Je suis surpris depuis 20 ans par la jubilation macabre qui règne au Cameroun chaque fois qu’un dignitaire du régime tyrannique rejoint à son tour les geôles infâmes de cette république bananière, dans lesquelles il aura parfois – comme Edgar Alain Mebe Ngo’o – activement précipité d’autres avant lui, sur “hautes instructions” du même dictateur Paul Biya.
Dès lors agiter sans leur accord les noms des prisonniers politiques tels que Titus Edzoa, Marafa Hamidou Yaya, Jean Marie Atangana Mebara, Yves Michel Fotso, et j’en passe… pour se réjouir de l’arrestation puis de la détention éventuelles de M. Mebe Ngo’o participe de la perpétuation d’une culture du crime dans l’inconscient général des camerounais, notamment chez les esprits voulus plus éclairés de la diaspora. Car sans le savoir, ces derniers participent à la pérennisation du système totalitaire et sanguinaire qu’ils disent combattre chaque jour sur Facebook, et qui a toujours su leur jeter un gros os à ronger chaque fois qu’il a été en difficulté depuis 37 ans. .
Cette jubilation macabre est ainsi à l’image d’un pays où le combat politique ne parvient pas à transcender les petites aigreurs et rancœurs personnelles, pour privilégier les valeurs humaines et les principes juridiques élémentaires.
Et nous en voyons les conséquences chaque jour dans l’escalade répressive engagée contre le principal opposant Maurice Kamto, séquestré depuis le 28 janvier avec tous les membres de sa coalition présidentielle, tous poursuivis devant un tribunal militaire pour une imaginaire “incitation à l’insurrection” après avoir participé à une “marche blanche” interdite.
Voilà !!!
JDE
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Les Camerounais et la jubilation des déboires rencontrées par les dignitaires en disgrâce du régime de Yaoundé
Sans que l’infortuné du moment, l’ancien tout puissant ministre de la défense Edgar Alain Mebe Ngo’o ne soit un parent, un ami, ou une connaissance, je m’étonne toujours de la satisfaction morbide que tirent nombre de Camerounais des humiliations et privations de liberté infligées par le tyran Paul Biya à ses “créatures”, notamment ceux de cette diaspora qui se veulent engagés et autonomes sur Facebook, mais pourtant entretenus par d’autres réseaux et pontes du même régime de Yaoundé (nous le savons parfaitement).
Car lorsqu’on a réellement connu dans sa chair ou de manière collatérale les affres de la détention arbitraire de ce régime, et qu’on s’est frayé un chemin dans le dédale des obstacles dressés avec l’aide de ceux-là mêmes qui se réjouissent des déboires judiciaires de M. Mebe Ngo’o aujoud’hui, on prône d’abord la prudence et le respect de la présomption d’innocence, avant de verser dans une quelconque jubilation morbide à l’encontre d’un homme auquel on pourrait effectivement reprocher bien de choses, notamment en lien avec le système crapuleux et sanguinaire qu’il a servi avec une dévotion sans pareille.
JEAN BRUNO TAGNE EST DE RETOUR:
Hier c’était Urbain, Jean-Marie, Ephraïm ; aujourd’hui c’est Alain Abraham et demain ce sera…
Ce qui arrive à Alain Abraham Mebe Ngo’o devrait inspirer ceux qui sont encore aux affaires et se gargarisent du soutien de je ne sais quelle coterie. Dans le système Biya, il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. La chute peut parfois être brutale et aussi inattendue que l’ascension elle-même.
Hier, Mebe Ngo’o fut à la manœuvre de l’interpellation-humiliation des Urbain Olanguena, Jean-Marie Atangana Mebara et bien d’autres. Obnubilé par le pouvoir et l’argent, il était bien loin de se douter qu’il sera lui-même un jour la proie du régime cannibale de Yaoundé, qui bouffe tous ses enfants. Il ne faut donc jamais se réjouir du malheur d’autrui.
Celui qui fait face en ce moment à la Justice camerounaise fut délégué général à la Sureté nationale, directeur du Cabinet civile de la présidence de la République, ministre de la Défense et ministre des Transports. Qui diantre oserait donc inquiéter un homme avec un tel Cv ?
C’est mal connaître le président Paul Biya que de se poser une telle question. Il connaît ses hommes. Ce sont pour la plupart des jouisseurs, des gens pour qui le pouvoir est simplement un certificat pour se livrer à toutes sortes d’orgies. Jamais, pendant qu’ils sont aux affaires, ils ne prennent le temps de se constituer un réseau solide sur des bases idéologiques capable de les défendre, au besoin de mourir pour eux. Non. Ils se constituent plutôt un réseau de gens légers et coquins, des profiteurs sans épaisseurs, des adeptes de l’insignifiance et du dérisoire. Quand vient la chute, ils se retournent et se retrouvent bien seuls, abandonnés à leur triste sort et à celui de leur famille.
Si Alain Abraham Mebe Ngo’o venait à être arrêté, il n’y aurait ni manifestation nulle part (même pas dans son propre village), aucun militaire ne tirerait un coup de feu (même pas le dernier des troufions), aucun journaliste jadis acquis à sa cause du temps de sa gloire ne le suivrait pour longtemps, aucun député ou camarade du parti ayant longtemps profité de ses largesses ne lèverait le moindre petit doigt, pas plus que ses partenaires d’affaires qui en profiteraient maintenant qu’il est à genou pour le gruger.
Le président Paul Biya connait ses hommes et les Camerounais. Il les sait sans grande conviction et leur fidélité très fragile. C’est pour cela qu’il met un soin particulier au châtiment « exemplaire » de tous ceux qui veulent sortir des rangs. Je citerai le cas du professeur Titus Edzoa… Chacun peut citer d’autres exemples… plus récents…
Par Jean-Bruno Tagne