Au Cameroun un patron de presse peut, pour peu qu’il bénéficie de la couverture de certains pontes du régime, s’offrir le luxe de faire filmer des journalistes par les cameras de sa télé, pieds nus, menottés; les faire embarquer dans un pick-up de cette même télé (et non de la police), et les faire garder à vue à la police puis écrouer à la prison centrale de Kondengui sans émouvoir personne.
Détention arbitraire: le journaliste David Eboutou (photo) entame une grève de la faim dès lundi 28 novembre 2016 à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé
L’intégralité de son message:
“Bonjour,
Je viens par ce message vous informer que dès lundi 28 novembre 2016 à 5heures 30mn, j’entrerai officiellement en grève de la faim (sans manger ni boire de l’eau), afin de mettre un terme à toute cette injustice, à toute cette souffrance, à toute cette barbarie dont je suis victime.
Depuis 5 mois, je suis injustement privé de liberté et déshumanisé.
J’ai utilisé les voies légales telles que prévues par les lois de la République espérant pouvoir obtenir au minimum ma liberté.
J’ai cru aux institutions de la République, J’ai cru aux lois de mon pays, j’ai cru que nous étions dans un pays qui avait le devoir régalien de protéger ses concitoyens, mais je découvre que nous sommes dans un pays où un individu peut se payer le luxe, à coups de millions et de trafic d’influence, d’enfermer qui il veut et comme il veut.
Je ne peux plus supporter cette douleur, je ne peux plus vivre ce cauchemar.
J’ai épuisé l’ensemble des moyens matériels, financiers, psychologiques à ma disposition. Ils m’ont pris une partie de ma jeunesse, de ma vie, il ne me reste plus qu’à me battre une dernière fois. Si je perds de là bas je dirais que je me suis battu.
J’aimerai que vous sachiez que je suis innocent. J’aimerai que vous sachiez que j’ai cru en ce pays et ses institutions. J’aimerai que vous sachiez que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir et à la limite de mes pauvres moyens et ceux de ma famille pour garder espoir.
Considérez ce message comme l’ultime combat que je vais mener pour que ma dignité, mon honneur, ma liberté me soient restitués.
Amicalement”
David Eboutou, journaliste