Rien à voir en effet avec l’étrange banalisation des attentats terroristes dans l’extrême nord du Cameroun, qui semblent ne plus émouvoir personne dans ce pays, ni susciter la moindre réaction officielle des autorités.
Pourquoi faudrait-il d’ailleurs que ces dernières se montrent solidaires? Puisque les victimes semblent si lointaines du centre névralgique du pouvoir de Yaoundé: souvent musulmanes de confession, issues d’une ère géographique et culturelle perçue moins docile par les principaux décideurs politiques camerounais.
Ainsi s’est donc progressivement installée dans les têtes, l’idée d’une partition “terroriste” du Cameroun; partition que la dictature en place a opportunément étendu aux deux régions anglophones, au motif que ses ressortissants n’en peuvent plus avec leur statut de citoyens de seconde zone.
Mais ne dites rien! Au risque d’essuyer les foudres des autoproclamés camerounais authentiques et patriotes exclusifs qui crient aussitôt au complot international, puis à l’atteinte à la souveraineté nationale dès la publication du moindre rapport d’une ONG faisant état de graves atteintes aux droits humains, aux manifestations des activistes anglophones devant les représentations diplomatiques du Cameroun à l’étranger; au cris d’alerte lancé par le président malgache de la confédération africaine de football sur l’insuffisante préparation du Cameroun pour la CAN 2019, etc…
C’est entendu: la terre entière en veut au pays de Paul Biya.
Alors même que le despote camerounais fait un usage uniquement propagandiste et politique de la nécessaire lutte contre le terrorisme, au mépris des victimes camerounaises abandonnées à elles-mêmes.
La solidarité Burkinabé, africaine et mondiale – notamment à l’issue de l’attentat perpétré hier à Ouagadougou – force le respect.
Joel Didier Engo, Président du CL2P
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Attaque meurtrière au Burkina Faso : l’opération contre les assaillants « a pris fin »
D’après un bilan provisoire fourni par le gouvernement, au moins 18 personnes ont été tuées et une dizaine d’autres blessées dans l’attaque d’un restaurant de Ouagadougou.
L’opération des forces de sécurité contre les assaillants présumés d’un café-restaurant de Ouagadougou « a pris fin », a annoncé, lundi 14 août, le ministre de la communication burkinabé, Remis Dandjinou. Des opérations « de quadrillage, de vérification des maisons avoisinantes » se poursuivaient, a précisé le ministre lors d’un point de presse, en avançant un bilan de « 18 décès » et la « neutralisation de deux terroristes ». Une dizaine de personnes ont également été blessées. Un Turc figure parmi les victimes, selon le ministère des affaires étrangères turc, mais les nationalités des 17 autres restent encore inconnues.
L’attaque terroriste a eu lieu dans la soirée du dimanche 13 août, dans un café-restaurant de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, d’après le bilan provisoire fourni par le gouvernement. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais les autorités semblent croire à une offensive djihadiste.
Le ministre de la communication a confirmé lundi matin que « des personnes ont été retenues » par les assaillants, et que « certaines ont été relâchées », mais sans donner plus de détails. Un officier de l’armée avait évoqué plus tôt une « prise d’otage ». Le maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, le ministre de la sécurité, Simon Compaoré, et le ministre de l’énergie, Alpha Oumar Dissa, sont arrivés sur les lieux. Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a condamné lundi un « attentat ignoble » et affirmé que son pays résisterait au « terrorisme ».
Clientèle expatriée
En France, le ministère des affaires étrangères a invité les Français présents sur place à « éviter le secteur du restaurant ». L’ambassade, qui est en contact permanent avec les autorités locales, n’a, pour l’instant, pas fait savoir si des Français se trouvaient parmi les victimes.
L’établissement a été attaqué aux environs de 21 heures, heure locale. Les détails restent flous. « Trois hommes sont arrivés à bord d’un 4 × 4, sont descendus du véhicule et ont ouvert le feu sur les clients assis en terrasse » de ce café fréquenté par une clientèle expatriée, a raconté un des serveurs à l’Agence France-Presse (AFP). Mais Guy Ye, un capitaine de police cité par AP, parle, lui, de trois ou quatre assaillants à moto.
« J’étais dans le restaurant pour l’anniversaire de mon frère quand la fusillade a éclaté, a déclaré une cliente du restaurant à l’agence Reuters. J’ai fui, mais mon frère est resté à l’intérieur. »
La police a évacué des civils avant l’arrivée de l’armée et de la gendarmerie qui ont tout de suite lancé l’assaut, et les tirs, nourris au départ, sont ensuite devenus sporadiques, selon un journaliste de l’AFP sur place.
« Actuellement, nous sommes débordés, a confié un chirurgien à l’AFP sous couvert d’anonymat. Nous avons reçu une dizaine de blessés, dont trois qui sont décédés. La situation des autres blessés est très critique. Trois sont pris en charge actuellement en bloc opératoire. »
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A proximité des lieux d’une autre attaque meurtrière
Le restaurant Aziz Istanbul est situé non loin de l’aéroport et surtout à quelque 200 m du café Cappuccino. Le 15 janvier 2016, ce dernier, prisé de la communauté expatriée à Ouagadougou, avait été la cible d’un attentat revendiqué par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Trente personnes avaient été tuées et 71 blessées, en majorité des étrangers.
Frontalier du Mali et du Niger, le Burkina Faso est le théâtre d’offensives djihadistes régulières depuis 2015, particulièrement dans le nord du pays. En décembre 2016, une douzaine de soldats burkinabés avaient été tués dans une opération contre un détachement de l’armée. En octobre 2016, la précédente attaque avait fait six morts, quatre militaires et deux civils.
Le Burkina Faso, petit Etat sahélien d’Afrique de l’Ouest, pauvre et enclavé, avait réaffirmé, le 18 juillet, la nécessité de « lutter contre le terrorisme » avec son voisin la Côte d’Ivoire, également touchée par un attentat en 2016.
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters