La grogne des casques bleus camerounais de retour de RCA
Par RFI
Au Cameroun, un mouvement d’humeur de soldats ayant participé à une mission en Centrafrique s’est répandu dans certaines casernes, et notamment dans la capitale Yaoundé. Ces casques bleus réclament le paiement d’un arriéré de salaire.
Plus de 200 casques bleus camerounais, de retour de Centrafrique, ont manifesté jeudi dans les rues de Yaoundé pour revendiquer le paiement d’arriérés de soldes. Ces militaires camerounais, en uniforme des Nations unies, ont marché sur plus de 4 kilomètres, de leur base d’Ekounou, un quartier populaire de Yaoundé, vers le quartier général de l’armée en passant par le centre de la ville. Bloqués à l’entrée du QG par d’autres militaires, ils sont restés assis plusieurs heures devant l’Assemblée nationale.
Selon l’un d’eux sous couvert d’anonymat, ils sont 1 300 militaires à revendiquer 18 mois d’arriérés de soldes : « Nous réclamons douze mois de soldes lorsque nous étions sous la responsabilité de l’Union africaine et six mois comme casques bleus » de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), a-t-il poursuivi. Les contingents africains, d’abord engagés en Centrafrique en 2013 sous la bannière de la mission de l’Union africaine (Misca), ont ensuite intégré la Minusca, lancée en septembre 2014.
En fin d’après-midi, les manifestants ont quitté les lieux après une promesse de paiement faite par le ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, venu à leur rencontre. Le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, a ensuite déclaré que le président Paul Biya avait décidé de « faire procéder au paiement immédiat et par anticipation sur la régularisation à venir de l’UA des arriérés de primes réclamés à hauteur de 6 milliards de FCFA (environ 9 millions d’euros) ».
Pour sa part, le commissaire paix et sécurité de l’Union africaine a reconnu sur RFI l’existence des arriérés de paiement dus selon lui à des problèmes comptables. Smaïl Chergui promet un « réglement dans les prochains jours. » « Cette erreur ne concerne pas que des soldats camerounais, mais aussi gabonais ».
Le gouvernement camerounais n’est pas responsable, au contraire. Nous avons été à plusieurs reprises contactés par les membres du gouvernement. Et moi-même j’ai reçu il y a une semaine le ministre de la Défense qui est venu jusqu’à Addis Abeba pour me parler de cette question.
Source : RFI-La grogne des casques bleus camerounais de retour de RCA
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L’intégralité du point de presse de M. Issa Tchiroma, ministre de la communication et porte parole du gouvernement face à la presse le 9 septembre 2015 à Yaoundé.
Ce mercredi 09 septembre 2015, environ 200 militaires sur près de 1 300, récemment mis en relève dans le cadre du contingent camerounais de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en République Centrafricaine, la MINUSCA, ont entrepris une marche de protestation, depuis le Centre de Formation Technique des Armées – le CFTA – sis au quartier Ekounou à Yaoundé, vers le Boulevard de la Réunification et jusque devant le Palais de l’Assemblée Nationale à Ngoa-Ekellé, en passant par le Boulevard du 20 mai, dans le but de réclamer le paiement des arriérés de primes dues à leur participation à la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique, la MISCA.
De fait, ces militaires, dont les salaires au titre de leur appartenance aux forces de défense camerounaises, sont régulièrement payés sur le budget de l’État, voulaient, par ce mouvement d’humeur, revendiquer publiquement le versement de huit (08) mois de primes impayées, pour la période allant de février à septembre 2014, date du transfert d’autorité de la MISCA placée sous la responsabilité de l’Union Africaine, vers la MINUSCA qui, comme son nom l’indique, dépend directement de l’ONU.
Cette situation, connue des autorités militaires camerounaises, a fait l’objet d’une mission d’explication du Chef d’État-Major des Armées le 23 février 2015, auprès des militaires dudit contingent, afin de les informer des démarches entreprises par le Gouvernement camerounais vers la Commission « Paix et Sécurité » de l’Union Africaine, interlocutrice diplomatique des pays ayant fourni des contingents à la MISCA, et à qui incombe normalement la charge du paiement des primes réclamées.
