L’ancien ministre d’État de l’administration territoriale et de la décentralisation, reconnu prisonnier d’opinion par la communauté internationale, est venu nous rappeler dans une tribune parue hier, combien le Cameroun aura besoin du concours de tou-te-s ses filles et fils pour venir à bout de la secte terroriste Boko Haram.
En effet M. Marafa Hamidou Yaya est certainement un des rares hommes politiques de notre pays à connaître la réalité du terrain comme nul autre – du fait notamment de sa proximité culturelle et des liens qu’il a su tissés avec les différentes populations du septentrion pendant des décennies. Aura-t-il ainsi au tort de préconiser trop tôt cette nécessaire bonne entente qui prévaut désormais avec nos voisins du bassin du Lac Tchad (Nigeria, Tchad, Niger); et qui se consolide aujourd’hui par la mise en place d’une coalition sous-régionale contre les islamistes de Boko Haram? Assurément pas.
Notre ennemi (extérieur) commun était en effet connu de longue date. Les attentats récents de Fotokol, puis de Maroua, ont davantage agi comme un révélateur de nos lacunes, de nos incohérences, l’absurdité, voire la cruauté des incessantes dénégations et tentatives infructueuses de divisions des Camerounais. Plus de faux procès, plus d’arrestation arbitraire, plus de « terroristes » de l’intérieur à agiter; alors précisément que l’union nationale doit à jamais prévaloir contre le terrorisme.
Face à Boko Haram aucune expertise, aucune contribution, aucune voix ne doit nous manquer.
MARAFA HAMIDOU YAYA aura eu tort d’avoir raison trop tôt, et sa condamnation à 25 ans d’emprisonnement ferme pour une prétendue «complicité intellectuelle de détournement de denier » ne saurait plus occulter le véritable mobile politique derrière sa séquestration arbitraire au Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé. Chacun nous doit d’ailleurs s’interroger sur les motivations qui animent certains membres de l’Exécutif dans la recomposition plus que controversée de la Cour Suprême du Cameroun.
Il n’en reste pas moins que le deuil national que porte notre pays depuis les massacres de plusieurs centaines de nos compatriotes à FOTOKOL, puis à MAROUA, traduit aussi l’urgence de libérer nos consciences respectives de l’emprise d’une certaine culture du crime politique, en restituant leur liberté à l’ensemble de nos prisonniers politiques – dont MARAFA HAMIDOU YAYA – précisément au nom même de l’indispensable Concorde Nationale contre Boko Haram.
Pour MARAFA HAMIDOU YAYA, comme pour Me Lydienne YEN EYOUM, Jean-Marie ATANGANA MEBARA, Aboubakar SIDIKI, Me Abdoulaye HARISSOU, Célestin YANDAL, Polycarpe ABAH ABAH, Urbain OLANGUENA AWONO – chaque jour passé en prison est une éternité dans l’horreur.
Ne les abandonnons pas au seul bon vouloir de leurs bourreaux.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)