Si l’ONU avait respecté ses propres textes, notamment l’article 76 (b) de la Charte des Nations Unies et la résolution 1514 du 14 décembre 1960 qui prescrivaient chacune l’accession des territoires sous sa tutelle ou sous domination étrangère à l’indépendance sans conditions, on n’en serait pas à la crise en cours dans le Southern Cameroon.
En soumettant le Southern Cameroon le 11 février 1961 à un plébiscite pour une indépendance « en se joignant à la République du Cameroun ou à la fédération nigériane », une indépendance sous condition, l’ONU a violé les dispositions et résolutions suscitées. Lors du vote de la résolution 1608 des Nations Unies le 21 avril 1961 portant sur l’indépendance du Southern Cameroon, la 3e étape du vote, qui portait sur la signature d’un traité de l’Union entre la République du Cameroun et le Southern Cameroon pour une union fédérale, a recueilli 50 voix pour le OUI, 21 pour le non et 6 abstentions.
Mais l’ONU n’a pas veillé à ce que lors de la conférence de Foumban du 17 au 22 juillet 1961, ce traité de l’Union soit signé et déposé à son secrétariat conformément à l’article 102 de sa Charte. Sans ce traité de l’Union, la résolution 1608 est considérée comme en attente d’application et le Southern Cameroon comme un territoire encore sous sa tutelle mais occupé par la République du Cameroun voisine depuis le 30 septembre 1961 qui, illégalement, en a fait une de ses régions.
C’est pourquoi il est urgent que ce soit l’ONU qui intervienne. Ainsi, elle se donnera une occasion de se rattraper. D’abord sur le plan militaire. Au regard de la dégradation de la situation socio-politique et humanitaire dans cet autre Cameroun, il est important que le Conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution en vue du déploiement des Casques Bleus qui serviront de force d’interposition entre belligérants et éviteront plus de victimes parmi les civils.
La récente déclaration des Etats-Unis condamnant les « assassinats ciblés » de l’armée camerounaise ainsi que les exactions des mouvements indépendantistes anglophones sur des militaires et des administratifs est bon signe. Du moins espérons-le. Mais il faut des actes concrets. Il faut que le peuple du Southern Cameroon soit rétabli dans son droit à l’autodétermination confisqué depuis 57 ans par les régimes Ahidjo et Biya au Cameroun, en complicité avec la France.
Pour ce faire, d’autres mesures importantes doivent être prises en plus de l’intervention militaire onusienne :
1-le démantèlement de toute l’administration et du dispositif sécuritaire déployés par les autorités de la République du Cameroun (ex-Cameroun oriental français) dans le Southern Cameroon depuis le 30 septembre 1961 ;
2-l’organisation par un comité consultatif international sous l’égide de l’ONU, de l’Angleterre et du Commonwealth d’élections générales auxquelles prendront part uniquement les ressortissants du Southern Cameroon ;
3-Signature d’un traité de l’Union entre les autorités élues du Southern Cameroon et celles de la République du Cameroun en vue de la mise en place d’une fédération à deux Etats aux pouvoirs égaux, conformément à la résolution 1608 des Nations Unies ;
4- création d’un comité réunissant les représentants des deux Camerouns en vue de la rédaction d’une constitution fédérale.
Rappelons aussi que suivant l’article 76 (b) de la Charte des Nations Unies, le Southern Cameroon a aussi le droit de revendiquer l’indépendance totale si le régime de Paul Biya refuse de se plier à la nécessité de la mise en place d’une union fédérale entre les deux Camerouns.
Par Michel Biem Tong, Web journaliste à www.hurinews.com