Le général Djibrill Bassolé a été mis mercredi soir 11 octobre en résidence surveillée dans un lieu tenu secret pour cette première nuit hors de la maison d’arrêt et de correction des armées. Le procureur militaire, qui avait demandé des aménagements pour la liberté provisoire de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, a obtenu l’assignation en résidence surveillée, dans un lieu autre que le domicile privé de celui qui est poursuivi pour « trahison » dans le cadre de l’enquête sur le coup d’état de septembre 2015.
Après plusieurs heures de tractation au tribunal militaire d’Ouagadougou, le général Djibrill Bassolé a bénéficié d’une assignation en résidence surveillée. Selon un proche de la famille, l’ex-ministre des Affaires étrangères est libre de ses mouvements mais il sera toujours escorté par les services de sécurité.
Le général Bassolé n’a pas passé sa première nuit de mercredi à jeudi à son domicile. Tard dans la nuit, alors que membres de sa famille, amis et connaissances lui réservaient un accueil, la sirène du cortège des forces de sécurité qui l’accompagnait s’est éloignée de son domicile.
Le tribunal militaire a décidé de mettre à sa disposition une des villas cossues du quartier chic de Ouaga 2000. Une proposition refusée catégoriquement par le général et ses avocats. Les avocats ont refusé que le général Djibrill Bassolé soit conduit à un lieu autre que son domicile.
Face à l’insistance du procureur militaire, les avocats ont décidé de ne pas suivre le cortège pour localiser cette nouvelle résidence de l’ex-patron de la diplomatie burkinabè. Après des recherches pour tenter de retrouver sa nouvelle résidence, son épouse et les membres de la famille ont dû retourner au domicile familial, sans avoir vu le général Djibrill Bassolé. Ni les membres de sa famille, ni ses connaissances ne savent où Djibrill Bassolé a passé cette première nuit hors de la maison d’arrêt et de correction des armées.
■ Le « feuilleton » judiciaire n’est pas terminé
Le 29 septembre 2015, les portes de la maison d’arrêt et des corrections des armées, la Maca, se referment sur Djibrill Bassolé. Après l’abandon de plusieurs charges en cours de route, l’ancien ministre des Affaires étrangères n’est plus qu’inculpé de haute trahison, de collusion avec une puissance étrangère, en clair la Côte d’Ivoire et certaines personnalités politiques ivoiriennes.
La première d’entre elles, Guillaume Soro. Dans un échange téléphonique, Bassolé et Soro auraient concocté un plan de soutien au général Gilbert Diendéré. Les avocats de Djibrill Bassolé ont toujours dénoncé la fabrication d’un « faux grossier et subtil. »
« On entend des demi-mots, voire des onomatopées de l’ancien ministre », affirme l’avocat Alexandre Varaut. « Des bouts de sons pris ici et là dans des conversations de Djibrill Bassolé qui ont bien existé mais avec des dirigeants et des responsables africains, de la sous-région… C’est tout un simplement un montage. »
Dans l’ombre, des politiques du continent et Français tentent de faire fléchir le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré. Djibrill Bassolé a de sérieux problèmes de santé, il est atteint d’une maladie coronarienne qui nécessite des soins. Il se livre le 14 juillet dernier dans une lettre adressée au président Macron. Une lettre en désespoir de cause dans laquelle il demande à Emmanuel Macron d’intercéder auprès du président Kaboré. Bassolé, hors des murs de la Maca, c’est une victoire d’étape pour ses défenseurs.