Bamenda est devenue une ville assiégée par les forces militaires après le soulèvement populaire contre les discriminations institutionnelles
C’est une évidence: le dispositif de sécurité est renforcé dans et autour de la ville de Bamenda depuis le vendredi 09 décembre 2016, soit un jour après l’insurrection populaire qui a causé d’importants dégâts matériels et tué deux personnes, selon le bilan officiel.
Les personnes qui se rendent depuis le début du week-end dernier dans le chef-lieu de la Région du Nord-Ouest, sont soumises à l’entrée de la ville, à un contrôle jugé musclé et intimidant de la part des forces de défense et de sécurité. «A l’entrée comme à la sortie, tout est minutieusement fouillé et des objets que les hommes en tenue jugent dangereux ou suspects sont confisqués. Bien sûr que les voyageurs qui n’ont pas de pièce d’identité sont placés en garde à vue sur le bas-côté de la route» témoigne Biakop Patrice, qui est parti le samedi 10 décembre 2016 de Douala à destination de Bamenda.
A l’intérieur de la ville fief de l’opposition, la situation est revenue presque à la normale. La circulation a repris, tout comme les activités économiques même si le rythme est au ralenti. Mais, la tension persiste. Afin de parer à toute éventualité, plusieurs dizaines d’hommes en tenue, bien armés, patrouillent et protègent des sites sensibles. «Sortie plutôt sereine de mon hôtel ce matin (hier dimanche 11 décembre, ndlr). Échanges polis avec les policiers au bas de l’immeuble étonnement courtois à mon égard malgré la tension plus que palpable qui règne dans la ville. Plus loin en contrebas du centre-ville, coups de feu en ce moment même sur RingWay street qui longe Commercial Avenue. Je suis obligé de rebrousser chemin. Demain s’annonce très chaud selon plusieurs jeunes taximen que j’ai rencontrés…» écrit sur sa page Facebook, Celestin Djamen, Secrétaire national aux Droits de l’homme et des Peuples au SDF, parti politique leader de l’opposition.
Bamenda est l’épicentre des tensions autour des revendications anglophones. Les soulèvements populaires paralysent depuis plusieurs mois, les activités sociales et économiques dans les deux régions anglophones du pays que sont le Sud-Ouest et le Nord-Ouest. Le gouvernement qui a décidé depuis Yaoundé de militariser la ville de Bamenda, affirme qu’il n’a cependant pas fermé la porte à la suite des négociations avec les enseignants et les avocats dont le mot d’ordre de gréve est à l’origine des soulèvements populaire enregistrés à Bamenda et à Buea.
Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net