DÉTENUS POLITIQUES AU CAMEROUN : MA RÉPONSE A JOSEPH MARIE ELOUNDOU
Monsieur Joseph Marie Eloundou,
Je suis tombé sur une publication sur votre mur Facebook dans laquelle vous m’avez identifié. Vous m’invitez à soutenir la soi-disant lutte contre la corruption lancée par Paul Biya tout en me demandant d’arrêter mon engagement en faveur des « voleurs » reconnus comme des détenus politiques par le Comité de libération des prisonniers politiques (CL2P) basée à Paris en France (que je représente au Cameroun). Vous êtes allé jusqu’à me mettre en garde en me disant « Faites attention car vous vous rendez complices ».
Vous dites être « à la fois amusé et étonné ». Ce sentiment me revient en réalité car après vous avoir lu, j’ai le sentiment d’avoir affaire aussi bien à un fieffé naïf qu’à un Camerounais d’une détestable mauvaise foi. Votre naïveté vient du fait que vous avez la ferme conviction que cette opération mains propres « Made in Paul Biya » vise véritablement à assainir les mœurs publiques. Le Camerounais lamdba vous rirait au nez.
La réticence de Paul Biya à mettre en application l’article 66 de la déclaration des biens ainsi que les 72 résolutions des états généraux de la protection de la fortune publique d’octobre 2012, sa main mise sur des institutions telles que la CONAC, l’ANIF, le CONSUPE (qui se veulent autonomes et indépendantes) devrait logiquement vous amener à questionner la sincérité de cette Opération Epervier. Mais vous y croyez dur comme fer au point d’en dire qu’elle « est bien, elle doit reprendre, elle doit continuer ». Tant mieux !
MONSIEUR ELOUNDOU, IL EXISTE BEL ET BIEN DES DETENUS POLITIQUES AU CAMEROUN
Votre mauvaise foi vient de la conception que vous faites du détenu politique. D’abord retenez qu’un détenu politique n’est pas forcément un leader d’opposition ou un membre d’une organisation opposée au pouvoir en place. Mickaïl Kordokovsky, homme d’affaire russe et oligarque du régime de Poutine était un prisonnier politique internationalement reconnu, il n’était militant d’aucun parti d’opposition en Russie. C’est vous dire qu’un détenu politique ne l’est pas forcément à cause de ses opinions mais parce qu’à un moment donné, il est politiquement encombrant pour le système politique gouvernant. Indépendamment de son obédience politique.
Monsieur Eloundou, dites-moi…
Dans un État de droit, seul un magistrat juge de l’opportunité des poursuites contre un individu. Or, dès lors que le politique (le président de la République) s’en mêle, qu’est ce que cela signifie pour vous ? Je tiens à vous rappelez qu’Issa Tchiroma, porte-parole du gouvernement, ne cesse de soutenir mordicus lors de ses conférences de presse que ces arrestations sont à mettre à l’actif de la volonté de Paul Biya (et non de la justice libre et indépendante) d’assainir les mœurs publiques. Allez-y comprendre quelque chose !
Oui, Marafa Hamidou Yaya n’est en rien gênant pour Paul Biya (lui qui a « contribué à imposer le régime Biya »). Mais comment expliquez-vous donc qu’alors que son nom ne figurait nulle part dans tous les rapports relatifs à l’enquête sur l’affaire Albatros, il apparait comme par hasard dans cette affaire juste après que les câbles diplomatiques américains de Wikileaks aient révélé une conversion entre deux ambassadeurs américains au Cameroun au cours de laquelle ils le présentaient comme un potentiel successeur de Paul Biya ?
Oui, Polycarpe Abah Abah, Jean Marie Atangana Mebara, Yves Michel Fotso, Urbain Olanguena Awono, Zacchaeus Forjindam ne gênent personne politiquement, ni Biya, ni Amadou Ali, ni Mebe Ngo’o, ni Foumane Akame. Comment expliquer que ce soit de nombreux bulletins de renseignements les présentant comme des membres du G11 qui aient été les éléments déclencheurs des poursuites judiciaires contre eux ? Qu’est ce qui explique ce rouleau compresseur contre eux s’ils ne sont une menace politique pour personne au sein du sérail camerounais ?
Bref pourquoi pour des personnes qui ne sont en rien un danger politique pour le détenteur du pouvoir suprême, tous les stratagèmes les plus ignobles sont utilisés pour les maintenir en taule malgré l’absence de preuves contre eux ?
OUI, MONSIEUR ELOUNDOU, PROUVEZ LE CONTRAIRE DE CE QU’ILS SONT DES DETENUS POLITIQUES
Vous en êtes d’ailleurs convaincu : « Ils ont détourné d’importantes sommes d’argent », soutenez-vous. D’abord, je suis étonné de cette tendance au Cameroun à user du raccourci de la déduction pour lire un phénomène, à partir d’un phénomène général pour qualifier des personnes précises. Au lieu de dire que tel a utilisé l’argent public à tel date pour faire tel chose à tel lieu avec des documents à l’appui, vous utilisez le pronom personnel « ils » qui est mis pour qui ?
MONSIEUR ELOUNDOU, DE QUELS MILLIARDS PARLEZ-VOUS ?
