Au cours d’un point de presse ce samedi à Yaoundé, les avocats de l’ancien ministre des Finances, condamné à 25 ans de prison ferme mardi dernier, ont regretté que tous les arguments de fait et de droit en faveur de leur clients aient été ignoré par la justice. S’agissant des biens saisis, les conseils de l’ex-grand argentier soutiennent qu’il s’agit pour la plupart des biens de ses proches parents.
Acharnement. Telle est la forme que revêt la condamnation à 25 ans de prison ferme infligée par le tribunal criminel spécial de Yaoundé à l’ex- ministre de l’Économie et des Finances le 13 janvier dernier pour « détournements de deniers publics ». C’est du moins la conviction de son collectif d’avocat. Au cours d’un point de presse ce samedi 17 janvier à Yaoundé, le pool des avocats de Polycarpe Abah Abah, après avoir dénoncé « une volonté d’instrumentalisation non avoué » de l’opinion, ont martelé que leur client, directeur des Impôts à l’époque des faits, est innocent des faits qui lui sont reprochés.
Pour eux, la justice n’a pas été dite dans cette affaire: « tous les arguments en faveur de notre client que nous avons avancé ont été occultés, le tribunal s’est contenté des témoignages allant à l’encontre de M.Abah Abah », fait savoir Me Mong. Et ce dernier de démonter les unes après les autres, les accusations contre son client.
S’agissant de l’accusation selon laquelle de l’argent débité du compte de la direction des Impôts (soit environ 1 milliard de F Cfa) était transporté dans des sacs de marchés jusqu’au bureau du directeur des Impôts, Me Mong a indiqué que « les secrétaires d’Abah Abah ont toutes confirmées que Mme Mballa (le billeteur chargé du convoi des fonds, ndlr) n’a jamais trainé des sacs d’argent au secrétariat pour remettre à Abah Abah, ces témoignages sont consignés dans le dossier mais le tribunal dans son jugement n’en a pas tenu compte ».
Des immeubles « non bâtis »
Pour ce qui est du non reversement d’une partie des taxes destinées au Crédit foncier du Cameroun, les avocats d’Abah Abah soutiennent que cet argent non reversé est resté dans les comptes bancaires de la direction des Impôts. D’après les explications de Me Mong, lesdits comptes bancaires ont été transformés en compte du Trésor par un arrêté N°124/CAB/PM signé le 20 décembre 2003 par le Premier Ministre de l’époque : « le produit a été viré au Trésor, on a produit tous les justificatifs, il y en avait pour près de 5 milliards (de F Cfa, ndlr) », soutient Me Mong.
En ce qui concerne les biens confisqués, dont les 29 immeubles en question, les avocats d’Abah Abah soutiennent qu’en fait d’immeubles, il n’en s’agit pas de bâti mais « à 95 % des terrains du village non bâtis que le ministre Abah a fait immatriculer pour des besoins d’exploitation agricole ». Par ailleurs, le pool d’avocats de l’ex-grand argentier de l’État fait remarquer le tribunal a saisi les biens que leur client a acquis avant qu’ils ne soient directeur des Impôts, « à savoir l’appartement acheté à la Sic Mendong Yaoundé en 1990, celle construite à Efoulan en 1986, sa mini-cité construite à Efoulan en 1995 et celle d’Odza construite en 1998 ». Les conseils d’Abah Abah s’étonnent de ce que les comptes bancaires, les véhicules et les maisons appartenant aux 3 enfants du ministre Abah Abah, « qui sont de hauts fonctionnaires depuis plus d’une décennie », ont été confisqués. De quoi conclure que « cette pratique n’est pas légale dès lors que la loi prévoit la saisie ou la confiscation de l’objet du détournement ou acquis grâce au délit », reconnaît Me Mong.
Au regard des faits égrenés, le collège des avocats ne se fait aucune illusion sur la coloration politique de la condamnation intervenue le 13 janvier dernier : « les avocats de la défense (d’Abah Abah, ndlr) dénoncent les volontés d’instrumentalisation de l’institution judiciaire par des forces occultes tapis dans les services gouvernementaux très haut placés », a affirmé Me Mong. Les conseils d’Abah Abah disent s’être pourvus en cassation et croient dur comme fer en l’acquittement de leur client.
Michel Biem Tong, Hurinews.com