Gravement malade et âgé de 71 ans, le journaliste camerounais Amadou Vamoulké subit une détention illégale qui va passer le cap des 1600 jours à la date de la prochaine audience de son procès programmée à Yaoundé le mardi 15 décembre 2020.
Malgré son statut d’inculpé libre et alors que de nombreuses organisations internationales, dont l’ONU (Organisation des Nations Unies) et RSF (Reporters Sans Frontières) demandent sa libération, Monsieur Vamoulké est toujours retenu illégalement – depuis 4 ans, 4 mois et 17 jours – dans le cadre d’un procès qui ne peut se dérouler faute de preuve ni de témoin à charge.
Les attestations de professeurs de médecine camerounais et français attestent depuis des mois que son état de santé très dégradé ne lui permettra pas de faire face plus longtemps à sa détention arbitraire.
Le procès de Monsieur Amadou Vamouké a pourtant établi un record de 49 renvois consécutifs !
Vous trouverez ci-joint le dossier de presse complet ainsi que le dossier qui rend public les témoignages et noms des près de 2500 signataires de la pétition de soutien sur change.org/p/vamoulke
Merci par avance de contribuer à la campagne internationale d’information sur cette cause emblématique.
Contact : vamoulke @vatim.com et informations sur faceboook.com/vamoulke
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Affaire de M. Amadou VAMOULKÉ
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Amadou Vamoulké connaît mieux les recoins de la maison d’arrêt et du tribunal criminel spécial (TCS) de Yaoundé que sa propre maison, en travaux au moment de son arrestation le 29 juillet 2016. Ce mardi 15 décembre, le journaliste va comparaître pour la 50e fois devant les magistrats camerounais pour de supposés “détournements de fonds”, non pas à des fins d’enrichissement personnel, mais au profit de la Cameroon Radio Television (CRVT) qu’il a dirigée entre 2005 et 2016. Des accusations montées de toute pièce qui n’ont jamais été étayées malgré les audiences qui se succèdent au mépris des droits les plus élémentaires de l’accusé qui passera également cette semaine le cap des 1600 jours en détention préventive. Ce temps passé derrière les barreaux sans avoir été jugé représente respectivement trois et six fois le délai maximum autorisé par le code pénal camerounais et le tribunal spécial devant lequel le journaliste comparait.
“Jamais dans l’histoire du Cameroun, un journaliste n’a subi un tel acharnement judiciaire, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Après 1600 jours de prison et bientôt 50 audiences, les seules démonstrations qui ont été faites dans cette affaire sont celles de la vacuité des accusations portées contre lui, des tentatives grossières de dissimuler les éléments attestant de son innocence, et de la cabale ignoble menée pour broyer cette figure du journalisme malgré son âge et sa mauvaise santé. Tout semble mis en œuvre pour qu’il meurt à petit feu en prison sans même avoir été jugé.”
Saisi par RSF en 2019, le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire avaient rendu en juin dernier des conclusions sans appel sur cette affaire, soulignant que la détention provisoire de l’ancien directeur général de la CRTV n’a “pas de base légale” et que les violations du droit à un procès équitable “sont d’une gravité telle qu’elles confèrent à la détention de M. Vamoulké un caractère arbitraire.” Le groupe d’experts, qui a appelé à la libération du journaliste, s’est déclaré “profondément préoccupé” par la “gravité de l’état” de ce dernier. Il avait alors décidé de transférer son cas au rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à la santé, un mécanisme également actionné par RSF, et dont nous attendons les conclusions.
Le sort des journalistes camerounais, régulièrement exposés aux pires exactions ces dernières années, fait l’objet de préoccupations qui dépassent largement les frontières du pays. La confirmation par les autorités de la mort du journaliste Samuel Wazizi dans des conditions très suspectes, plus de dix mois après les faits, alors qu’il était détenu au secret par des militaires, avait créé un émoi mondial en juin dernier. Six mois plus tard, les conclusions de l’enquête indépendante promise par le président Paul Biya se font toujours attendre.
Le Cameroun occupe la 134e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.
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En 2020, près de 400 journalistes en détention dans le monde
Le rapport de Reporters sans Frontières révèle une hausse des arrestations arbitraires en lien avec la crise sanitaire et que les femmes journalistes ne sont « pas épargnées ».
« Le nombre de journalistes détenus à travers le monde reste à un niveau historiquement haut », souligne Reporters sans Frontières (RSF). Il s’élève à 387 fin 2020, un chiffre quasi stable sur un an, selon le bilan annuel de RSF publié lundi 14 décembre.
Comme en 2019, où RSF avait recensé 389 journalistes emprisonnés pour avoir exercé leur métier, cinq pays concentrent plus de la moitié d’entre eux (61 %), rapporte l’ONG dans son rapport. La Chine reste ainsi en tête avec 117 journalistes (professionnels ou non) détenus, devant l’Egypte (30), l’Arabie saoudite (34), le Vietnam (28) et la Syrie (27).
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Et les femmes, « de plus en plus nombreuses dans la profession, ne sont pas épargnées », dénonce le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, cité dans un communiqué. D’après le rapport, 42 d’entre elles « sont actuellement privées de liberté », contre 31 en 2019 (+35 %).
Au total, 17 ont « été jetées derrière les barreaux » au cours de l’année, dont quatre en Biélorussie, centre d’« une répression sans précédent depuis » la réélection jugée frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, aux commandes de cette ex-république soviétique depuis 1994.
Multiplication des interpellations et arrestations arbitraires
Autre évolution notable : l’augmentation des arrestations liées la crise sanitaire, avec quatorze journalistes « toujours sous les verrous » pour leur suivi de la pandémie, dont sept en Chine. L’ONG, qui a lancé en mars l’Observatoire 19, dédié à la question, a enregistré « plus de 300 incidents directement liés à la couverture journalistique de la crise sanitaire » entre février et fin novembre, impliquant près de 450 journalistes.
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« Les interpellations et arrestations arbitraires », qui représentent « 35 % des exactions recensées [devant les violences physiques ou morales] », ont été « multipliées par 4 » entre mars et mai, précise le rapport. « Les lois d’exception ou les mesures d’urgence adoptées » dans la plupart des pays pour contenir la pandémie « ont contribué » à « confiner l’information », explique RSF.
Par ailleurs, « au moins 54 journalistes sont actuellement détenus en otages » en Syrie, au Yémen, et en Irak, leur nombre ayant baissé de 5 % en un an.
L’ONG recense, en outre, quatre journalistes portés disparus en 2020, alors qu’aucun nouveau cas de disparition n’avait été enregistré en 2019. Ils sont originaires du Moyen-Orient, d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine.
Le Monde avec AFP