Le débat autour de l’alternance politique au Cameroun, s’intensifie et gagne progressivement tous les secteurs d’activités. Depuis la présidentielle du 7 octobre 2018 à date, les acteurs de la musique camerounaise usent de plus en plus de leurs voix pour réclamer le départ de « l’homme lion ». Certains en chœur, et d’autre en soprano, la tessiture devient de plus en plus spacieuse.
Même si ces prises de positions des artistes sont généralement sources d’indignations de la part des partisans pro régime, il n’en demeure pas moins vrai que la courbe celles-ci tend vers la généralisation.
Valséro
Allié du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun lors de la dernière élection présidentielle, alliance qui lui a valu 9 mois de prison, le rappeur camerounais Valsero est parmi les premiers artistes camerounais à réclamer le départ de Paul Biya au terme du scrutin de 2018. Déjà, deux ans avec la tenue dudit scrutin, l’artiste avait commis une chanson dans laquelle il faisait le diagnostic de 33 ans de règne de Paul Biya
« Après 33 ans chaotiques tu te prépares aux élections qu’est-ce qui t’arrive arrête la Coke c’est quoi ton truc l’explosion. Regarde ces jeunes ils ne rêvent plus sinon de partir très loin. Regardent ces jeunes ils ne rêvent plus sinon de partir très loin. Regarde ces jeunes ils ne luttent plus (…) Tu veux garder le Cameroun pour toi nous on préfère aller bagarrer avec les requins (…) On préfère prendre la mer la mer et mourir parmi les poissons (…) Tu as fini par rendre plus faible une nation qui était plus forte avant. J’espère que tu es content, car pour moi tu resteras le dernier des présidents. Un jour viendra où tu payeras ta facture », s’offusquait-il.
Valséro ne s’est pas arrêté là. Il est régulièrement présent dans les réseaux sociaux à travers les vidéos et les textes où il fustige sans ambages, le système gouvernant.
Longuè Longuè
Autrefois au service du continent, le « Libérateur » après un tour aux côtés du MRC lors des élections présidentielle du 7 octobre 2018, s’est mis au service de son pays, dénonçant le long règne du « vieux dictateur ». Une position qui n’a pas été sans persécution. L’auteur de Ayo Africa s’est vu ridiculisé sur l’espace public, son passeport retiré. Après plusieurs mois de négociation avec des berceuses à l’endroit du couple présidentiel, le passeport lui sera remis par le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, Jean De Dieu Momo lors d’un meeting à Douala le 2 février 2020, soit un an plus tard.
Un an de représailles n’a pas suffi pour faire taire Longuè Longuè. Après avoir récupéré son document, l’artiste a commis une nouvelle chanson dans laquelle il fustige les attitudes de ceux qui ont confisqué le pays pour leurs intérêts égoïstes.
Richard Bona
Le chanteur et bassiste américain d’origine camerounaise est sans doute l’artiste le plus révolté de la chaine. Même si certains lui prêtent une proximité avec le leader du MRC, Richard Bona dans son élan se veut neutre. Après plusieurs charges sur le régime de 38 ans d’âge, il a finalement commis un morceau qui connait un succès inespéré dans le monde. Cette épigramme contre le régime de Yaoundé et ses partisans, dont il prophétise la chute imminente, est une véritable bombe au sein du régime Biya. L’artiste, comme la plupart de ses affidés, est convaincu d’un changement proche au Cameroun.
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Charlotte Dipanda
Elle est sans doute, l’une des voix les moins attendues dans ce terrain. La chanteuse camerounaise a fait parler d’elle après son page sur le plateau de l’émission Vous+Nous sur la chaine de télévision Voice Of America (VOA) le 22 mai 2020.
Interrogée sur la longévité de Paul Biya, au pouvoir, l’artiste camerounaise a formulé sans ambages qu’’il est tant de renouveler la classe politique : « Mas j’avoue que moi par exemple je n’ai connu que le président actuel. Qu’est-ce que ça me ferait du bien d’avoir une autre proposition, de se dire que c’est une autre époque qui est inéluctablement révolue aujourd’hui et qu’on a besoin de voir ce que ce pays peut apporter à cette jeunesse-là qui est différente parce que c’est une jeunesse qui est ouverte aussi à l’extérieur, qui voit ce qui se passe à l’extérieur, qui a le devoir, en tout cas l’espère aussi pour son pays. Moi je pense qu’il est temps qu’on nous propose autre chose. Il est temps que le Cameroun se développe. Parce que tant qu’il n’y a pas d’alternance, il n’y a pas véritablement de développement possible. Je pense que l’État actuel est arrivé à bout de ce qu’il pouvait proposer au Cameroun et que, humblement il gagnerait à céder la place à une nouvelle gouvernance. Sans rancune (Rires) », avait-elle revendiqué.
Blick Bassy
Le chanteur Camerounais, ex-membre du groupe Macase, fait désormais partie des artistes camerounais qui demandent ouvertement un changement à la tête du pays. Sur twitter il affirme : « S’inspirer du peuple Malien qui demande le départ d’IBK leur président et dégager tous ceux qui pensent que la république est leur propriété à eux et leurs proches: Cameroun, Congo , Côte d’Ivoire, Guinee Conakry, Togo… »
Le bassiste rajoute, « Où est Samuel Wazizi ???!!! Ils ont fait disparaître plusieurs compatriotes qui se battaient pour l’indépendance du Cameroun après la pseudo indépendance. Ils règnent et agissent comme des étrangers dans leur propre pays. Vous allez rendre des comptes, tôt ou tard !! #ouestWazizi ».