Le dictateur camerounais veut contraindre les élèves et enseignants syndiqués anglophones à réintégrer les établissements scolaires dans les “meilleurs délais”
Cela amènerait tout naturellement à porter un regard critique sur l’état du système éducatif au pays de Paul BIYA.
Voici la description qu’en fait le journaliste d’investigation Boris BERTOLT:
“ÉCOLE, ÉCOLE, Minalmi, FICHEZ LE CAMP AUX ANGLOPHONES AVEC VOTRE MORALE A DEUX BALLES.”
L’école a pour mission de réduire les inégalités sociales, l’école a pour objectif de donner plus de chances à ceux qui ne sont pas nés avec une cuillère en or dans la bouche d’avoir des positions sociales, l’école promeut l’égalité des chances, l’école permet à un citoyen de défendre avec fierté les valeurs de la société à laquelle il appartient, l’école doit rendre les pauvres fiers d’avoir permis à leurs enfants d’avoir une statut social, l’école permet aux riches de pouvoir construire et accroître leurs richesses sur le long terme par le travail et non sur la corruption, le népotisme , le tribalisme et le trafic d’influence.
Voilà quelques valeurs de l’école, lorsque l’école dans un pays ne répond pas à cet objectif elle ne vaut pas la peine.
Au Cameroun, des parents investissent des millions sur des enfants qui après cinq années d’études supérieure se retrouvent sans emploi.
Au Cameroun des familles se battent pour envoyer leurs enfants à l’école qui après leurs études doivent débourser des millions de Francs Cfa pour pouvoir obtenir un concours sans avoir la certitude que cet enfant trouvera du travail.
Au Cameroun, des élèves et étudiants brillants achèvent leurs études mais ne trouvent pas d’emploi parce que les emplois qui les reviennent sont occupés par les moins brillants.
Au Cameroun, des faux diplômés se trouvent dans toutes les sphères de la République pendant que les vrais diplômés sont des subalternes.
Au Cameroun, ceux qui sont allés à l’école sont plus pauvres que ceux qui n’y sont pas allés parce que ces derniers volent l’argent de la République et narguent le peuple.
Voilà la réalité de l’école au Cameroun.
Vu sous cet angle, l’école ne sert à rien si elle ne peut pas contribuer à construire une société plus juste, plus égalitaire, plus respectueuse des valeurs.
Un parent anglophone qui envoie son enfant à l’école alors qu’il est bien conscient que ses compatriotes se battent pour le futur de cet enfant est un parent irresponsable. Il est considéré comme un traître par ceux qui mènent cette lutte. Or la trahison est condamnée dans toutes les luttes. C’est la trahison qui a tué l’UPC chez les francophones et après leurs fuites, ses leaders ont été hébergés au Southern Cameroon chez nos frères anglophones.
Je respecte le combat des anglophones, je comprends leurs revendications, et j’appelle les parents à réfléchir à beaucoup plus de responsabilités, tout en condamnant les brutalités dont certains élèves innocents ont été victimes ce jour. Ce sont des situations qui se produisent en contexte de revendication.
En 2005, lorsque nous étions étudiants, nous avons été obligés de vider des amphis, parce que certains étudiants se croyant au dessus de la mêlée voulaient faire cours pendant que leurs camarades étaient en grève de la faim pour des revendications qui profiteraient à toute la communauté estudiantine. Nous avons parfois chassé des étudiants, moins brillants que certains, mais qui pendant la grève s’amenaient avec leurs sacs à l’école.
Soyons moins égoïstes. On peut sacrifier quelques jours de sa vie, pour bénéficier d’un futur meilleur.
Par Boris Bertolt, Journaliste d’investigation