L’emprisonnement d’un couple d’anciens hauts dignitaires d’un régime illégitime et impopulaire comme celui de Paul Biya, à quelques jours d’intervalle, indépendamment des charges qui pèsent sur lui, suppose que les magistrats ont préalablement pris le soin de mesurer toutes les conséquences induites par une telle privation collective et humiliante de liberté.
Je sais combien la tentation au lynchage et à la vengeance est tenace au Cameroun.
Pour autant il faudrait que chacun fasse l’effort visiblement surhumain dans ce pays, d’imaginer le traumatisme ainsi infligé non seulement aux deux accusés mais aussi à leurs descendants, pour comprendre pourquoi de vrais états de droit auraient sans doute privilégié d’autres mesures de substitution à cette détention provisoire immédiate, en l’absence ou dans l’attente d’un jugement.
Mais la volonté d’humilier voir de tuer est tellement prégnante dans les rangs des différents clans en guerre ouverte au sein du régime dictatorial de Yaoundé, que toutes les autres considérations humaines sont d’emblée balayées d’un revers de la main.
C’est cela le processus d’ensauvagement généralisé dans un État.
JDE
[spacer style="1"]
SALE TEMPS POUR BERNADETTE MEBE NGO’O À KONDENGUI
Personne n’aimerait certainement se trouver à la place où le couple Mebe Ngo’o se retrouve aujourd’hui. On aurait dit que ce couple subit depuis pratiquement une semaine les effets d’une malédiction qui a décidé de s’abattre sur eux de la manière la plus violente.Tenez,après l’époux, qui a rejoint il y’a seulement trois jours la prison centrale de Kondengui avec au passage une séquence d’humiliation marquée par des descentes musclées dans ses domiciles de Nkolfong par Zoetele et de Koweït City,voici venu le tour de l’épouse de rejoindre également son époux dans cette géhenne vivante qu’est la prison centrale de Kondengui.
Si l’ancien tout puissant MINDEF a eu le “bonheur ” d’arriver à Kondengui tard la nuit,évitant de ce fait les regards de ces milliers de pensionnaires qui se confondent aux gueux, Bernadette, malheureusement aura été confrontée à la dure réalité de subir la douleur qui réside dans cette autre humiliation qu’il ya à arriver en plein jour dans ce pénitencier. C’est le moment où tout le personnel pénitencier est encore présent et surtout le moment où la plupart des détenus n’ayant pas encore rejoint leurs quartiers traînent encore dans la cour administrative appelée ici cour d’honneur.
C’est donc aux environs de 17 heures que Bernadette Mebe Ngo’o,vêtue d’une robe en bazin de couleur jaune et d’un foulard violet, frôle l’entrée de la prison centrale de Kondengui. Elle est conduite dans le bureau du régisseur qui,après un bref entretien la fera accompagner dans le petit bureau qui jouxte le sien et qui abrite les services du greffe de la prison afin de procéder à sa nouvelle identification qui l’accompagnera durant tout le temps qu’elle y passera dans ce lieu.
Une fois terminée cette phase,l’on fait venir une jeune infirmière gardienne de prison pour lui prélever ses paramètres à consigner dans son bulletin de santé .C’est à ce moment précisément que Bernadette s’effondre en larmes.En fait,elle venait de se rendre compte qu’elle faisait l’objet d’un véritable festin de regard et de chuchotements aussi bien de la part des gardiens de prison que des détenus qui traînaient par là. Elle n’empêchera pas ses larmes de ruisseller malgré le mouchoir que va lui tendre à plusieurs reprises la jeune infirmière occupée à l’entretenir .
Aux environs de 18 heures, deux gardiens de prison viennent lui faire signe de les suivre à la grande cour de la prison afin qu’elle aille prendre ses quartiers.Mais au lieu de prendre la route du quartier feminin, les gardes la conduiront plutôt dans la salle réservée à l’atelier de couture collée au quartier 13 ou était logé Marafa Hamidou Yaya avant sa mutation pour le SED.
La raison de cet arrêt momentanné est toute simple.Le quartier 5 qui est un quartier exclusivement réservé aux détenues femmes est saturé. Ce quartier compte 07 locaux.L’effectif total ici tourne autour de 300 pensionnaires femmes,ce qui oblige la plupart à dormir dans la petite cour intérieure dudit quartier sur des nattes et des tissus.Sur les 07 locaux que compte ce quartier, 05 sont considérés comme le Kosovo c’est-à-dire réservés au tout venant et les deux autres réservés à celles des détenues jouissant soit d’un certain confort financier ou d’un statut social reconnu. Dans les 05 premiers locaux ,on retrouve parfois 30 à 40 femmes qui dorment dans un seul local avec deux qui partagent le même petit matelas d’une place,d’où la forte recrudescence du lesbianisme ici.Les deux autres locaux 6 et 7 dits VIP, eux contiennent 14 personnes par local .
