Pour la première fois, l’Union européenne n’a pas reçu d’invitation formelle à observer l’élection présidentielle du 7 octobre prochain au Cameroun.
Le gouvernement camerounais n’a pas invité la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE) pour la présidentielle du 7 octobre prochain. Ce n’est pas un fait banal, c’est la première fois que ça arrive au Cameroun depuis l’existence de l’institution basée à Bruxelles. Dans une note à laquelle Le Jour a eu accès, l’ambassadeur-chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun fait une synthèse de la situation : “Une mission d’observation électorale de l’Union européenne n’est pas prévue pour le Cameroun cette année. L’information claire et nette. En termes généraux, explique l’ambassadeur Hans Peter Schadek, les ressources sont limitées. Souvent, l’UE est obligée d’établir un planning des missions – à l’échelon mondial – bien en avance, afin d’établir des priorités par rapport aux interventions dans divers pays partenaires.
L’UE n’a pas reçu d’invitation à observer les élections au Cameroun cette année et pour le moment le Cameroun ne fait pas partie du planning pour 2018″, relève le diplomate. Et, prévient-il, une invitation servie à échéance trop brève, à quelques jours maintenant du scrutin serait de toutes les façons jugée tardive : “Étant donné la nécessité de disposer d’un certain délai de préparation pour une telle mission et, ayant à l’esprit les échéances assez brèves, il n’est pas sûr qu’une éventuelle invitation puisse encore être reçue favorablement, en tout cas, pas pour une véritable mission d’observation électorale complète, dans son format traditionnel.” L’élection présidentielle va selon toute vraisemblance se dérouler sans le regard des mandataires de Bruxelles.
Système électoral verrouillé
Reste une option ouverte en cas de demande de Yaoundé : “Si les autorités camerounaises en faisaient la demande, nous pourrions envisager d’envoyer une mission d’experts électoraux, au format et aux ambitions plus réduits et qui serait donc plus facile à organiser en un temps plus limité.” Une source diplomatique du Jour analyse que Bruxelles pense que le système électoral est verrouillé. Le portail de la diaspora camerounaise. Et que ça ne vaut pas la peine de gaspiller de l’argent sur ce genre de missions.“S’ils pouvaient faire une élection à guichet fermé ils le feraient. Tellement la nouvelle candidature de M. Biya, 85 ans dont 36 comme chef d’État est une curiosité mondiale. Mais, les Occidentaux sont dans une logique moins interventionniste : ils nous regardent, effarés. Comment un peuple arrive-t-il a accepter ça ?”
La perspective d’une élection présidentielle sans observateurs de l’Union européenne doit-elle pour autant faire redouter une atteinte à la transparence et la sincérité du scrutin ? Un observateur attentif de l’histoire des élections présidentielles depuis 1992 tempère les éventuelles conséquences de cette absence : “L’élection présidentielle au Cameroun depuis 26 ans a systématiquement fait l’objet de contestations de la part des partis de l’opposition malgré la présence des observateurs de l’Union européenne”, dit-il.
Cette absence d’observateurs de l’Union européenne inquiète des candidats de l’opposition prenant part à cette élection qui veulent y voir les prémices d’un scrutin non transparent. Mais dans l’entourage du candidat Cabral Libii on s’est fait une religion, avec ou sans mission d’observateurs européens, les Camerounais devront eux-mêmes décider du sort de ce scrutin.
Le Jour : Claude Tadjon