“L’imbroglio politico-judiciaire du port de Douala” pourrait cacher une sourde opération de contrôle de tout éventuel processus de succession du dictateur camerounais, par le clan tribal proche de la première dame, avec pour objectif principal la maîtrise progressive d’un certain nombre de leviers économiques et de secteurs stratégiques, dont le port de Douala.
Le patriotisme économique avancé pour y évincer le Groupe Bolloré (même si l’on est en droit de formuler des griefs contre ce dernier), s’apparente davantage à un leurre. Parce que l’essentiel de son personnel et matériel regroupé au sein du Douala International Terminal (DIT) a été illégalement réquisitionné par l’autorité portuaire, qui a littéralement passé outre la décision du Tribunal administratif de Douala du 31 décembre 2019 qui ordonnait pourtant la suspension de sa régie nouvellement créée.
D’expérience, le silence du despote a toutes les raisons d’être interprété comme un feu vert donné aux voyous incrustés au sommet de l’appareil d’État du Cameroun. On est même en droit de penser qu’ils jouissent de son accord total, malgré les assurances qu’il auraient données à ses interlocuteurs français, dont le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Le Tribunal administratif de Douala serait précisément le “sédatif légal” destiné aux Français. Puisque ses décisions ne jouissent d’aucune force contraignante, dans une dictature qui nous a précisément habitué à l’instrumentalisation de la justice chaque fois qu’elle voulait se défaire d’acteurs encombrants.
C’est peut-être ce qui est entrain d’arriver à Bolloré. Mais ce dernier se laissera-t-il faire???
L’avenir proche nous dira.
JDE
Port de Douala: les raisins de l’imbroglio politico-judiciaire au Terminal à containers
AGA répertorie quelques dates, moments et actes ayant structuré l’imbroglio politico-judiciaire actuel au Terminal à conteneurs du port de Douala.
En ce jour où la direction du PAD a annoncé le début effectif des opérations sous l’égide de sa régie déléguée,quelques développements judiciaires me font penser qu’à moins d’un miracle, on s’achemine tout droit vers le feuilleton le politico-judiciaire et affairiste des plus épiques des 20 dernières années.
Le PAD a en effet décidé ce vous-même de relever appel de l’ordonnance du juge administratif du Littoral suspendant la mise en place d’une régie déléguée et tous autres acres et décisions s’y rattachant. La justice qui a pris acte de cet appel lui rappelle qu’elle a 30 jours maximum pour présenter son mémoire d’appel. De son côté, Douala International Terminals (DIT), le concessionnaire en fin de mandat dont les biens et les personnels ont été réquisitionnés par le PAD le 31 décembre dernier annonce sa décision de saisir les juridictions camerounaises et internationales pour protéger ses droits apparemment violés.
Comme on le voit, la bataille juridico-administrative a de beaux jours devant elle.
C’est à ma connaissance la première fois qu’une institution publique camerounaise se trouve confrontée à une telle opposition juridique sur le territoire camerounais. Pis, avec déjà 4 décisions judiciaires défavorables.
En rappel, le processus de désignation d’un nouveau concessionnaire au TAC/PAD largement avancé avait connu un arret en mi-octobre 2019 à la suite de l’instruction présidentielle camerounaise ordonnant, du moins selon une correspondance du SGPRC, la suspension de la finalisation du contrat de concession entre le PAD et la société italo-suisse TIL, adjudicataire provisoire désigné par les services compétents du PAD dans un processus alors ouvertement contesté par le consortium APMT/Bolloré officiellement classé 7e sur 9 alors même que sa filiale opératrice sortant n’avait pas, curieusement, postulé pour le renouvellement.
Selon toute vraisemblance, entrée en négociations avec la direction du PAD un an avant la fin de son contrat, elle aurait – le conditionnel est de rigueur – convenu avec cette dernière d’une prorogation de 4 ans de son mandat. Protocole d’accord qui soumis à la présidence de la république pour le “go-ahead” politique était resté lettre morte. Nul ne sait exactement pourquoi. Par contre ce que l’on sait c’est qu’une correspondance du SGPRC datée de juillet 2019 avait plu tôt demandé à la direction générale de poursuivre le processus de recrutement d’un nouveau concessionnaire. Jusqu’à l’instruction contraire d’octobre 2019, au lendemain du séjour à Lyon du président Biya suivi d’une visite express de Jean Yves Le Drian, le ministre français des affaires étrangères.