Cela fait 100 jours que le magistrat Ayah Ayah Paul, ancien député du RDPC est incarcéré dans les cellules du Secrétariat d’Etat à la la Défense (SED) à Yaoundé. 100 jours après son enlèvement à son domicile situé au quartier Tam Tam à Yaounde, il n’a toujours pas été jugé, condamné ou acquitté.
Les faits remontent au samedi 21 Janvier 2017 aux environs de 17heures lorsque des hommes non identifiés et bien armés entrent en force dans le domicile de l’avocat général sans un mandat d’arrêt et lui intiment l’ordre de se rendre selon eux, chez le commissaire du gouvernement. En route, la destination change pour le SED sans justification. L’intervention de l’épouse et surtout du dernier fils n’a pas suffit pour empêcher les hommes en tenue d’accomplir leur mission.
D’après les témoignages recueillis auprès de la famille, ils ont pénétré, empêchant Mme Ayah de changer ses vêtements sur le prétexte qu’ils suivaient des ordres. Il aurait même fallu l’intervention du dernier fils du magistrat pour que son père ne soit pas amené moitié nu. Étant au SED, Mr Ayah se rend compte qu’il doit passer des jours la bas sans savoir la raison pour laquelle il s’y retrouve, ni la personne qui a donne l’ordre.
Mais 100 jour après ces faits, l’Etat n’arrive pas à finaliser sa procédure de jugement, ni le traduire définitivement devant les tribunaux alors que la loi anti terrorisme dans son article 12 préconise la mis en jugement directe. Pour les avocats de Ayah Paul, les spéculations vont bon train :
« 1- il a été enlevé et non arrêté vu l’absence d’un mandat d’arrêt lors de son arrestation, en violation de l’article 18 du code de procédure pénal (CPP).
2-, il a été mis en détention un samedi en violation de l’article 119 (4) du CPP qui dispose que nul ne peux être mis en détention un samedi, dimanche et jour Ferrié sauf en cas de flagrant délit (qui ne s’applique pas dans son cas). Plus grave encore, tout cette cabale a été mené en violation de l’article 629 du code de procédure pénale qui accorde à tous les magistrats un privilège de juridiction ».
Le 17 mars 2017, au cours d’une première audience Tribunal de grande instance de Yaoundé, Centre administratif, le ministère public a affirmé poursuivre Ayah Paul pour complicité et apologie du terrorisme, rébellion, sécession et propagation de fausses nouvelles. Au sortir de cette audience, Ndong Christopher, avocat de Paul Ayah Abine, a déclaré à Cameroon Tribune que «cette procédure que nous avons soulevée est destinée à parler du droit d’Ayah Paul Abine qui a été violé lors de son arrestation devant sa famille pour être amené au SED où il est gardé à vue sans même être inculpé. C’est aujourd’hui au tribunal que nous avons appris les charges qu’il y a contre lui: complicité et apologie du terrorisme et rébellion, sécession, propagation de fausses nouvelles».
Par Boris Bertolt, Journaliste lanceur d’alerte