ÇA SUFFIT: Fascisme ethnique, Connerie sécessionniste, et Violations des Droits humains au Cameroun
Sans être ni sympathisant ni solidaire de la cause sécessionniste Anglophone, le CL2P s’insurge contre les crimes infligés à celles et ceux qui s’en revendiquent. La violence, fut-elle d’État, n’a jamais été la réponse appropriée à un mouvement d’auto-détermination. Par contre, la violence creuse davantage ce fossé de la mésentente et de la division, qui s’avère impossible à combler à mesure que les morts s’accumulent des deux côtés.
De plus, nous devons comprendre que ce type de violence n’est pas simplement pulsionnel et instinctif. Elle trouve des justifications idéologiques. En réalité, nous devons comprendre que la généalogie de cette expression violente de la politique identitaire est héritée des politiques racistes coloniales, en tant que système idéologique de préjugés produits dans le cadre de la colonisation et de l’exploitation du Nouveau Monde par l’Occident. C’est le système de croyance du groupe des oppresseurs, pas des opprimés. En d’autres termes ce type d’identité n’avait aucune validité dans l’Afrique traditionnelle.
Mais les idées se développent et évoluent en fonction des conditions changeantes, et nous devons évaluer les choses différemment. Le racisme moderne et le tribalisme ne doivent pas seulement être du type classique et familier. Ils pourraient également décrire la manière dont le pouvoir et le capitalisme du 21ème siècle encouragent et profitent des divisions entretenues entre les peuples sur la base de la race, de l’ethnicité, de la sexualité, ou du genre. La politique tribale et le sécessionnisme font ici le travail d’aliéner les gens les uns aux autres et d’empêcher les sortes de solidarités basées sur des intérêts partagés qui constituent la plus grande menace pour l’ordre établi. La hiérarchie moderne de l’oppression et des luttes intergroupes pour les privilèges accordés par un système incontesté d’exploitation de la classe ouvrière n’est pas une lutte progressiste, mais orchestrée par ce système pour défendre l’oppression fondamentale des travailleurs qui la soutient.
Il est révélateur que pendant la majeure partie des luttes du XXe siècle sur les droits des travailleurs, les droits civils et un plus grand pouvoir politique ont été obtenus grâce à de larges mouvements qui ont rassemblé les gens sur la base d’intérêts partagés. Les raisons sont évidentes: plus de personnes et plus de mobilisations populaires signifie plus de menace pour les conditions existantes.
Le CL2P voit dans le cadrage actuel de la politique ethnique et du sécessionnisme une continuation et non une remise en cause de ces conditions – tout en étant enraciné dans une hypothèse essentiellement fataliste selon laquelle ces conditions ne peuvent être fondamentalement modifiées, de sorte que seule la lutte politique légitime permettrait d’acquérir plus de pouvoir en leur sein, au détriment des autres.
En conséquence on en arrive à cette définition nébuleuse des Camerounais ordinaires, réduits à des redoutables étiquettes de merde telles que « Ambazoniens », « Francophones, Anglophones, G-Bulu, Essigan, Lakam etc. » qui met l’accent sur la forme superficielle de l’estime de soi – pas l’estime de soi dérivée de l’éducation, ou de la santé physique, ou de la participation / statut social etc. mais l’estime de soi qui est conçue et assénée par des politiciens manipulateurs et incompétents qui n’ont absolument rien fait de positif pour le pays depuis 35 ans.
Alors, ils endoctrinent les jeunes dans l’ethno-nationalisme voulu patriotique, en promouvant une culture de la guerre et de la violence qui se joue entre les mains des sociopathes et des psychopathes, à laquelle la seule solution proposée pour la crise camerounaise est plus de guerre, pas d’égalité des droits pour tous, ce qui ne fonctionnera pas malgré toutes leurs conneries. Cette tendance continue à la ségrégation par la langue, l’appartenance ethnique, et ainsi de suite est le plus grand obstacle pour une vie harmonieuse, un véritable vivre ensemble.
Nous ne sommes pas anglophones, francophones, ambazoniens ou autres. Nous ne sommes que des gens ordinaires, des Africains et des Camerounais.
On ne peut pas nier que les perceptions des ethnies dictent encore le destin de beaucoup d’entre nous – en ce qui concerne la mobilité ascendante, la vie et la loi. Tant qu’il existe une discrimination tangible basée sur l’ethnicité et la langue, personne ne peut simplement souhaiter l’unité humaine, d’abord vous devez résoudre les choses qui nous divisent, même si nous devons admettre au préalable que la classe politique camerounaise actuelle nous a trahi il y a longtemps.
Arrêtons d’être notre pire ennemi! Sortons de ce cercle vicieux, notre classe politique nous condamne, et délégitimise constamment nos droits par des lois de violence et de sécurité dites notamment de «lutte contre le terrorisme» transformant un état de droit en état d’exception permanent, et la justice en une justice pour la guerre, dans un processus transformant le pays en une prison géante à ciel ouvert, et nous cimentant dans la victimisation.
Cependant, construire une subjectivité politique autour d’une identité oppressive est quelque chose contre lequel le CL2P se bat. La politique de solidarité doit être le fondement d’un projet libérationniste plutôt que les sirènes de la division, de l’exploitation, et du meurtre de la société pourrie dans laquelle nous sommes nés.
