précision. Tout au plus pouvons-nous constater que la notoriété artistique internationale et les retombées qu’elle génère s’accommodent de moins en moins avec le soutien officiel ou la proximité affichée avec les dictatures.
En effet ce qui était jusqu’ici permis au Franco-camerounais Manu Dibango ne le sera plus forcément avec l’Américano-camerounais Richard Bona. L’époque où les artistes de renom pouvaient fréquenter les dictateurs et leurs proches, dans une certaine insouciance, semble aussi derrière nous. Y compris en Afrique et au Cameroun.
Joël Didier Engo