Il faut toujours rappeler à ceux qui ne le savent pas, que cette tyrannie se permet de pratiquer une telle cruauté à ciel ouvert en pleine pandémie mondiale, parce qu’elle est encore soutenue à bout de bras par la France qui tient en la matière un double discours: officiellement favorable à toutes les aides apportées aux populations, mais en réalité indifférente à ce que celles-ci soit mortellement sacrifiées à l’autel du maintien d’une tyrannie qu’elle a installé depuis l’indépendance de ce pays et pour laquelle elle déploie tous les efforts sur la scène internationale afin qu’elle ne soit jamais sanctionnée.
Le Cameroun peut ainsi devenir le deuxième pays d’Afrique noire touchée par la Codiv-19 avec le nombre des décès largement sous-évalué, cela ne changera rien à la position de la France qui croit ainsi préserver ses intérêts dans toute la sous-région.
Gare à l’effet boomerang en pleine circulation mondiale des informations!!
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Au Cameroun, « en distribuant des masques et du gel aux plus pauvres, tu risques la prison »
Plusieurs opposants ont été arrêtés par la police lors des distributions à travers le pays, parmi les plus touchés en Afrique par le coronavirus.
Par Josiane Kouagheu
Au marché New-Deido de Douala, dans la capitale économique du Cameroun, ils sont une dizaine à se précipiter vers une jeune femme qui distribue des masques et des flacons de gel hydroalcoolique. Robe en pagne et foulard négligemment noué sur la tête, un quinquagénaire tend les mains : « Ne m’oubliez pas. Je veux aussi me protéger contre le coronavirus », crie-t-il. « J’ai juste besoin d’un gel », supplie son voisin en n’hésitant pas à bousculer pour se rapprocher de Rochelle Kouakoh, la distributrice.
« Dites merci à la diaspora. Dites merci à Maurice Kamto et que Dieu le bénisse ! », lance Elise Ngong, vendeuse de légumes de 55 ans en exhibant un masque blanc ensaché et un demi-litre de gel. En cette fin mai, Rochelle, la jeune volontaire de Survie-Cameroun Survival Initiative (SCSI), l’opération lancée par Maurice kamto, le principal opposant au président en place, est contente que sa distribution se déroule sans problème.
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Une semaine plus tôt, la même opération dans le même lieu avait été interrompue par la police. « J’ai demandé des explications au commissaire », précise la jeune femme, qui s’était entendu répondre que « la distanciation sociale n’était pas respectée, que les commerçants ne portaient pas de masques » et, surtout, « que les ordres venaient d’en haut », déplore Rochelle, dont la moitié du visage est mangée par son masque. Ce jour-là, les douze volontaires avaient été « forcés » d’abandonner des cartons de gels et des ballots de masques et « contraints à regagner sous forte escorte la sortie du marché ».
« Réprimer tout effort »
« Imaginez qu’une personne ait emporté un ou plusieurs cartons. Que restera-t-il pour les autres ? Certains vont les revendre et on nous accusera. C’est bien triste de voir qu’en distribuant des masques et du gel hydroalcoolique aux plus pauvres, en luttant contre cette guerre, on risque la prison », s’offusque Martial Victor Kenfack, responsable communal du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto et coordonnateur de Survie-Cameroun Survival Initiative dans le premier arrondissement de Douala.
Depuis le lancement de SCSI, ses comptes bancaires ont été fermés, ses fonds gelés, des proches de Maurice Kamto accusés de blanchiment d’argent. Le gouvernement a refusé de réceptionner les dons et de porter les initiatives et de nombreux volontaires – plus d’une dizaine, d’après des responsables – ont été arrêtés, accusés de rébellion, avant d’être relâchés.
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Selon Human Rights Watch (HRW), ces arrestations « prêteraient à rire si elles n’étaient pas si graves » et n’exposaient ainsi « la face sombre du gouvernement » camerounais. « Distribuer des masques gratuits à ceux qui en ont besoin n’est pas un signe de rébellion et ne devrait certainement pas conduire à des incarcérations », regrette l’organisation de défense des droits humains, qui dénonce la volonté du pouvoir de Yaoundé de « réprimer tout effort entrepris par l’opposition ».
Après deux mois de silence, Paul Biya, le chef de l’Etat camerounais, a appelé dans un discours, le 19 mai, à « mettre de côté les querelles politiciennes et à présenter un front commun » contre la pandémie. Une « union sacrée » mise à mal par les intimidations et arrestations subies par les volontaires de Survie-Cameroun Survival Initiative alors que la pandémie prend de l’ampleur dans le pays. Au 19 juin, 10 638 cas de contamination au nouveau coronavirus et 282 décès étaient officiellement enregistrés. Le président de 87 ans, au pouvoir depuis presque trente-huit ans, a mis sur pied un fonds de solidarité d’un montant de 1 milliard de francs CFA (1,5 million d’euros) et offert aux Camerounais en son nom propre 2 milliards de francs CFA d’aide en masques, savons, seaux, etc.
« L’aide de Maurice Kamto n’est pas refusée. C’est l’orientation qu’il donne au don qui fait véritablement problème, explique Luther André Meka, l’un des communicants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, parti au pouvoir). Pourquoi Maurice Kamto, en tant que leader politique, n’a-t-il pas lui-même distribué ? Pourquoi n’a t-il pas utilisé son parti, le MRC, qui est légal, pour opérer ces dons ? » A l’en croire, le gouvernement ne veut pas ouvrir « une boîte de Pandore à l’illégalité ».
« Faux », rétorquent les partisans du MRC et responsables de Survie-Cameroun Survival Initiative, qui évoquent l’urgence sanitaire et pointent des élites, membres du gouvernement et autres alliés du régime qui, eux, distribuent les masques et les gels sans être inquiétés. Mais « l’obsession et la peur du MRC » se transforment en « cruauté et méchanceté » puisqu’elle affecte les personnels soignants laissés sans matériels de protection, les hôpitaux sans respirateurs.
« Porter secours aux Camerounais »
« Comme vous l’avez vu, lorsque nous allons distribuer, nous ne demandons pas si vous êtes du MRC ou du RDPC. Nous sommes happés par une foule en manque. Le 8 juin, le sous-préfet et le commandant de gendarmerie ont interrompu l’une de nos distributions dans l’ouest du pays. Bien après, les volontaires ont été appelés par le sous-préfet qui leur a demandé des masques et gels pour ses employés qui en manquaient », s’offusque Victor Kenfack, qui précise que des plaintes ont été déposées contre les compagnies qui ont bloqué les comptes de l’association.
« Nous sommes bien déterminés à porter secours aux Camerounais. On n’a pas peur de se faire arrêter », martèle Christian Penda Ekoka, le président de Survie-Cameroun Survival Initiative. D’après ce partisan de Maurice Kamto, ancien conseiller de Paul Biya, 140 000 flacons de gel hydroalcoolique et 300 000 masques ont été distribués aux Camerounais. Un lot de matériels médicaux commandés à l’étranger est par ailleurs attendu pour être distribué dans les hôpitaux, selon les propos de Christian Penda Ekoka dans un live Facebook live du 30 mai.
L’ancien conseiller a surtout exhorté la diaspora camerounaise, de fait seule contributrice de cette action depuis que le blocage des comptes de l’association au niveau national. Selon les derniers chiffres communiqués par SCSI, 440 000 euros ont déjà été dépensés.