C’est donc cette raison qui amène les autorités pénitentiaires à marquer un arrêt avec Bernadette Mebe Ngo’o dans la grande salle de couture en attendant de lui frayer une place dans cette petite jungle du quartier 5.
30 minutes plus tard ,c’est-à-dire aux environs de 18h30, une place a pu être trouvée au local VIP 6 du quartier 5.On à fait muter une jeune dame dans un autre local pour céder la place à Bernadette , sauf qu’elle ne sait pas encore ce qui lui attend.Elle n’était là qu’au début de ses surprises.
Le temps pour elle de prendre sa valisette et de suivre les gardes qui l’accompagnent,elle longe le mur du quartier spécial 14,collé au quartier 5, ou est détenu son prisonnier d’époux et se retrouve désormais devant le petit portail qui donne au quartier 5 dit quartier feminin et appelé par les détenus de kondengui “Le Ngass”, c’est alors que quelque chose de traumatisant va se produire pour elle.
En fait,toutes les prisonnières du quartier 5 étaient sorties de leurs locaux et avaient pour certaines des couvercles de marmites ,des cuillères, des babouches ,pour d’autres des balais et autres ustensiles de cuisines et en choeur, à la vue de Bernadette ,vont se mettre à crier de façon hystérique : ” Voleuse ! Voleuse ! Voleuse ! ! “
Alors que les gardes, débordés essayent de les en dissuader par des menaces,nos détenues femmes comme envoûtées s’adonnent de plus belle à cet exercice , et cette fois là, on pouvait entendre des :” Houhouhou voleuse ! Houhouhou voleuse! Houhouhou voleuse!”
Ces cris moqueurs des autres femmes auront été si forts que le signal va être donné au mirador central pour déclencher l’alarme. Quelque temps après ,sans que le calme ne soit véritablement revenu, les gardes réussiront à se frayer un passage dans cette petite cour intérieure du quartier 5 pour aller installer Bernadette Mebe Ngo’o dans le local 6 tout en lui demandant de garder sa maîtrise mais trop tard.
Se croyant dans un mauvais rêve qui n’en finissait pas,elle va encore s’effondre en larmes cette fois là, en poussant des grands cris effroyables! Lassés de la consoler,les pauvres gardes finiront par solliciter l’intervention du régisseur pour venir calmer la nouvelle pensionnaire.Exercice qui ne sera pas aisé jusque tard dans la nuit!
Par David Eboutou
[spacer style="1"]
La nouvelle vie de Bernadette et d’Edgar Alain Mebe Ngo’o , par BORIS BERTOLT .
BERNADETTE MEBE NGO’O DESHABILLEE DANS LA COUR DE KONDENGUI DEVANT SON MARI CE JOUR. par BORIS BERTOLT.
Sil y’a un homme dont le ciel d’airain est tombé sur la tête ces derniers jours, c’est bien Edgard Alain Mebe Ngoo alias bebé dog. L’homme vient de se rendre à l’évidence qu’on est jamais assez fort pour être le principal maitre de son destin .Depuis vendredi dernier à 23heures précises, sa mine selon nos contacts à kondengui en dit long sur ses cogitations qui agitent sa tête et qui hantent désormais ses pensées à chaque seconde.
D’abord,Mebe Ngoo n’a jamais pu imaginer se retrouver à la prison centrale de Kodengui. Lui qui a été l’un des principaux ouvriers de l’opérationnalisation de l’opération Epervier n’avait jamais pu imaginer qu’un jour, il rejoindrait ses nombreuses victimes et pire encore, qu’il cohabiterait avec la plupart d’entre eux dans un même quartier de la prison.
En effet, la première surprise de Bebe dog aura été de se voir conduire dans le petit local 3 du quartier spécial 14 qu’occupait jusque-là tout seul le professeur Mendo Ze. C’est à plus de minuit effectivement qu’il découvre son nouvel appartement et son nouveau colocataire. Le Professeur allongé avec un drap vert au niveau des pieds a les yeux ouverts à cette heure de la nuit quand le régisseur et deux gardiens de prison sonnent à la porte de sa petite chambrette. Ils s’entendent alors répondre « c’est ouvert » de la part du professeur. Ce dernier n’est pas du tout surpris lorsqu’il voit entrer son frère du Dja et Lobo vêtu d’un boubou blanc avec les mains croisées à l’arrière. Il avait déjà été prévenu par le régisseur qu’il cohabiterait desormais avec un de ses freres.
