Parce que M. Nagy a explicitement demandé la libération de ce dernier et des membres de sa coalition présidentielle, avec lesquels il est incarcéré arbitrairement depuis le 28 janvier 2019 par le dictateur camerounais, sous le motif fallacieux (entre-autres) d’une « incitation à l’insurrection », après leur participation à la Marche Blanche interdite le 26 janvier sur tout le territoire camerounais.
Le régime de Yaoundé a visiblement opté de recevoir l’officiel américain dans une certaine « indifférence » voire une forme de mépris souverain, qu’il a su propager dans les rangs de ses partisans qui ne perdent pas l’occasion de vous rappeler que M. Tibor Peter Nagy n’est qu’un, je cite: « sous-sécrétaire d’État » américain qui n’aurait aucun ordre à donner à son « Excellence Le Président Fondateur Père de la Nation » Paul Biya, et ne devrait surtout pas s’ingérer dans les affaires (entendez judiciaires et politiques) camerounaises (le Cameroun étant un État voulu souverain).
Loin de moi l’envie de me perdre dans cette polémique imbécile qui procède d’une certaine ignorance du fonctionnement des institutions américaines , notamment des positions d’influence en matière diplomatique au sein des différents cabinets présidentiels (car M. Nagy est d’abord un membre éminent de l’administration Trump et séjournera au Cameroun à ce titre). Je voudrais simplement appeler M. Biya et ses partisans à une certaine retenue, notamment tous ceux qui parmi eux seraient tentés d’humilier ouvertement l’émissaire de Donald Trump.
Je fais pour cela appel à un souvenir d’enfance dans un des quartiers populaires de Yaoundé (Etoa Meki pour ne pas le citer) où j’ai grandi avec mon fidèle ami Olivier J. Tchouaffe.
En effet, dans une de nos sorties, nous avions aperçu le premier président camerounais Ahmadou Ahidjo (1958-1982) dans notre quartier alors qu’il offrait un tour de la ville à son invité de marque américain Andrew Young, compagnon de Martin Luther King dans la lutte en faveur des droits civiques et surtout premier noir américain à avoir occupé le poste ô combien stratégique d’ambassadeur américain aux Nations-unies sous la présidence de Jimmy Carter. Enfants grandissant dans un quartier populaire sous une dictature implacable et un culte de la personnalité, nous ne comprenions d’emblée pas pourquoi le « grand timonier » Ahmadou Ahidjo se donnait tant de mal à faire le tour de Yaoundé avec « juste un (pour nous) inconnu ambassadeur américain ».