Selon le Colonel Didier Badjeck, Chef de la division de la Communication au Ministère de la Défense, c’est la pertinence des indices recueillis qui a permis d’inculper le mis en cause.
Dans une interview accordée à Mutations le 8 août 2016, le Colonel Didier Badjeck répond à l’opinion qui estime que le correspondant de Radio France Internationale est détenu de manière «arbitraire et abusive». Pour lui, «Ahmed Abba est un justiciable qui ne représente aucun levier politique, stratégique, au point d’en faire une focalisation d’influence. Il ne représente même pas un instrument de conditionnement d’un baroud d’honneur qui pourrait justifier un quelconque acharnement, sinon qu’il est selon l’application de la loi, inculpé».
L’officier supérieur de l’armée camerounaise rappelle qu’il est interpellé à l’Extrême-Nord par les services de sécurité pour une enquête sous la supervision du commissaire du Gouvernement qui donne toutes les autorisations pour les actes d’enquêtes. «Ce journaliste est en contact avec les membres de la secte Boko Haram qui rentre en réalité dans le plan de communication de Boko Haram, si c’est pour faire étalage du succès de certaines attaques dont certaines sont médiatisées après, et même avant le passage à l’action. C’est là où le bas blesse, parce que le Code pénal réprimande, en son article 106, toute personne qui entretient une intelligence avec l’ennemi qui dans ce cas ne peut pas s’apparenter à une source», explique-t-il.
Le Colonel Didier Badjeck a également fait savoir qu’Ahmed Abba sera mis à la disposition du service central de recherche judiciaire chargé des enquêtes antiterroristes. Son conseil est déjà avisé pour prendre immédiatement contact avec lui comme le prévoit la loi.
Ahmed Abba a été à nouveau jugé le 3 août 2016 par le tribunal militaire de Yaoundé pour «complicité d’actes de terrorisme» et «non-dénonciation d’actes de terrorisme». Les autorités lui reprochent de ne pas avoir partagé avec les autorités des informations qu’il a collectées sur certains membres du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui mène des attaques dans le nord du Cameroun. Le journaliste a plaidé «non coupable», mais risque la peine capitale au regard de la loi antiterroriste instaurée en 2014.
Par Aaron ONANA N. | Cameroon-Info.Net