Il faut surtout saluer le début de la fin de cette arrogance imprimée par un sentiment d’impunité affiché jusqu’ici par tous ces tyrans et tyranneaux sur le territoire français; et par lequel ils n’hésitaient pas à narguer y compris leurs opposants en exil, en affichant leur proximité avec les différents réseaux officiels de la Françafrique.
Les ONG ont ainsi beaucoup dossiers à élucider (concernant notamment les despotes des autres pays d’Afrique centrale et leurs familles). Elles peuvent au moins désormais le faire en toute sérénité, sans craindre les menaces, les blocages politiques, et l’alibi de l’immunité diplomatique généralement avancé par ces individus pour éviter de “rendre gorge”.
Ils y passeront tous, sans la moindre exception!
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Trois ans de prison requis contre Teodorin Obiang
Le procureur a également requis 30 millions d’euros d’amende à l’encontre du fils du président de Guinée Equatoriale, jugé depuis près de trois semaines à Paris pour blanchiment.
Le réquisitoire est aussi lourd que symbolique. Mercredi, le procureur de la République a requis trois ans d’emprisonnement à l’encontre Teodorin Obiang, jugé depuis trois semaines devant le tribunal correctionnel de Paris. La justice française accuse le fils du président de Guinée équatoriale de s’être livré au blanchiment de fonds suspects, une première poursuite dans le dossier dit «des biens mal acquis» qui touche aussi d’autres régimes africains.
Conscient que cette demande de prison est un peu vaine en l’absence de l’accusé resté en Guinée, le procureur a donc également choisi de s’en prendre à son portefeuille. Il a demandé une amende de 30 millions d’euros et la confiscation de l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers saisis en France, soit au moins 100 millions d’euros.
«M. Obiang a investi plus d’un millénaire de ses revenus officiels en France», autrement dit, l’équivalent de mille années de salaires, a affirmé le procureur financier Jean-Yves Lourgouilloux, rappelant que les revenus officiels de celui qui est ministre de l’Agriculture et des Forêts sont de l’ordre de 80 000 dollars par an. Le magistrat a détaillé le train de vie parisien somptueux de Teodorin Obiang et son patrimoine hors norme: un hôtel particulier avenue Foch estimé à plus de 100 millions d’euros ou d’une flotte de voitures de luxe de 7,4 millions d’euros. A ces dépenses, déjà peu communes, s’ajoutaient celles tout aussi excessives effectuées aux Etats-Unis ou ailleurs.
«L’impunité absolue pendant des années»
Le règlement étrange de ces frais n’a, aux yeux du procureur, fait que renforcer sa conviction que l’argent était d’origine douteuse. Teodorin Obiang avait le plus souvent recours à des virements d’un compte ouvert à la Société générale de banque de Guinée équatoriale par une société d’exploitation forestière, Somagui Forestal, qu’il contrôlait. Pour le ministère public Somagui Forestal est une «coquille vide» par laquelle passait aussi la «taxe» que Teodorin Obiang exigeait des compagnies forestières opérant dans son pays.
Tout au long des débats, les avocats du prévenu, qui plaideront ce jeudi, ont contesté le caractère illégal des sommes et dénoncé un «procès politique» pour déstabiliser le régime. Pour le procureur, les éléments pour établir le blanchiment sont pourtant bel et bien là. Et depuis longtemps. On peut certes faire des reproches à la France, a-t-il reconnu. Mais c’est surtout le fait d’avoir couvert ce type de dépenses et d’investissements d’un «regard pudique» qu’il relève. «Pendant des années on a fermé les yeux, je le reconnais. Pendant des années, c’était l’impunité absolue».
Par Tanguy Bertheme –