Une fois à l’intérieur, deux gardiens de prison s’empressent de faire rentrer les deux valises de l’ancien MINDEF en les serrant près de la petite porte qui mène aux toilettes. Le temps pour le régisseur de prendre congés d’eux, le professeur Mendo s’emballe aussitôt de nouveau dans son petit drap feignant de n’avoir pas vu son hôte du soir. Mebe Ngoo visiblement gêné va s’assoir sur son petit lit d’une place et ayant baissée la tête va y rester près d’une heure, avant qu’il ne se resolve finalement à oter ses chaussures légères de ses pieds et de grimper sur son lit.
Sans se couvrir, il restera allongé jusque dans les environs de 9 heures le samedi jusqu’à ce qu’il entende une petite voix lui dire « Ma ke Messe.Mendim me ne ewobone ». Cest le Professeur Mendo Ze épris de compassion qui lui avait indiqué le chemin des toilettes avant que lui,ne s’en aille pour les petites messes catholiques de samedi à Kondengui .A sa surprise, il entendit une petite voix lui dire « Akiba ». C’était Alain comme l’appelle Mendo Ze qui répondait ainsi timidement. Ohh le pauvre.
Cette journée-là, Mebe Ngoo ne put sortir du lit qu’aux environs de 13heures. Il s’agissait d’un réveil au forceps c’était son ami et voisin le plus proche, détenu au local 2 du même quartier, Atangana Kouna alias Don Basilio qui avait poussé sa porte en s’écriant « Alain !» pour le sortir de son sommeil. Feignant un sourire, Mebe Ngoo se lève et serre de la tête d’Atangana Kouna avec qui il passera près de trois heures de temps cest-a dire jusqu’aux environs de 17heures. Mebe Ngoo venait d’avoir un premier réconfort. Aux environs de 18 heures, un intendant de prison rentre dans le quartier avec un petit sac bleu pour lui remettre de la nourriture sans manquer de lui dire d’où elle venait. Il ira directement se coucher et se replonger dans ses soucis après son repas et voici venu dimanche.
Pour ceux qui connaissent comment ca se passe à kondengui le dimanche, cest la journée des cultes ou tous les détenus rejoignent leurs différentes obédiences. Les Catholiques confondus se retrouvent tous à l’estrade du quartier 3 pour le culte, les églises de réveil se partagent la grande salle des mineurs au quartier 13 (bis) et les protestants se retrouvent au quartier 1. Justement , Mebe Ngoo qui est protestant restera couché alors que tout le quartier spécial 14 se vide pour le culte à l’exception de Iya Mohammed qui est musulman.
L’AMI DON BASILIO
Apres le culte, Mendo ze retrouvera son co-chambrier allongé sur le lit et suivant les informations sur France 24. Neanmoins, Mebe Ngo’o lui lancera quand meme : « Ye Sondo A mane ya ? » (la messe est finit ?) et MENDO ZE de repondre « Bia tabe ki ayap sauf eyong bi bili bone be ceremonie» (On ne dure pas sauf quand on a des cérémonies). Cette journée passera également sans heurts. Précisons tout de même qu’encore une fois, il reçut néanmoins la visite de Don Basilio aux environs de 19h.
Voici venu le lundi.
Une fois la matinée du lundi arrivée, l’ancien Mindef se décide enfin de sortir de son local et vetu d’une gandoura blanche, il interroge deux des petits majordomes du quartier 14 qui servent à l’entretien de la vaisselle et autre nettoyage de sol des pensionnaires de ce quartier contre petite récompense en fin de chaque semaine. C’est à ce moment ou il s’entretient avec ces deux garçons que l’ancien ministre de la santé vient à passer par là. Mebe Visiblement gêné essaye d’esquisser un sourire mais, le Dr Urbain Olanguena Awono a tôt fait de vite passer comme si devant lui, il n’y avait que de l’air. Mebe Ngoo conscient qu’il a bel et bien été aperçu par Olanguena rentre rapidement dans le local et y reste jusqu’à la visite de Don Basilio à qui il s’empresse de raconter cette situation. Quelques temps apres, Don Basilio sort du local 3 pour arpenter l’escalier qui mène vers la chambre de Urbain Olanguena. Nul ne doute que c’était pour aller lui demander de fléchir un peu sur ses positions contre l’ancien Mindef puisque tous se retrouvent aujourd’hui victimes.
