Affaire Rebecca Enonchong
Quelle est donc cette expression bateau “outrage à magistrat” – une de plus – décrétée par un magistrat (qui ressemble moins à un homme de loi qu’à un feyman) à l’endroit d’une célèbre entrepreneure dans le cadre de son obscure interpellation?
Les interprétations et applications multi- fantasmagoriques de la loi au Cameroun sont factuelles et légendaires. Et le titre autoproclamé d’État de droit est depuis des lustres une invention dont les contours se limitent exclusivement à la littérature juridique.
L’ensemble des faits, en lien avec une application fantaisiste de la loi, qui poussent sur le terrain comme des champignons, auto-déconstruit en tout premier lieu la légitimité de son statut de ‘république’ avec en tête le leurre de l’architecture “institutions”, le cas échéant sa figure de proue, la Justice.
Le pluralisme juridique qui fait cohabiter le droit coutumier avec les droits anglais et français hérités de la colonisation, est en vérité dominé par une “juridiction” fondamentalement mafieuse qui se distingue par une gestion “sans foi ni loi” dont les affaires croulent quotidiennement sous le poids de l’impunité.
Une fière “Afrique en miniature” qui n’est aujourd’hui plus qu’un Goliath aux pieds d’argile, bousculé par un David qui découvre des pieds d’acier dont les stratégies de dépossession depuis plus de 60 ans ont échoué.
Au nom de la traditionnelle gestion par la diversion, le système qui prévaut, qui ne sait s’imposer à travers l’absurde, décrète que David est responsable du désordre du ravalement progressif de Goliath par les sables mouvants.
Au lieu d’assumer la présence incontournable de la lune, la devise tout azimut est de légitimer à tout prix l’éradication du doigt qui la pointe.
Entre tentative de feymania et délit monté de toute pièce, Rebecca Enonchong n’est qu’une énième victime, ni plus ni moins. Elle est célèbre et a des appuis, heureusement pour elle.
Que le régime de Yaoundé s’en soit pris à Rebecca Enonchong en particulier, là n’est pas le problème. Bien que le status économique de la dame n’est certainement pas étranger au harcèlement infligé.
Mais l’application fantasmagorique et les intrusions mafieuses d’un pouvoir judiciaire qui n’en a cure de la justice, comme pour tou-s/-tes les autres avant elle (et après elle!), y compris les victimes de disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires, doivent être reconnus par l’opinion publique internationale comme des crimes contre l’humanité.
A moins que ne soit officiellement retiré à ces crimes leur valeur universelle, dans un monde où la vie humaine fait de toute évidence l’objet d’un classement à deux vitesses.