A contrario, la justice a prononcé un non-lieu à l’endroit de 39 militants de son parti également arrêtés en janvier dans le cadre des marches interdites.
Maurice Kamto est toujours en prison. Il devrait d’ailleurs encore y rester aussi longtemps que la justice camerounaise le jugera nécessaire, question de faire la lumière sur les incidents malheureux survenus lors des manifestations interdites dénommées «Marches blanches» organisées par ses partisans au mois de janvier 2019 dans plusieurs villes du Cameroun. Le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun et 103 autres personnes ont ainsi été renvoyés devant le tribunal militaire de Yaoundé pour y être jugées. La date du procès n’est pas encore connue.
Ce procès réserve sans doute des rebondissements, tant le prévenu a toujours remis en doute la compétence de la juridiction chargée de le juger. Au cours de son audition du 26 février 2019, après un premier report le 22 février en raison de la rentrée judiciaire à la Cour Suprême, le leader du MRC et ses avocats ont soutenu que le tribunal militaire n’était pas compétent à juger les civils. Le portail des camerounais de Belgique. «Maurice Kamto était en effet devant les juges du tribunal militaire. Précisément, en compagnie des avocats, pour faire savoir au juge d’instruction de ce tribunal que le tribunal militaire n’avait nullement compétence pour le juger notamment dans l’affaire qui avait été frauduleusement introduite devant cette instance», a réagi Olivier Bibou Nissack, porte-parole du MRC.
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Dans une interview accordée à la presse, Me Claude Assira, avocat et enseignant de droit, a indiqué, sur la base des directives et principes émises par la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples, que «les tribunaux militaires ont pour seul objet de connaître des infractions d’une nature purement militaire, commises par le personnel militaire». L’ancien ministre de la Justice aux arrêts depuis le 28 janvier 2019 et une centaine de ses partisans sont jugés pour «hostilité contre la patrie», «rébellion de groupe», «insurrection », «incitation à la révolte », et «perturbation de la circulation des personnes et des biens» entre autres. Ils encourent la peine de mort. Par contre, trente-neuf (39) militants du MRC arrêtés en même temps ont été blanchis par la justice et libérés dans la nuit de vendredi à samedi après avoir passé près de six mois derrière les barreaux. Verdict salué à Radio France internationale par Olivier Bibou-Nissak.
«Il y a eu un non-lieu prononcé à leur endroit. Nous nous sommes réjouis de cette victoire. Cela est une bonne nouvelle et une victoire pour la résistance nationale ». Avant de lancer quelques pics à l’endroit du gouvernement : «Mais aussi cela vient consacrer le caractère totalement politique de la procédure en cours puisque dans la même affaire, dans les mêmes faits, des personnes sont renvoyées devant le tribunal militaire pour un procès. L’info claire et nette. C’est assez incongru et anachronique mais cela est un élément sinon un aveu de ce que cette procédure est totalement politique». Des affirmations auxquelles il n’apporte malheureusement aucune preuve.
Les «Marches blanches» ont été initiées au lendemain de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. A travers ces manifestations interdites pour «la préservation de l’ordre public», les dirigeants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun et leurs sympathisants tiennent à dire «Non au hold-up électoral, non au hold-up de la paix dans les Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, non au hold-up des fonds publics sous couvert de l’organisation de la CAN 2019».
Repères : Jean Robert FOUDA