Cumulé au rejet des recours introduits par les candidats Cabral Libii et Maurice Kamto, le rejet dans la nuit de jeudi à vendredi de la requête en annulation totale de l’élection présidentielle du 7 octobre introduite par le candidat du Sdf, Joshua Osih, a consacré l’annihilation des espoirs des Camerounais épris de changement, de voir Paul Biya débarrasser enfin le plancher après 36 ans de règne clanique et chaotique sur fond de développement exponentiel de la corruption à toutes les strates de la société camerounaise et de désagrégation -à dessein criminel- du tissu social par l’exacerbation du sentiment tribal(iste). Mais la partie n’est pas pour autant terminée, et les cartes peuvent toujours être redistribuées.
Il n’en demeure pas moins que les citoyens de ce pays déjà ravagé par la guerre dans sa partie septentrionale qui est agressé par les terroristes de la secte islamiste Boko Haram, et dans sa partie occidentale par la guerre de sécession à laquelle se livrent forces séparatistes de l’Ambazonie et forces gouvernementales ont à cœur de préserver autant que faire se peut, ce qu’il reste de semblant de stabilité, en évitant l’implosion totale du pays dont les nuages menaçants se dessinent à l’horizon, d’une part, tout en gérant conséquemment avec sagesse la frustration née du coup de force électoral d’inspiration juridico-politico-gouvernemental dont ils sont en train de faire l’objet, d’autre part.
Cela suppose deux choses :
1. Utiliser toutes les ressources morales et intellectuelles dont ils disposent pour empêcher que les “hémophages”(1) et cannibales qui se pourlèchent déjà les babines à l’idée qu’ils vont pouvoir se ressourcer suffisamment en sang humain et en vies humaines anéanties, dans la perspective d’une déferlante contestataire qui leur donneraient l’occasion de faire valoir la force de frappe de leur armée –actuellement massivement déployée et sur les dents- sur des civils désarmés. En d’autres termes, l’armée devra être obligée de rentrer dans les domiciles des Camerounais pour les tuer si tant est qu’elle veut continuer de servir fidèlement le maître qu’elle s’est choisi, mais ne devra pas prétexter de la préservation de l’ordre public induite par des actes de vandalisme. Pour tout dire, à défaut d’éteindre le brasier de l’Ambazonie, il faudra éviter d’embraser de rééditer ce qui se passe dans le reste du Cameroun ;
2. Prendre cependant toutes ses responsabilités pour arracher définitivement sa liberté confisquée par celui qui voudrait que la postérité retienne de lui le souvenir de celui qui « a apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun », en ne laissant pas le moindre répit à la junte militairo-policière à direction civile installée au pouvoir à Yaoundé.
Me Fidèle Djoumbissié était l’un des membres du pool des avocats du candidat Kamto lors du contentieux électoral
C’est dans ce sens que l’on pourrait inscrire la perspective évoquée par Me Fidèle Djoumbissié, avocat et conseiller municipal MRC de la commune de Douala 1er, que Maurice Kamto porte l’affaire de la troublante élection présidentielle camerounaise de 2018 devant les instances juridictionnelles internationales (régionales ou onusiennes).
En effet, après avoir marqué sa déception suite à la décision du Conseil Constitutionnel de rejeter la requête en annulation partielle de l’élection dans certaines villes du Cameroun réparties sur 7 régions introduite par Maurice Kamto, Me Djoumbissié qui a relevé à juste titre que le système électoral est « fait pour le maintien de Paul Biya au pouvoir », a évoqué la possibilité que l’affaire ne s’arrête pas là où le Conseil Constitutionnel croit l’avoir laissée, fort de ce qu’aux termes des lois camerounaises, ses décisions sont insusceptibles de recours : « Nous allons aux instances internationales, ce sera pour indiquer qu’il y a quelque chose qui ne se passe pas bien au Cameroun, et que la volonté populaire soit respectée », a déclaré Me Djoumbissié, cité par camerounweb.com (Cf. Victoire de Kamto: Me Fidèle Djoumbissie montre la voie à suivre).
En effet, pour ne pas sortir du registre de la métaphore sportive impulsée par le véritable vainqueur de l’élection présidentielle du 7 octobre avec son fameux penalty tiré et à coup sur marqué, mais invalidé par l’arbitre qui a refusé de tenir compte des alertes données par les arbitres assistants vidéo –(VAR), pour son acronyme anglais plus connu référant à Video Assistant Referees-, l’équipe lésée peut, après épuisement des voies de recours internes, en référer au Tribunal Arbitral du Sport (TAS).
Faut-il alors rappeler que les chartes et traités internationaux – beaucoup plus lucides, en tout cas moins injustes – signés et/ou ratifiés par le pays du président Paul Biya, ont prééminence sur les lois iniques du Cameroun taillées sur mesure pour ses dirigeants à vie ?
Ce sera l’occasion de vérifier par exemple que lorsque l’Article 5, alinéa 1 de la Loi n°2004/005 du 21 avril 2004 fixant le statut des membres du conseil constitutionnel stipule que « Les membres du Conseil Constitutionnel doivent s’abstenir :
– d’occuper au sein d’un parti ou d’une formation politique, d’une association partisane ou syndicale, tout poste de responsabilité ou de direction et, de façon plus générale, de faire apparaître de quelque manière que ce soit leur appartenance politique ou syndicale », il n’est pas besoin, pour refuser de faire droit à la demande du requérant,. de convoquer partiellement (et partialement) le lointain article 18 de la loi évoquée supra, stipulant quant à lui que « le Conseil Constitutionnel, statuant à la majorité des deux tiers de ses membres, peut d’office ou à la demande de l’autorité de désignation, mettre fin, au terme d’une procédure contradictoire, aux fonctions d’un membre qui aurait méconnu ses obligations, enfreint le régime, des incompatibilités ou perdu la jouissance de ses droits civils et politiques, conformément aux modalités fixées par son règlement intérieur », quand le Conseil Constitutionnel est saisi d’une requête en récusation de ses membres dont les fonctions au sein d’un parti politique sont avérées, ou de ceux dont les prises de position font apparaitre leur appartenance politique, sous prétexte que seule l’autorité de désignation peut régler la question, alors que le Conseil sait pertinemment que pour le cas d’espèce, ladite autorité de désignation a intérêt à ce que la composition de son Conseil Constitutionnel reste en l’état.
Et partant de là, la composition du Conseil Constitutionnel devant indubitablement être remise en cause, les décisions de celui-ci -relatives au dernier contentieux électoral- se révéleront – en toute conséquence – nulles et non avenues ; le contentieux électoral devra repartir de zéro… et… et….