On peut, comme nous sommes nombreux à le faire, militer de façon déterminée pour l’alternance et des alternatives au Cameroun, s’engager de manière ferme pour la libération de Maurice Kamto et des militants du Mrc tout en gardant sa liberté et son sens critique !
Qui donc a remplacé les moutons par le veau d’or ? On ne peut pas vouloir extraire de l’esprit des citoyens cette mentalité de troupeau qui fait que l’on vote, sans se soucier du programme et des idées, pour le frère du village, suive le roi, sultan ou lamido à l’aveugle, se courbe devant le gourdin du ” mbéré “, et remplacer l’autel des faux pasteurs de nos villes et villages par les stèles dédiées au culte des hommes politiques au Cameroun !
Dans le débat public, les luttes et l’action pour l’alternance et des alternatives de gestion de notre pays, chaque personnalité politique de Paul Biya à Maurice Kamto, de Cabral Libii à Serge Espoir Matomba, de Fru Ndi à Ndam Njoya, de Joshua à Akéré Muna, d’Anicet Ekané à Henriette Ekwé…doit être soumis au crible de la critique, condition et pilier de la libre expression et garantie de la faculté à apprécier positivement les positions ou l’action de ces personnalités publiques. L’adage ne dit-il pas que ” sans la liberté de blâmer point d’éloges flatteurs ? ” Autrement dit, on ne peut être sincère et juste en tressant des couronnes ou en saluant les idées ou l’action de Maurice Kamto ou d’une autre personnalité qu’en disposant de la pleine faculté d’avoir de la distance, de questionner ou simplement d’en apporter une critique.
Ayant vu, sur ma page et suivant mes prises de position, des partisans des différents hommes et femmes politiques du Cameroun, me traiter de brillant ou brouillon selon les vents de mes textes, bougon ou ” fingon ” selon les virgules sur leurs champions, pertinent ou ” verbieur ” selon les saisons, je sais qu’il est risqué de toucher, quereller ou simplement formuler une critique concernant ces personnalités. Le débat s’hystérise, les invectives déferlent, les amis d’hier vous conspuent et les admiratrices de la veille tournent les talons : on scrute votre ethnie, vous traite de jaloux, d’aigri et de frustré et on fouille pour trouver des dossiers sur vous. Quel remue-ménage ! chantait Ndédi Eyango dans un titre à sucès, fort inspiré, écho des dérives de notre société, il y’a 30 ans.
Pourtant, ce que j’ai retenu de la lecture d’ouvrages et textes de ces mêmes personnalités, c’est que la politique est aussi, au delà du cynisme, de l’ardeur des partisans et de la raideur des militants, une éthique, une morale : prendre le risque d’être remis en question, intensifier le civisme actif et raffermir la démocratie, penser au bien public bien plus qu’à son élection ou sa réélection, dialoguer avec des franges de la population, leur donner des moyens d’expression même si elles contestent la majorité qui vous soutient ou vos idées, oser s’éveiller aux idées nouvelles même si celles-ci bousculent votre confort personnel ou les intérêts de votre parti…
Si donc Henriette Ekwé ou une autre personnalité n’a pas la parole ou la science infuses de la politique sous nos cieux, que nos paroles soient libres d’êtres diffusées, jugées et soupesées. Ne cessons jamais de nous débattre pour cette idée du Cameroun!
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L’ARÈNE (CANAL 2) DU 10 MARS 2019
INVITÉE: HENRIETTE EKWE, JOURNALISTE, FEMME POLITIQUE, COMBATTANTE HISTORIQUE DES DROITS DE L’HOMME, HÉROÏNE DES LUTTES POUR LES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES AU CAMEROUN.