Au plein sens du terme: Échappons à nos prisons mentales!
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Il va sans dire que l’état des choses au Cameroun dénote la réalité que l’indépendance du pays ne signifie pas nécessairement l’indépendance de son peuple, notamment parce que l’indépendance dont nous jouissons jusqu’à présent nous cause plus de mal que de bien.
En pratique, cela signifie les difficultés à développer des capacités individuelles d’individuation, d’autodétermination, et d’autonomie. Cela a certainement à voir avec le type d’infrastructures institutionnelles et politiques dont le pays a hérité des maîtres coloniaux, et le type de sujets politiques qu’elles ont produits: Des sujets politique qui prétendent être apolitiques. Ils disent ne pas se préoccuper de ce qui se passe à Yaoundé. Ils ne voient pas non plus que si vous refusez d’emblée de vous engager politiquement, vous perdez, de facto, votre liberté. La démocratie n’est pas un accident. Vous devez la protéger de ceux qui voudraient enlever vos libertés pour augmenter leur propre pouvoir.
Justement, que se passe-t-il lorsque la lutte contre l’oppression n’est pas terminée (au moins dans les têtes), parce que le changement crucial dans les structures de l’oppression n’a pas encore eu lieu, après sept (07) décennies d’indépendance? Ceci, en partie, à cause de la relation pathologique et passionnelle en cours entre le colonisé et l’ancien colonisateur. Le sentiment lancinant d’auto-rejet qui continue de prévaloir, plutôt que d’analyser avec un œil ouvert et de courage l’héritage du colonialisme dans le pays. Ce manque d’engagement crucial pour notre héritage colonial a généré une longue liste d’insécurités et la construction à la chaîne des prisons mentales au Cameroun. En effet, l’idée de prison politique ne sert pas le public au Cameroun. Cela fait partie d’une chaîne continue de violence sociale et elle n’offre de justice à personne. Je comprends que beaucoup de gens croient comme vous que les contrevenants désignés doivent être pendus, mais le coût social de cette attitude et de cette pratique est énorme, et comme je l’ai dit, cela ne sert personne.
Ainsi, être en prison n’a pas simplement une dimension physique. En fait, de nombreux militants des droits de l’homme, comme le Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcolm X, pour ne citer que ceux-là…ont pu montrer que certaines personnes en prison pourraient être plus libres que celles qui errent dehors sans but, sans idéaux. Ces héros nous ont aidés à faire la différence entre la prison carcérale et la prison mentale interne. Ainsi, dans un régime qui bafoue constamment la liberté personnelle, il y a la nécessité de l’introspection, de l’auto-réflexion, et de la découverte de soi. Par conséquent, l’esprit non entraîné est une prison qui nous emprisonne dans un labyrinthe de pensées, de croyances, et de concepts. Comme l’a dit Gandhi, « Un homme n’est qu’un produit de ses pensées. Ce qu’il pense, il le devient. »
Lorsque nous permettons à la propagande de nous contrôler, cela crée une prison mentale qui définit tous les aspects de notre existence. Aussi, comme on dit précisément, en prison, il y a ceux qui regardent les barreaux et ceux qui regardent le toit, comme le Proverbe chinois, quand le sage pointe la lune, l’imbécile examine ses doigts.
Au Cameroun, cela signifie trouver des moyens de sortir de la cage mentale dans laquelle le régime de Biya nous a emprisonnés.
Et cela commence par rappeler que nous ne pouvons pas simplement abandonner la politique (aux autres), parce que nous ne voulons pas la mettre au-dessus du bien commun et la solidarité. Car, nous ne devons jamais renoncer à ces valeurs et même être prêts à mourir pour elles comme le Dr Martin Luther King a déclaré: «Si un homme n’est pas prêt à mourir pour ses idées, il n’est pas apte à vivre. » En effet, il y a quelque chose dans cet univers qui justifie l’adage suivant lequel: « Vous récolterez ce que vous semez. Notre univers est respectueux de ces lois. C’est un univers moral qui dépend de fondements moraux. Si nous voulons faire de ce monde un monde meilleur, nous devons revenir en arrière et redécouvrir cette précieuse valeur que nous avons laissée derrière nous. En effet, il n’y a que la vérité, et la vérité seule, qui nous rendra libres parce que la mémoire est ce bien si précieux que nous ne devons pas gaspiller.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
Make it plain: On Escaping your Inner Mental Prison
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
It is without saying that the state of affairs in Cameroon denote the reality that the independence of the country does not mean the independence of its people because the independence we have been experiencing so far is causing us more harm than good.
In practice, it means the difficulties to develop capacities for individuation, self-determination and autonomy. This has to do with the kind of institutional and political infrastructures the country has inherited from the colonial masters and the kind of political subjects being produced. The problem is that many Cameroonians pretend to be apolitical. They pretend no to care about what is going on in Yaoundé. Nor do they see that if you do not get your politics right, you can lose your liberty. Democracy is no accident. You have to protect it from those who would take your freedoms away to increase their own power.
Precisely, what happens when fighting oppression is not over because the crucial change in structures of oppression has, after, seven decades of independence, has yet to take place. This, partly because on the ongoing pathological relationship between the colonized and the former colonizer. The nagging feeling of self-rejection rather than analyzing with an open eye and courage the legacy of colonialism in the country. This crucial lack of engaging colonial legacy has generated a long list of insecurities and a mental prison of our making. Indeed, the idea of political prison does not serve the public in Cameroon. It is part of a continuing chain of social violence and it does not offer justice to anyone. I understand that many people believe as you do that offenders should be hanged, but the social cost of that attitude and practice is enormous, and as I said, it serves no one.
Thus, being in prison does not simply have a physical dimension. As a matter of fact, many human right activists, such as the Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Dr. Martin Luther King, Malcolm X, to say the least, have shown that some people in prison might be more free than the ones wandering aimlessly outside. These heroes helped us to make the difference between prison and inner mental prison. Thus, in a regime running on the deprivation of personal freedom, there is the necessity for introspection, self-reflection and self-discovery. Hence, the untrained mind is a prison that entraps us within a maze of thoughts, beliefs, and concepts. As Gandhi said, “A man is but a product of his thoughts. What he thinks, he becomes.” When we allow the mind to control us, it creates a mental prison that defines all aspects of our existence. Thus, as they say, there are those who watch the bars and those who look at the roof. As the Chinese Proverb, when the wise man points at the moon, the imbecile examines his fingers.
In Cameroon, it means finding ways to break out the mental cage the Biya’s regime have us imprisoned into.
It begins with a reminder that we cannot just put politics over as we cannot put politics over common goodness and kindness. Thus, never back down from these values and even be willing to die for them as Dr. Martin Luther King said, « If a man has not discovered something that he will die for, he isn’t fit to live. » Indeed, there is something in a universe that justifies the biblical writer in saying, « You shall reap what you sow. » This is a law-abiding universe. This is a moral universe. It hinges on moral foundations. If we are to make of this a better world, we have to go back and rediscover that precious value that we have left behind. Indeed, we shall know the truth, and the truth shall make us free because the mind is a terrible thing to waste.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P