Le président de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM) du Cameroun, Peter Mafany Musongue a résumé, mardi, les principales recommandations de la communauté anglophone en vue de la sortie de la crise qui, depuis octobre 2016 et sur fond de menaces sécessionnistes, secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Revenant d’une mission d’écoute, effectuée du 30 mai au 1er juin dans le chaudron du Nord-Ouest à Bamenda, il a égrené dans un communiqué dont APA a obtenu une copie un chapelet de griefs et doléances à l’endroit du gouvernement.
Selon le texte, la communauté anglophone souhaite notamment la création de conditions favorables au retour des réfugiés internes dans leurs localités respectives, l’ouverture d’un débat sur les problèmes relatifs à l’institution du fédéralisme, la recherche urgente de solutions aux problèmes de fond posés par les protestataires, l’initiation d’un dialogue franc, sincère et inclusif avec les Anglophones, y compris ceux de la diaspora en vue de solutions durables.
Les interlocuteurs de l’ex-Premier ministre ont demandé aux pouvoirs publics «de se pencher sur la gestion des enseignants, qui sont coincés entre leur hiérarchie et les groupes armés», d’accélérer la réalisation des infrastructures dans la zone, l’abrogation de la loi sur le terrorisme, l’amnistie générale en faveur des personnes emprisonnées ou en exil du fait de la crise, de ramener au pays ceux qui vivent en clandestinité, de même que les réfugiés se trouvant au Nigeria, de permettre l’instauration de la double nationalité.
Dans le même ordre d’idées, les sociétés et établissements publics doivent mener leurs activités dans les deux langues officielles que sont l’anglais et le français, en même qu’il faut «revoir la manière de présenter l’histoire du Cameroun» et ramener, dans son pays natal, la dépouille du premier président camerounais, Ahmadou Ahidjo, décédé le 30 novembre 1989 et enterré à Dakar (Sénégal).
Dans le compte rendu qu’il fait de ses échanges à Bamenda, Peter Mafany Musongue ne cache pas un réel malaise ainsi qu’une profonde frustration de ses interlocuteurs du fait, entre autres, du sentiment d’être mal aimés des francophones, de leur marginalisation dans la marche des affaires de l’État, de l’absence d’égalité des chances dans l’accès aux emplois publics, de l’absence d’infrastructure et d’industries dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Les anglophones se plaignent aussi du chômage des jeunes diplômés, de la corruption, du tribalisme et du népotisme, ou encore des exactions subies de la part de groupes armés non identifiés, ou encore de «l’arrogance dans la gestion de la crise» par le gouvernement.
Créée le 23 janvier 2017 par décret présidentiel, la CNPBM est un organe consultatif chargé d’œuvrer pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme dans l’optique de maintenir la paix, consolider l’unité du pays, renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre ensemble de ses populations.
APA-Yaoundé (Cameroun)