Procès du journaliste de RFI Ahmed Abba au Cameroun: verdict le 21 décembre
Ouverte peu avant midi, l’audience s’est achevée à la tombée de la nuit avec la fin des plaidoiries des avocats de la défense. Une durée interminable qui a permis au tribunal de vider le fond de l’affaire, d’entendre toutes les parties, y compris Ahmed Abba qui a été soumis au feu nourri de l’interrogatoire et du contre-interrogatoire.
Pendant cet exercice le correspondant de RFI est revenu sur les circonstances rocambolesques de son interpellation à Maroua le 30 juillet 2015, suivi des péripéties de sa détention dans divers services de police entre Maroua et Yaoundé. Il a notamment ému l’assistance par le récit des détails des tortures physiques et morales, et des pressions psychologiques dont il a dit avoir été l’objet dans le secret absolu pendant 90 jours.
Au moment des réquisitions le commissaire du gouvernement, appuyant son propos essentiellement de l’exploitation du procès-verbal d’enquêtes préliminaires, a demandé au tribunal de confirmer le premier jugement en instance, à savoir la condamnation à 10 ans de prison.
La plaidoirie vive de la défense a quant à elle tenu en haleine le tribunal pendant des heures. Les avocats déconstruisant point par point les arguments du ministère public. Pour eux, aucun élément produit lors des débats ne permet de constituer les infractions de non-dénonciation et de blanchiment de produit d’acte de terrorisme, accusations pour lesquelles Ahmed Abba est poursuivi. Délibéré à suivre, le 21 décembre prochain.
Réaction de maître Charles Tchoungang, avocat d’Ahmed Abba.
Source : RFI
[spacer style="1"]
Il n’y a que l’imagination fertile d’un tyran pour faire germer une telle incrimination – non-dénonciation et blanchiment du produit d’un acte terroriste – en détournant et instrumentalisant de la sorte la nécessaire et légitime lutte contre le terrorisme, dans le but non avoué d’exercer indirectement un ignoble chantage diplomatique sur sa puissance protectrice, La France.
Nous n’exigeons rien d’autre que la libération pure et simple du correspondant camerounais en langue haoussa de Radio France Internationale (RFI), Ahmed Abba.
Parce que nous ne pouvons nous résigner et nous taire devant la prise en otage d’un journaliste dans un processus de criminalisation assumée de sa profession par l’appareil judiciaire camerounais, avec une orchestration quasi parfaite (jusqu’ici) des séquestrations arbitraires à des fins politiciennes.
Monsieur Paul Biya, il est enfin temps d’y mettre définitivement un terme, pour l’honneur et la respectabilité internationale de l’État du Cameroun.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)