Rouleau Compresseur
La mesure prive l’ex-ministre de l’Eau et de l’énergie (Minee), détenu à Kondengui pour crimes économiques présumés, de moyens pour s’offrir les services d’un avocat. Tout en le plaçant dans l’impossibilité de subvenir aux besoins de sa famille.
Basile Atangana Kouna n’a plus accès à son épargne. Tout est bloqué. Y compris son compte salaire. La mesure, selon nos sources, a été étendue aux comptes des enfants de l’ex-ministre, alors qu’ils ne sont, eux, l’objet d’aucune procédure judiciaire. Un calvaire insoutenable pour des enfants encore traumatisés par l’arrestation rocambolesque de leur père et l’humiliante garde-à-vue de 48h de leur mère. Celle-ci fut soupçonnée de complicité dans la supposée fuite de son époux. D’après des indiscrétions, ladite mesure serait le fruit de l’excès de zèle d’un juge d’instruction qui voudrait personnellement régler des comptes à l’ex-Minee. Ternissant par la même occasion, l’image de marque du Tribunal criminel spécial (Tcs) qui abat un travail appréciée par des Camerounais et autres observateurs indépendants. Et lorsqu’on sait que les principaux responsables de cette juridiction sont des magistrats qui appliquent à la lettre le droit et rien que le droit, sans rancœurs et en dehors de toute pression, il y a urgence à rappeler à l’ordre ce juge d’instruction, face à ce qui est convenu d’appeler acharnement injustifié contre la famille Atangana Kouna.
Dans les milieux judiciaires, l’on pense que si rien n’est fait pour un retour à l’orthodoxie (en effet, la justice camerounaise consacre la présomption d’innocence), le fils de la Mefou et Akono se trouvera dans l’incapacité de régler la pension de ses enfants scolarisés, notamment ceux vivant à l’étranger, encore moins de s’acquitter honorablement de ses devoirs de chef de famille. Le comble pour un homme qui a gravi les échelons justement pour mettre sa famille à l’abri du besoin ! Est-il encore de l’ordre de la justice de priver un homme de ses moyens de subsistance en gelant jusqu’à son compte salaire ? Comment expliquer autrement que par l’acharnement et la chasse aux sorcières le fait que des gens, simplement parce qu’ils sont fils de… soient déposséder de la jouissance de leurs comptes bancaires ? Et si Atangana Kouna était condamné avant même d’avoir été jugé ? La question est sur les lèvres de tous les Camerounais attachés à la présomption d’innocence.
« Priver un prévenu de l’accès à ses économies pourrait être interprété comme une manière de l’empêcher de s’attacher les services d’un conseil aguerri », dénonce un homme de loi approché par votre rédaction. Lequel ajoute, non sans pertinence, « les avocats aguerris coûtent chers en termes d’honoraires ». Sorti du gouvernement le 2 mars, ramené du Nigeria, apprend-on, le 22 du même mois, l’ex-Minee est gardé depuis, le 23 suivant, à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui.
Toutefois, force est de constater que tout ce qui tourne autour de l’ancien administrateur provisoire de la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) est l’objet de passion, de fantasmes et d’imagination débordante. Que n’a-t-on pas lu ou entendue ?
Âneries.
Des romanciers du dimanche, au talent douteux, écrivent que l’ancien membre du gouvernement s’est déguisé en femme pour prendre le large.
Qu’habillé en pagne du « 08 mars », coiffé d’une perruque et les lèvres maquillés de rouge, il aurait passé la frontière nigéro-camerounaise, puis serait descendu dans un hôtel 4 Etoile.
Ces romanciers, particulièrement teigneux, ajoutent que dans sa fuite, Atangana Kouna aurait changé de nom. Que lors d’un contrôle policier au pays de Buhari, il se serait présenté comme « Dame Amougou ». Sa tenue et sa perruque donnant le change. Grotesque, n’est-ce-pas ? La liste des perles, concernant l’ex-ministre de l’Eau et de l’Énergie, est interminable, aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les médias locaux. Visiblement, Basile Atangana Kouna est le fonds de commerce de certains individus en mal de sensation.