Plus récemment encore, du 30 août au 02 septembre 2015, le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense, s’est personnellement rendu au siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba, pour porter cette situation devenue préoccupante, à l’attention du Commissaire « Paix et Sécurité » de l’Union Africaine.
Des assurances ont alors été données au mandataire camerounais, sur le fait que des diligences étaient en train d’être effectuées, pour la finalisation de la procédure devant conduire à l’apurement de ces arriérés, dont le montant total s’élève à près de six (06) milliards de francs CFA.
Cette information a une fois de plus été portée à la connaissance des militaires concernés.
Et c’est sur ces entre-faits, que certains d’entre eux ont décidé d’organiser la marche de ce jour.
Informé de cette situation, le Chef de l’État, Chef des Armées, a ordonné des mesures appropriées, pour faire revenir la situation à la normale.
Et à l’heure où je vous parle, je puis vous donner l’assurance que ce mouvement d’humeur a cessé d’exister.
Par la suite, et sur les Très Hautes Instructions de Son Excellence Monsieur le Président de la République, le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense est allé à la rencontre des militaires concernés par la revendication de ce jour, pour leur annoncer la décision prise par le Chef de l’État, de faire procéder au paiement immédiat, et par anticipation sur la régularisation à venir de l’Union Africaine, des arriérés de primes réclamées, à hauteur d’environ six (06) milliards de francs CFA.
À l’annonce de cette information, les militaires concernés sont immédiatement rentrés dans les rangs, et ont exprimé leur profonde gratitude au Président de la République, Son Excellence Paul BIYA.
Je saisis cette occasion, pour indiquer que le mouvement d’humeur intervenu ce jour à Yaoundé, ne doit en aucun cas occulter les qualités de nos forces de défense, qui résident essentiellement dans la rigueur de leur discipline, l’excellence de leurs capacités militaires, leur sens de l’honneur, leur bravoure et leur dignité.
Je rappelle que le Cameroun est souvent intervenu – et avec satisfaction – sous des formes diverses, au sein des forces de pacification et de stabilisation de situations de conflits à travers le monde, qu’il s’agisse du Cambodge, du Darfour, de Haïti, de la crise ivoirienne, pour ne citer que ces cas-là.
J’indique aussi que cet engagement de Son Excellence Monsieur le Président de la République auprès de la communauté internationale, est irréversible, et qu’il se poursuivra chaque fois que les circonstances l’exigeront et que les moyens de notre pays le rendront possibles.
S’agissant particulièrement de la MINUSCA, pour laquelle le Cameroun fournit l’un des plus forts contingents parmi les pays africains, le Chef de l’État, Son Excellence Paul BIYA, a pris la décision d’intervenir auprès de la communauté internationale, alors même que des menaces protéiformes planaient déjà sur certaines régions à l’intérieur de notre pays.
En ce qui concerne justement ces menaces, à l’instar de celle que représente le groupe terroriste Boko Haram, notamment dans la région de l’Extrême-nord, je rappelle, pour louer et magnifier leur action, que nos forces de défense et de sécurité ont aujourd’hui mis en déroute sur le front militaire, cette ignoble organisation criminelle, dont l’action, désormais réduite à de lâches attentats-suicide, montre bien que ses jours sont désormais comptés.
Au nom du Gouvernement, je demande donc à nos populations de continuer d’apporter leur soutien inconditionnel et indéfectible à nos forces de défense et de sécurité, toujours à l’avant-garde de la préservation de notre espace territorial, de la sécurité des biens et des personnes et du triomphe des idéaux de paix et de stabilité à travers le monde.
Pour conclure, je voudrais, au nom du Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, Chef de l’État, Chef des Armées, réitérer à nos forces de défense et de sécurité, l’engagement de la nation tout entière à leurs côtés, et exalter à nouveau ces valeurs de discipline, de bravoure, d’abnégation, de compétence, d’honneur et de fidélité aux Institutions de la République, pour lesquelles le peuple camerounais leur est à jamais reconnaissant.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Source : cameroon-info.net – Révolte des Militaires l’intégralité du point de presse de Issa Tchiroma