Ensuite, vous estimez que « des gens sans fortune initiale et dont on connait les salaires se retrouvent milliardaires ». De quels milliardaires parlez-vous ? de ceux dont Amadou Ali et son compère Dooh Collins vous ont miroité comme possédant des milliers de comptes garnis de milliards dans des banques occidentales à travers une fausse liste comportant de comptes bancaires inexistants avec des soldes grossis pour les besoins de la cause ?
De quels milliards parlez-vous ? Est-ce des 24 milliards virés des caisses de la SNH sans garantie par Michel Meva’a M’Eboutou pour l’achat de l’avion présidentiel sur ordres de Paul Biya pour lesquels Marafa a été condamné injustement à 20 ans de prison ? Est-ce des 14 milliards prétendument détournés par Urbain Olanguena dans le cadre de la lutte contre le Sida, le palu et la tuberculose alors que le Fonds mondial de lutte contre ces maladies (bailleur de ces 14 milliards) lui a reconnu la bonne gestion de ces fonds sur la base des rapports d’audits internationaux ?
MONSIEUR ELOUNDOU, UN PEU DE SERIEUX
Est-ce des 1,2 milliards de F CFA de détournements attribués par Amadou Ali à Forjindam vivement contestés par des inspecteurs du CONSUPE que vous parlez? Est-ce des milliards de détournements reprochés à Abah Abah pourtant reversé des comptes de la direction des Impôts pour le Trésor public et aux bénéficiaires des crédits TVA auxquelles vous faites allusion ? Est-ce des 12 milliards de F CFA qui ont valu 15 ans de prison à Iya Mohamed alors qu’il s’agit de la somme de dépenses régulièrement engagées par ce dernier et validées par le Conseil d’administration ?
Vous me dites « Ne nous “gâtez pas le travail” ». Est-ce donc cela votre travail, toutes ces accusations montées de toutes pièces qui sont au centre de ces parodies de procès contre ces « détenus politiques » dont je défends la cause ? De plus, quand vous dites « nous », s’agit-il de vous personnellement où alors de vous-même associé à ce lobby politique constitué des membres de la famille du chef de l’Etat (qu’Enoh Meyomesse appelle le G-Bulu) qui, par tous les moyens, veut confisquer le pouvoir en maintenant en prison ceux qui peuvent leur faire ombrage ?
Si c’est donc cela votre travail, sachez que soit vous êtes roulé dans la farine par ce lobby qui vous fait avaler toutes sorte de salades, soit vous êtes un instrument à leur service sans que vous en ayez conscience. J’ai également le sentiment que pendant que vous parlez de ceux qui « ont repris leur travail de plus belle » dans le gouvernement, moi je parles de ceux qui sont en prison et uniquement de ceux-là. Je ne parle pas non plus de ceux dont des centaines de millions ont été dérobés dans leurs domiciles (encore que cela reste à prouver !). Alors, ne nous égarons pas.
Je continuerai à gâter votre travail tant que vous ne questionnerez pas l’origine des fonds que dépense M. Biya lors de ses séjours d’un mois en Suisse dan l’un des hôtels les plus chers au monde, tant que vous n’interrogez pas la provenance des 20 millions de F CFA que sa fille Brenda Biya paye pour son loyer mensuel aux USA, tant que vous ne demanderez pas à Foumane Akame à qui appartient la société fictive ATT/B en faveur de laquelle il a fait virer 1 milliard de F CFA le 8 février 2005 des comptes de l’Etat à la SGBC alors que l’argent était destiné à une société sud-africaine ATT Ltd.
Posez-vous les vraies questions et je vous prendrez au sérieux.
Merci
Par Michel Biem Tong, journaliste et correspondant du CL2P au Cameroun, Hurinews.com
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VOICI LE POST EN QUESTION DE M. JOSEPH MARIE ELOUNDOU
Je suis à la fois amusé et étonné des affirmations et allégations des multiples comités de libération des proies de l’épervier. Nous avons en son temps – à l’exception de quelques-uns – dénoncé les comportements délictueux des gestionnaires de crédit. Ils ont détourné d’importantes sommes d’argent. Je me souviens d’ailleurs qu’ils nous narguaient. Michel Biem Tong arrêtez ce jeu.
Il faut plutôt encourager l’opération mains propres. A cause de vous, des gens qui n’ont jamais exprimé la moindre opinion politique; qui ont d’ailleurs contribué à imposer le régime Biya, à consolider son régime portent la noble toge de prisonnier politique. Vous êtes en pleine imposture. Certains de ces bandits sont d’ailleurs revenus dans le dernier gouvernement et sont d’ailleurs auréolés. Faites attention car vous vous rendez complices.
Lorsque l’on prend par exemple les véhicules d’Etat, le carburant, on met les gens en mission etc. pour des campagnes électorales d’une association politique vous appelez cela comment. Ne savez-vous pas qu’il y a une justice immanente? Arrêtez nous ça.
Ne nous “gâtez pas le travail”. Ces détourneurs ont repris leur travail de plus belle. Ils ont repris du service d’autant beaucoup préparent l’après-Biya.
Comment expliquez-vous que l’on trouve des centaines de millions dans les maisons des gens, des gens sans fortune initiale et dont on connait les salaires se retrouvent milliardaires et vous trouvez tout cela normal? Vous ne dites rien. Les gens pillent le pays au quotidien vous regardez ailleurs. L’opération épervier est bien, elle doit reprendre, elle doit continuer.
JOSEPH MARIE ELOUNDOU