La prochaine mascarade électorale d’un des chefs d’État à la longévité la plus déraisonnable au monde, Paul Biya (85 ans et 36 ans de règne absolu), devrait consacrer son maintien au pouvoir pendant encore sept (07) ans, quel que soit le bout par lequel on aborde ce scrutin du 07 octobre. Cette tragédie typiquement camerounaise finit par faire penser et dire y compris aux moins conservateurs des observateurs : « Finalement cela ne pourrait pas être pire. Comme d’habitude» chantait Claude François.
En effet, cette mascarade électorale a le don d’imposer à chacun de nous un exercice indécent dans lequel se mêlent à la fois la violence physique et symbolique, puis l’aliénation du capital néo-colonial qui finissent par donner une force de loi aux caprices d’immortalité obscène d’un despote puis aux clichés négrophobes; à propos d’un pays – faut-il le rappeler – qui s’enfonce lentement dans un véritable trouble de stress post-traumatique d’inspiration politique. En particulier, s’y installe un sentiment général de résignation, qui consiste à laisser croire qu’il n’y a ou n’aurait pas de «normalité politique» à restaurer au Cameroun.
Cela explique pourquoi « Paa Paul » du haut de ses 85 ans n’éprouve véritablement plus le besoin de battre campagne dans sa parodie d’élection présidentielle d’octobre prochain. Il peut même répéter à l’envie avec nombre de ses soutiens qu’il tient son pouvoir éternel de Dieu et de la France qui, à travers le jeune locataire de l’Élysée, a déjà reconnu sa « victoire » par anticipation en l’invitant dores et déjà à Paris en novembre pour un de ces sommets bidons dont la Francafrique a seul le secret. Bref dans la tête de Paul Biya, tant que Paris soutient son interminable mainmise sur la présidence au Cameroun. les réactions d’indignation des camerounais n’ont pas la moindre prise sur ses séjours prolongés en Suisse.
Au point où il n’éprouve plus le besoin de sauver les apparences démocratiques en s’impliquant personnellement dans une campagne présidentielle dont il connaît pertinemment l’issue, du fait notamment du contrôle total qu’il a sur l’ensemble du processus électoral. Son mépris affiché ouvertement envers les Camerounais et les candidats opposants (qu’il a pris le soin de désigner)…tient d’abord à cela et à rien d’autre.
Au fond, le président Biya n’est qu’une grande partie du problème camerounais.
Le faire partir du pouvoir ne stabilisera pas automatiquement le vaisseau camerounais – surtout ne ramènera pas à la raison ses admirateurs forcenés carburant aux accusations paranoïaques, sur fond de théories du complot alimentées à longueur de programmes par sa « deep state » et les médias «Milles-Collines» sous son contrôle, vent debout contre tous les camerounais qu’ils jugent «minables, merdeux, antipatriotiques, imbéciles… », parce que « opposants, partisans des candidats d’opposition, activistes de la diaspora, contestataires anglophones, etc… ».
Nous assistons ainsi à cette entreprise cynique et machiavélique de désintégration nationale, déjà en œuvre dans les régions anglophones; par un régime qui naturalise la terreur et l’état d’exception à travers la glorification d’un homme providentiel qui n’a même plus besoin de faire campagne pour conserver le pouvoir. C’est l’expression d’une sorte d’arrogance du chaos perpétuel qui n’apprend rien (elle en est incapable) et se montre particulièrement fière dans ses préjugés tribalistes et de son incompétence crasse.
Les choses pourraient évidemment toujours être pires. Comme d’habitude…
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P