Bonne nouvelle….le journaliste Ahmed Abba est libéré, comme Patrice Nganang le sera aussi inéluctablement.
Nous ne pouvons simplement pas nous résigner devant un arbitraire moyenâgeux pratiqué par une tyrannie qui procède par l’intimidation et le chantage pour essayer de contraindre toutes les voix dissonantes au silence. Il faut sur ce plan plaindre celles et ceux, notamment universitaires proches du régime de Yaoundé, qui trouvent une justification à ces séquestrations répétitives.
En effet, pour pour un régime qui a depuis plus de trois décennies dû dépenser des milliards pour consolider sa façade cosmétique dite de démocratie apaisée, force est de constater qu’elle trimbale encore de bien « mauvaises optiques», au point que nous sommes amenés à nous demander si la dictature de Paul Biya ne s’est pas bonnement et simplement faîte escroquer par tous ses différents charlatans de communicants payés si chers pour d’aussi mauvais résultats.
L’optique, la science de la lumière, des lentilles, et de la vue, a cédé la place dans l’usage ou l’imaginaire populaire à «la façon dont une situation, un événement, ou un cours d’action est perçu par le public». « Optique » décrit aussi involontairement la déconnexion de la politique de la réalité des gens ordinaires.
Car arrêter Ahmed Abba puis le Dr. Patrice Nganang correspond à la définition classique de la «mauvaise optique». En fait il est vraiment déconseillé dans un monde intégré de capturer un journaliste travaillant pour Radio France Internationale (RFI), notamment pour un régime qui s’est autant asservi tout le long de son existence politique à la France et aux intérêts français. Ensuite pour une «démocratie apaisée », il est tout aussi mauvais de séquestrer un journaliste qui bénéficie d’une couverture internationale telle que celle dont Ahmed Abba a pu jouir de Radio France Internationale (RFI).
L’enlèvement du Dr Nganang est également désastreux. Il a mis le régime de Paul Biya dans de sales draps sur la carte mondiale et a généré une couverture de presse internationale déplorable pour un dictateur aussi sensible à son image que Paul Biya. En effet, Ahmed Abba et le Dr Nganang sont tous les deux des personnalités au rayonnement international, qui ont exposé le visage autoritaire et terrifiant d’un régime qui a pourtant tout fait au cours des 35 dernières années pour ne pas générer de «mauvaises optiques».
Ils ont maintenant fait, et qui doit-on blâmer pour cela?
Le régime de Yaoundé doit comprendre que, pour vendre une «démocratie apaisée», il faut être prêt à prendre quelques coups. Vous ne jetez pas les gens en prison parce que vous n’aimez pas ce qu’ils disent. De nos jours la plupart des citoyens du monde comprennent parfaitement la démocratie, entre autre, comme l’exercice de la liberté d’expression. Il devient alors suicidaire quand vous essayez désespérément de vendre une «démocratie apaisée» de réprimer la liberté d’expression. Quelles types d’impressions et de réactions pouvez-vous donc générer en faisant cela? La détention arbitraire de Ahmed Abba et l’enlèvement de Patrice Nganang décrivent en ce sens un régime qui a scellé son destin d’une manière telle que son cerveau reptilien ne pouvait pas le refréner. C’est l’illustration même que le pouvoir absolu rend les gens plus stupides!
Ce manque et refus quai obsessionnel de toute confrontation aux idées démocratiques rend un très mauvais service au régime de Paul Biya. Ils montrent un régime aujourd’hui mal équipé pour débattre avec des adversaires qu’il ne comprend pas véritablement. Il doit apprendre à écouter ce que les gens disent, puis comprendre ce qu’ils pensent réellement, et ne pas se contenter par paresse intellectuelle et formatage réactionnaire de coller systématiquement un sens imaginaire à ce qu’ils disent et pensent.
À travers ces drames le CL2P voit le refoulement [contre Abba et Nganang] comme une transposition de l’état du discours politique au Cameroun. Il est déprimant de voir le faible niveau intellectuel, le manque de réflexion de fond, et le refus de s’engager ainsi amplifiés par un régime tyrannique inexorablement voué à l’échec.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques
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English version
Cameroon: Appeased Democracy and Bad Optics
Good news …. The journalist Ahmed Abba will be released, as Patrice Nganang will be so inevitably.
We simply cannot resign ourselves to a medieval arbitrariness practiced by a tyranny that proceeds by intimidation and blackmail to try to force all dissonant voices to silence.
In this respect, it is necessary to pity those, especially academics close to the Yaoundé regime, who find justification for these repetitive sequestrations.
Indeed, to argue that for a regime who has had to spend millions to shore up its cosmetic façade of appeased democracy, there are many “bad optics” coming from that regime to the point that we have to ask ourselves if they are being swindled for the money by the communicants they are paying a lot of money for their services.
Optics, the science of light and lenses and sight, has given way in popular use to the sense of “the way in which a situation, event, or course of action is perceived by the public. “Optics” also unwittingly describes politics’ disconnect from people’s reality
Indeed, arresting Ahmed Abba and then Dr. Patrice Nganang is the textbook definition of “bad optics.” It is actually looks really bad to capture a journalist working for Radio France International for a regime which has spent its entire political life being subservient to France and French interests. Then, for an “appeased democracy” it really looks bad to kidnap a journalist who has the kind of exposure Ahmed Abba had through Radio France.
The kidnapping of Dr. Nganang is equally disastrous. It put to Biya’s regime on the global map in really bad light and brought back disastrous international press coverage for a regime so touchy about its image. Indeed, both Ahmed Abba and Dr. Nganang are now international figures featuring terrible authoritarian face of a regime which has done everything in the past 35 years not to generate “bad optics.”
They now did and who is to blame?
The regime of Yaoundé has to understand that, in order, to sale an “appeased democracy” you have to be willing to take some hits for it. You just do not lock up folks because you do not like what they say. Most people understand democracy as the exercise of free speech, it really looks bad when you are trying to sale “appeased democracy” by cracking down on free speech. What kinds of impression are you trying to generate by doing that? Ahmed Abba and Patrice Nganang’s arrest described a regime which has sealed its fate in ways that its forebrain could not process. It is the realization that absolute power makes people stupider!
This lack of exposure to democratic ideas does them a serious disservice. It shows a regime today poorly equipped to debate an adversary one doesn’t understand. You have to learn about what people actually think and not rely on a fantasy sense of what they think.
For his part, the CL2P sees the pushback [against Abba and Nganang] as a commentary on the state of political discourse.’It’s depressing to see the low intellectual level, the lack of reflection, the unwillingness to simply engage with the very pragmatic case they are making. It turns out the Biya’s regime got to fight against this kind of self-satisfied expression of their political id.
The Commitee For The Release of Political Prisoners