En effet, l’héritage politique du colonialisme et du néo-colonialisme, que l’on pourrait décrire comme une sorte de parti-État-capitaliste et bureaucratique – avec son monopole sur la force et sa capacité de surveillance massive – nous a tous laissés ou rendus cyniques. Nous voyons de la sorte une injustice sociale massive maintenue par une cabale nourrie par le pouvoir en place depuis l’indépendance. Nous sommes conscients de l’impossibilité de renverser l’élite, mais nous devons néanmoins continuer, notamment d’espérer ou de donner l’impression sans trop y croire. Car l’espoir pourrait aussi émousser notre cynisme, ce cynisme qui nous aide à sentir et à entretenir nos limites.
Pourtant, grâce aux progrès de la technologie, nous avons la possibilité aujourd’hui de passer à travers ce trou de ver pour une expérience communautaire partagée, par laquelle un grand choix – infinitésimal – s’offrirait momentanément à nous, et nous permettrait de tourner définitivement le dos à la bigoterie sociale généralisée.
Le Comité de Libération des Prisonniers Polittiques (CL2P)
http.//www.cl2p.org
English version
ENOUGH IS ENOUGH: EthnoFacism, Secessionist Bullshit, and Human Right Violations in Cameroon
Without being sympathetic or supportive of the English-speaking secessionist cause, the CL2P condemns crimes inflicted on those who claim it vigorously. Violence, be it state, has never been the appropriate response to a movement of self-determination. As with violence, people dig deeper the gap of misunderstanding and division, which proves impossible to fill as the dead accumulate on both sides.
More, we need to understand that this kind of violence is not simply pulsional and instinctive. There are ideological justification for this kind of violence. As a matter of fact, the genealogy of this violent expression of identity politics is inherited from colonial racist policies as an ideological system of prejudices produced as part of the West’s colonization and exploitation of the New World. It’s the belief-system of the oppressor-group, not of the oppressed, in other words, this kind of identity had no validity in traditional Africa.
But ideas develop and evolve according to changing conditions, and we must assess things differently. Modern racism and tribalism need not only be of the classic, familiar type. It could also describe the way in which 21st century power and capitalism encourage and profit from divisions stoked between people on the basis of race, ethnicity, sexuality or gender. Tribal politics and secessionism here do the work of alienating people from each other and preventing the sorts of solidarity based on shared interests that pose the greatest threat to the established order. The modern-day hierarchy of oppression and inter-group struggles for privileges bestowed by an unchallenged system of working-class exploitation is not a progressive struggle but one orchestrated by that system in defense of the fundamental oppression of workers that sustains it.
It’s telling that for most of the 20th century struggles over workers’ rights, civil rights and greater political power were gained through broad movements that brought people together on the basis of shared interests. The reasons are obvious – more people and more popular mobilization means more threat to existing conditions. The CL2P see the current framing of ethnic politics and secessionism to be a continuation of, not a challenge to, those conditions – as well as being rooted in an essentially fatalistic assumption that those conditions can’t be changed in any fundamental way so the only legitimate political struggle is to gain more power within them, at the expense of others.
Consequently, this nebulous definition of ordinary Cameroonians reduced to formidable bullshit tags such as “Ambazoniens,” “Francophone, Anglophone, G-Bulu, Essigan, lakam etc.” put an emphasis on shallow form of self-esteem – not the self-esteem that derives from education, or physical health, or social participation/status etc.; the self-esteem that derives from manipulative and incompetent politicians who have done nothing for the country for the past 35 years.
So they’re tricking young people into ethno nationalism promoting a culture of war and violence playing right into the hands of sociopaths and psychopaths, to which the only proposed solution for the Cameroonian’s crisis is more war not equal rights for all, which won’t work, you can shove it. This continued drive to segregate by language, ethnicity and so on is the biggest obstacle to harmonious living.
We aren’t Anglophone, Francophone, Ambazonian or any other kind of people. We are just people, Africans and Cameroonians.
It cannot be denied that perceptions of ethnicities still dictate the destiny of many of us – in regards to upward mobility, lifechance and the law. As long as there exists tangible discrimination based on ethnicity and language, no one can’t just wish human unity into being, first you have to resolve the things which divide us, however, we must admit that the current Cameroonian political class has failed us a long time ago.
Let’s stop being our own worst enemy. Let’s get out of this vicious circle our political class have condemned us into and constantly delegitimizing our rights through violence and security laws turning a state of laws into a state of exception and justice into a justice for war, in the process, transforming the country into a giant open sky prison and cementing us into victimhood. However, to build political subjectivity around oppressive identity is something the CL2P is fighting against. Solidarity politics must be the foundation of a liberationist project rather than the sirens of division, exploitation and murder from the rotten society we were born into.
The political legacy of colonialism and neo-colonialism, which might be best described as a kind of one party-state-capitalist bureaucracy—with its monopoly on force and its massive surveillance capacity—has left us all cynical. We see massive social injustice maintained by a cabal in power since the independence. We are aware of the impossibility of toppling the elite, yet we must carry on, so we hope, yet not too much, as hope risks blunting our cynicism, and cynicism helps us feel our edges. And yet, due to advances in technology, we are afforded the possibility of slipping through a wormhole into a shared communal experience whereby a great – infinitesimal – level of choice is given momentarily and to refuse social bigotry.
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CR2P)