Toujours est il que le lundi soir arrivé, les nombreux regards que l’on voit Mebe Ngoo jeter au travers de la porte et parfois interpelant un des majordomes comme pour se renseigner sur quelque chose en disent déjà long sur le pressentiment concernant son épouse Bernadette qui arrivera effectivement à Kondengui aux environs de 17h30.Il ne pourra plus supporter cela et se retournera donc dans sa chambre après avoir croisé le regard de l’ancien Ministre d’Etat SGPR ,Jean Marie Atangana Mebara qui bizarrement fera également comme si il n’y avait personne devant lui. Il passera tout près de Mebe Ngoo sans pouvoir se retourner pour apercevoir une présence humaine à ses cotés .
Pourtant et paradoxalement selon ce qui nous revient de Kondengui, un neveu de l’ancien SGPR MEBARA qui était allé rendre visité à son oncle ce même jour, après avoir raconté à son oncle qu’une certaine écrivaine du nom de Calixte Beyala avait relayé l’information selon laquelle il y’avait eu une bagarre entre lui et le nouveau venu Mebe Ngoo se verra donner cette réponse par MEBARA : « Filston, il faut beaucoup prier pour cette dame, pour qu’elle ne connaisse jamais la prison. Surtout la prison au Cameroun » Il ajoutera même qu’il avait adressé la même prière à Dieu pour le cas de son jeune frère Mebe Ngo’o mais que Dieu ne l’a pas exaucé. Pour finir, Mebara confiera à son neveu qu’il s’étonne de ce lynchage à l’endroit de quelqu’un qui vient d’être aussi durement frappé, au delà des espérances de ses pires ennemis ?
LA RENCONTRE AVEC BERNADETTE
Mebe Ngo’o de son côté,lui, venait de se rendre compte qu’il va vivre une prison dans une prison. Vivre avec des voisins qui ne vous adressent pas la parole mais, le plus dur pour lui, c’est l’entrée de ce jeune gardien de prison qui accoure vers lui pour lui dire « Monsieur le Ministre, votre femme est déjà là ».Bien entendu il sait que ce n’est pas pour une visite de courtoisie. C’est pourquoi il rentre dans son local tout effondré et ceux qui l’apercevront ce matin remarqueront qu’il avait les yeux tout rouges tels des boules de feu. Il a dut couler les larmes à l’annonce de l’arrivée de son épouse.
Ce jour Mardi , arrive également avec son lots de surprises. En effet, dés le matin,Mebe Ngo’o vetu d’un ensemble Afritude s’empresse de demander à Mendo ZE comment s’y prendre pour rencontrer son épouse. Ce dernier lui demande de se rapprocher de l’administration, habilitée elle seule à donner une autorisation pour que des couples officiellement mariés puisent souvent se voir en prison. Il s’empresse donc de rédiger une doléance à l’endroit du régisseur qui répond tout de suite en demandant qu’il se fasse recevoir par son adjoint appelé ici SCEDASCE, qui est en réalité le chef de service en charge de la discipline intérieure. 13h, deux gardiens de prison vont extraire Bernadette et Egard Alain Mebe Ngoo pour les conduire donc vers le scedasce qui est un anglophone. Ce dernier les reçoit pendant 30 minutes pendant lesquelles il s’enquiert d’un certain, nombre de renseignements et prend congé d’eux aussitôt. Mebe Ngoo n’a pas imaginé même dans ses cauchemars les plus violents qu’il était autant détesté même par les prisonniers.
En effet, pendant qu’il traverse la grande cour de la prison aux environs de 13h30 minutes en compagnie de son epouse pour rejoindre leurs différents quartiers, les détenus se mettent à crier en chœur : « wouuuuu les voleurs !! » et deux d’entre ces détenus les plus excités viendront soulever la robe de Bernadette laissant entrevoir son entrecuisse. Alors qu’elle s’agrippe derrière son mari, les gardiens de prison viennent à leurs renfort et entrainent aussitôt les deux délinquants en cellule dans le sous sol de la prison sans avoir manqué de les enchainer sur ordres du régisseur ayant appris l’incident. Une gardienne femme prendra le soin de ramener Bernadette au quartier 5 tandis qu’un gardien conduira Mebe Ngo’o au quartier 14.
Il retrouvera à l’entrée de son local Don Basilio à qui il va se mettre à raconter ses déboires avant de regagner l’intérieur d’où il n’en ressortira plus jusqu’à 17h au moment ou nous bouclons ce INSIDE KONDENGUI. Rappelons que Mebe Ngoo est encore pour le moment interdit de visites. Il ne peut recevoir personne pour le moment et recoit sa nourriture par certains membres de sa famille au travers de l’administration pénitentiaire.
Ainsi s’achève notre Inside Kondengui de ce jour… Qui tue par l’épé meurt par l’épée.
BORIS BERTOLT
[spacer style="1"]